Ch. 20 : Le Harem

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Plusieurs minutes s'écoulent et je garde les yeux fermés pour ne pas assister à la scène qui se joue. J'entends les bruits de coups, le son des chocs mais je concentre mon attention sur sa respiration. Cet homme est doté d'un calme olympien, régulier et posé son souffle reste le même malgré ce qu'il endure. Lorsque nos bourreaux s'étaient introduits dans la pièce, Jungkook m'avait demandé de ne pas intervenir, c'est le seul moyen que j'avais trouvé pour lui obéir. Maintenir les yeux clos me permettait de conserver un semblant de self-contrôle. Derrière mes paupières closes, je perçois un nouveau pas, plus lent et moins lourd que celui des brutes qui interroge le capitaine. Un souffle chaud aux arômes mentholés glisse sur ma joue mais je reste terrée dans mon mutisme pour ne pas risquer de mettre en péril le plan de Jungkook. La présence de l'homme près de moi provoque un frisson désagréable et quand ses doigts dessinent le contour de mon visage mon estomac se retourne. J'ai envie de hurler, de mordre dans la chair de cette main désinvolte mais je campe sur l'idée que je risque de le mettre davantage en danger si je réplique.

- Ne la touche pas, entendis-je la voix calme mais menaçante du capitaine.

- Major ? interpelle un homme à la voix grasse. Il veut rien dire ...

- Et il ne dira rien, répond celui qui se trouve tout proche de moi. Ces soldats font partis de l'élite. Une partie d'entre eux est entraîné à la frontière nord et je crois que c'est le cas du capitaine, les autres sont des enfants pris au berceau comme je pense que c'est votre cas caporale ...

Je rouvre mes yeux qui se posent immédiatement sur une photo en noir et blanc que cette ordure agite devant mon nez. Elle se trouvait dans le portefeuille dérobé plus tôt dans la matinée. Elle est le souvenir le plus précieux que je possède et elle se trouve actuellement entre les mains de celui qui nous retient prisonniers. Les poignets toujours liés dans le dos, mes gestes sont limités. Je cherche désespérément un échappatoire mais rien ne me vient à l'esprit puis mon regard dévie sur lui. Son visage tuméfié, l'arcade en sang, la lèvre fendue, l'œil poché, son tee-shirt déchiré par les coups de cravache qui zèbrent son torse puissant, je sens monter en moi cette même rage qui me consume depuis la mort du général et sans réfléchir je cogne le nez du major pour le sécher mais l'homme, plus costaud que moi, se frotte le visage avant de me décocher une gifle monumentale. Le bruit résonne dans la pièce et mes oreilles sifflent, je perçois la voix inquiète de Jungkook mais déjà le major m'oblige à me redresser pour m'emmener en dehors de la cave. Sonnée, je suis ses grandes enjambée, abandonnant derrière moi le capitaine. Nous longeons le couloir emprunté un peu plus tôt, sa main sur mon bras broie mon muscle tendu, je recouvre mes esprits et tente de me libérer de son emprise.

- Où m'emmenez-vous ?

Il ne répond rien. Je parviens à lui donner un coup de pied sur l'arrière de la jambe qui le contraint à s'arrêter. Dans un mouvement vif et violent, il me plaque contre le mur, heurtant mon dos à la pierre tranchante. Son regard azur planté dans le mien, il me foudroie.

- Si je vous laisse ensemble ... je n'obtiendrai rien !

- Je ne vois pourtant pas l'intérêt de la manœuvre, tentais-je de lui tenir tête.

- J'ai comme le sentiment que vous êtes plus proches que vous voulez bien le laisser croire, réplique-t-il le regard suspicieux. Si je laisse le capitaine imaginer que je vous fait du mal ... il est possible qu'il cède.

- Vous vous méprenez ! Vous l'avez dit vous-même ... nous sommes des soldats d'élites. Nous sommes entraînés à ce genre de situation, ajoutais-je le regard tranchant.

- Je crois au contraire que Jeon tient trop à vous pour ne pas tenter quelque chose de totalement stupide ....

Agacée par le ton condescendant qu'il emploie, je lui crache au visage. Il essuie machinale d'un revers de manche sa joue avant d'agripper mon menton me forçant à river mes yeux aux siens.

Soldat JKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant