Soldat JK

Ch. 28 : Soirée sous tension

J'enfile la robe noire déposée à l'endroit que m'avait indiqué Taehyung. Je me contorsionne dans le tissu satiné, j'ajuste les bretelles ainsi que le décolleté, un peu trop plongeant à mon goût, je me chausse de la paire d'escarpins de la même couleur et me dirige en direction du miroir pour découvrir l'absurdité de ma tenue. J'avais trouvé ma poitrine trop exposée ... mon dos est carrément nu. Jia n'est décidément pas celle en qui je dois avoir confiance pour dénicher mes tenues. Je garde en mémoire le souvenir de cette robe rouge que j'avais porté le jour du carnaval à Cuba et maintenant celle-ci ... Comment espère-t-elle que je me sente à l'aise ?

- Jia ! hurlais-je en sortant du vestiaire. Où penses-tu que je puisse cacher une arme avec aussi peu de tissu ? scandais-je en entrant dans l'espace où tout le monde est réuni.

Les yeux braqués sur moi, je m'immobilisent. Mais les miens ne se portent que sur lui, dans son smoking ajusté à ses larges épaules et sa taille fine, Jungkook est superbe. Nos regards rivés, le temps semble s'être arrêté, nous abandonnant seuls dans un univers qui nous appartient. Mon pouls s'accélère dans mes veines et une chaleur se diffuse jusqu'à mes joues laissant apparaître le trouble qui m'assaille. Mais la voix haut perchée de mon amie m'exhorte de ma contemplation pour me ramener à cette réalité.

- Merde T/P ! T'es canon dans cette robe ! s'exclame-t-elle trop heureuse de son achat.

- Jia ? Où est-ce que je cache mon arme ? répondis-je la fusillant d'un regard noir.

Je la dévisage en attendant sa réponse qu'elle tarde à me donner. Ses doigts s'emmêlent dans les mèches de ses cheveux qu'elle triture et entortille frénétiquement. Elle se mord la lèvre et m'offre un regard désemparé.

- Je n'avais pas pensé à ça, s'excuse-t-elle gênée de son manque de réflexion.

J'abaisse mes épaules mais Taehyung intervient.

- Suis-moi, m'ordonne-t-il en prenant la direction de son bureau.

J'obéis et referme la porte derrière moi. Il déverrouille le coffre-fort caché derrière l'affiche encadrée de ce film dans lequel Al Pacino donne la réplique à Marlon Brandon. Il en sort un écrin en velours vert émeraude. Je ne quitte pas des yeux ses longues mains qui s'appliquent à ouvrir la boite pour en extraire son contenu. Il s'approche de moi pour accrocher à mon cou un bijou, un collier sur lequel est glissé un pendentif à la forme d'une longue épingle. Ses doigts s'attardent sur ma peau et leur contact me provoque un sentiment étrange. Son geste m'émeut parce qu'il est doux et chargé de bienveillance mais la sensation qu'il me procure n'a plus rien à voir avec ce que nous avons jadis partagé.

- Jia a raison ... cette robe te va à ravir.

Je baisse les yeux, intimidée par son compliment.

- Ce collier, poursuit-il, est une arme. Il renferme une lame assez tranchante pour déchiqueté une carotide et suffisamment longue pour transpercer un cœur.

- Je te remercie ...

- Il est le père de Seung ... n'est-ce pas ?

J'acquiesce et avant que je ne m'apprête à me dérober à son regard pénétrant, il m'enlace et comme une vieille habitude je réponds à son étreinte en enroulant mes bras à sa taille. La tête reposée contre sa poitrine, j'entends les battements rapides de son cœur.

- Sois prudente ... je t'en conjure, souffle-t-il à mon oreille quand la porte s'ouvre sur Jungkook qui nous interrompt.

Une étreinte douloureuse qui signifie que Taehyung me rend définitivement ma liberté de femme. C'était donc ça qui le tourmentait, il avait appris pour JK et moi et en avait déduit la suite logique. Il se retirait pour ne pas faire obstacle à son ami mais ce qu'il ne sait pas encore c'est que je ne suis toujours pas décidée à révéler sa paternité à Jungkook ...