Soldat JK

Ch. 45 : Décision

"- Si vous saviez combien de fois j'ai rejoué cette scène où mes doigts ont violé votre intimité ..."

Je me fige ... horrifiée par ses mots. Sa main remonte sur l'intérieur de ma cuisse, son poids m'écrase contre le matelas. Je suffoque mais je ne réussis pas à le repousser, je ne parviens pas à me dégager et la peur me tenaille. Mon ventre se tord sous l'appréhension, pas besoin d'être un génie pour deviner ses intentions et savoir qu'avec sa corpulence il ne lui faudra qu'une minute pour me dévêtir et s'approprier mon corps. Je pourrais simuler une crise de démence ou mieux ... un infarctus, peut-être me laisserait-il tranquille s'il apprenait que je couvais une maladie vénérienne ? Tout un tas de suppositions, plus démentes les unes que les autres traverse mon esprit dans l'espoir d'y trouver un échappatoire. Il faut que je gagne du temps mais déjà sa main tire sur le tissu de mon pull pour tenter de se frayer un chemin.

- Attendez, le suppliais-je.

- Je rêve de vous posséder depuis trop longtemps pour faire durer mon plaisir, glisse-t-il à mon oreille.

- Je vous en prie, tentais-je de protester les yeux larmoyants.

J'hallucine ... son corps plaqué au mien, son érection naissante contre ma cuisse, ce psychopathe continue de me vouvoyer ? Je réalise qu'il est en réalité vulnérable aux charmes de la femme, comme l'avait suggéré Ramos quelques années auparavant. Ce type, aussi tordu soit-il, ne souhaite qu'aimer et se faire aimer en retour. Je prends alors l'option des larmoiements et de la docilité. Je ne le repousse plus mais mes mains contre son torse s'agrippent au coton de sa chemise et je laisse jaillir le torrent de larmes qui dévale sur mes joues. Parie réussi ! Son corps pesant sur moi me quitte.

- T/P ... me rassure-t-il. Je vous en conjure ... ne pleurez pas, dit-il en glissant les genoux à terre.

Je ne bouge pas, tétanisée par son changement brutal de comportement, dérangé est un euphémisme, comment peut-il passé d'un état de vulgaire criminel à celui d'ami aimant ? Une fraction de seconde a suffit à faire resurgir le peu d'humanité qui réside dans ce corps de colosse. Je frissonne à l'idée qu'il puisse à nouveau s'en prendre à moi mais son regard azur s'est adoucit. Ses mains toujours sur moi, il ne demande qu'à se faire pardonner sa conduite et me supplie de calmer mes pleurs quand le bruit assourdissant d'une détonation interrompt notre interlude. Il se redresse pour regarder par le hublot et jure entre ses dents serrées. Il me saisit par le bras pour m'obliger à le suivre, il m'entraîne à la hâte dans les couloirs mal éclairés du paquebot. Je suis malgré moi ses grands enjambées mais je trébuche l'obligeant à m'aider à me redresser il se retourne et ne voit pas arriver derrière lui deux soldats que je reconnais. Le regard sombre de Jungkook ne reflète que la haine et la colère qui l'anime et sans prévenir, abat sur mon bourreau un coup de cross qui le met KO. Je me dégage de son emprise avant de le regarder s'effondrer sur le sol. Encore étourdie par ma chute, Jungkook me tend sa main pour me relever. En moins de temps qu'il n'en faut pour dire OUF, je suis dans ses bras à l'abri de toute cette merde qui nous entoure. Dans son dos, la voix de Taehyung me sort de ma torpeur pour me demander si on peut se presser de ressortir.

- Combien êtes-vous ? m'inquiétais-je.

- Deux ... répondent-il d'une même voix.

- Vous êtes venus seuls ? Mais comment avez-vous pu prendre un tel risque ? m'énervais-je après eux.

- Jimin surveille Seung avec mon père. Namjoon et Jia s'assurent que les hommes au hangar ne bougent pas. Il n'y avait que nous qui puissions intervenir rapidement.

- Les autorités ne vont plus tarder, nous informe Tae. Nous ne pouvons rester là plus longtemps ...

- J'ai une dernière chose à faire, les avertis-je avant de rebrousser chemin en direction du colosse toujours à terre.