Soldat JK

Ch. 7 : Sortie terrain (dernière partie)

- Une bière ?

Je détourne mes yeux du paysage idyllique pour les porter sur le visiteur impromptu.

- Vous appelez-ça de la bière ? ironisais-je.

- C'est toujours mieux que rien ... répond le capitaine.

Je prends la bouteille tendue.

- J'ai pas appris à décapsuler avec les dents, le taquinais-je.

Il sort un briquet de sa poche et d'une main habile fait sauter l'opercule de la bouteille.

- Vous fumez capitaine ? m'étonnais-je.

- Ça m'arrive, répond-il avant de porter le goulot à ses lèvres.

- C'est drôle ... je ne l'aurais pas imaginé ...

- Peut-être parce que ça ne correspond pas à l'image de "pantouflard" que vous vous faites de moi ! se moque-t-il.

J'émets un rire nasal au souvenir de cette soirée à l'issue de laquelle Jungkook m'avait porté sur son dos pour me ramener à la caserne.

- Vous me ramènerez boire du soju chez Charly ?

Je le dévisage mais je ne parviens pas à décrypter son intention.

- Quoi ? demande-t-il soucieux devant mon silence.

- Votre fiancée est-elle d'accord avec l'idée que vous vous saouliez avec vos collègues ?

Il traverse dans son regard quelque chose d'étrange, une émotion à la fois intense et meurtrie.

- Elle se moque bien de ce que je fais durant mes heures passées à la caserne.

Je me sens tout à coup gênée d'avoir levé ce qui ressemble à un sentiment douloureux. Je tente de changer de sujet en abordant la soirée de demain organisée pour sa prise de fonction parmi nous.

- Ouais ... je ne suis pas très à l'aise avec les réceptions, m'avoue-t-il.

- Soyez sûr que la plupart d'entre nous profiterons de ce divertissement pour fuir l'autorité et ne revenir qu'au petit matin.

- Est-ce votre cas ?

- Croyez-vous que je sois assez stupide pour vous le dire ?

- Et à nouveau vous répondez à une question par une autre ... ajoute-t-il en sondant son regard au mien.

Je porte la bouteille à ma bouche pour dissiper mon trouble.

- Quoi qu'il en soit ! Je vous souhaite la bienvenue parmi nous capitaine ! levais-je ma bouteille en son honneur.

Nous buvons dans un silence monacal avant qu'il ne brise cet instant de quiétude.

- Au sujet du rapport que je rendrais au major ...

- J'assumerai l'entièreté de mes actes. Ne vous faite aucun soucis.

- Je minimiserai les faits, m'informe-t-il.

Je le toise pour tenter de comprendre ce qu'il vient de dire.

- Pour quelle raison feriez vous cela ?

- J'ai compris pourquoi vous vous en étiez pris à Joon. Il est aussi fautif que vous. Je ferez passer l'incident pour une simple querelle. Je crois que votre camarade ne s'y opposera pas.

- Je ne veux aucun traitement de faveur, répondis-je un brin agacée.

- Ça n'est pas mon but !

- Alors pourquoi ?