Soldat JK

Ch. 15 : Une vérité

Jungkook dépose avec précaution le jeune garçon sur le lit de notre hôpital de fortune. Alors que le médecin militaire s'approche de nous pour prendre la mesure de la situation, j'en profite pour m'éclipser. Je m'agenouille au chevet de Jia, elle dort et j'admire ses traits fins et délicats. Ses cheveux noirs étalés sur l'oreiller blanc contraste et forme une auréole détonante. Son teint est plus rosé que la veille, elle semble reprendre des couleurs ce qui m'indique une amélioration de son état. Je glisse mes doigts dans ses mèches mais ancré dans un sommeil profond elle ne réagit pas.

- Nous l'avons placé sous sédatifs, m'informe la voix angélique de Jimin dans mon dos.

Je me retourne pour le découvrir dans sa blouse d'infirmier.

- Elle va mieux ?

- Oui, m'assure-t-il. Le médicament fait son effet. Elle devrait rapidement se remettre sur pieds.

Je reporte mon attention sur elle, des larmes brouilles ma vue et menacent de s'échapper. J'inspire profondément pour tenter de les ravaler mais en vain. La première glisse le long de ma joue et le déferlement commence. Je ne parviens pas à les retenir, je cache mon visage dans les draps immaculés mais je ne trompe personne. Jimin s'approche de moi, ses mains se posent délicates sur mes épaules. Elles me massent pour attendrir mon humeur mais j'ai besoin de son réconfort. Je tombe dans ses bras qui se referment pour me consoler. Sa main caresse mes cheveux et son étreinte se ressert à mesure que mes pleurs s'intensifient. Je me perds dans un tumulte de sentiments. A la fois, trop heureuse de savoir mon amie sortie de ce mauvais pas et dévastée de ne pas comprendre les sentiments que Jungkook nourrit à mon égard. Je me sens désemparée et ce sont les bras protecteurs de Jimin qui me cajolent pour apaiser mon trouble. Mes larmes taries, je relève la tête pour le dévisager et lire toute la tendresse d'un ami sur son visage. Je caresse sa joue, émue par sa gentillesse je le remercie, tandis qu'il essuie de sa manche mes joues souillées.

- Tu devrais retourner sous ta tente te reposer, me suggère-t-il. On dirait que les dernières heures ont été éprouvantes.

J'acquiesce, un brin esseulée par ses mots. Comment a-t-il deviné que je me sentais acculée par mes sentiments ?

Je m'allonge sur le lit de camp pour tenter de trouver un repos réparateur. Mes yeux se ferment sur l'image de cet homme qui me hante et me trouble. Son visage aux traits parfaitement dessinés, sa fossette qui se creuse quand il sourit, ses yeux sombres qui pétillent d'une lueur hypnotisante, ses mains veineuses qui caressent et cajolent, sa bouche gourmande aux pulpes roses si appétissantes, son corps taillé dans un granit d'un temps révolu, il émane de cet être une aura sécurisante et si virile que des papillons grouillent dans mon ventre quand je pense à lui. Recroquevillée sur ma couche, je ne trouve pas le repos souhaité, il tourne en boucle dans mon esprit. Hier soir, j'avais immédiatement compris qu'il souhaitait garder ses distances avec moi et ce matin il m'avouait le contraire. Je ne sais comment appréhender le sujet avec lui. Je comprends qu'il ne veuille pas précipiter les choses mais que craint-il ? Son ex-fiancée est-elle a ce point en mesure de l'atteindre ? Alors que je réfléchis à la meilleure manière d'appréhender la suite de notre interlude, Morphée s'empare de moi et m'invite dans les méandres de la rêverie où je rejoins celui qui obnubile mon esprit.

- T/P ! me sort une voix de mon sommeil de plomb.

J'émerge difficilement de cette sieste durant laquelle je n'ai fait que rêver de Jungkook et de son corps d'Apollon. Confuse, je regarde autour de moi pour découvrir le visage rougit d'une camarade. Elle me presse de me lever. Je la suis, toujours un peu l'esprit embué. Elle m'explique que Jin essaie désespérément de les séparer mais que leur duel amuse la galerie. Les autres soldats attendent avec impatience la délibération en encourageant les deux lutteurs. Nous pénétrons sous la tente où se trouve le ring de boxe et j'y entrevois un combat acharné entre Joon et le capitaine Jeon. Jin s'époumone dans un angle pour les supplier de stopper mais les deux hommes n'entendent rien. Trop concentrés sur le match qu'ils jouent, ils restent focalisés et ne démordent pas.