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Mars 1718

Jamaïque


John n'eut besoin que de quelques minutes pour atteindre l'objet de sa convoitise. Heureux, il poussa une petite exclamation avant de se reprendre pour ne pas réveiller le voisinage. Son quartier était l'un des seuls où le silence régnait encore en maître. Après tout, ici, il n'y avait que de petits commerces ainsi que des résidences, rien de plus. Les bars, les bordels et toutes les autres infrastructures populaires se situaient à l'opposé.

Ne perdant pas davantage de temps, il se mit à la tâche tout en pensant à ses prochaines œuvres. Le jeune homme était ainsi, la tête constamment dans les nuages, peu importe la situation. Le noiraud avait beau apprécier le contact humain, il chérissait ses petits moments de solitude. Les yeux rivés vers l'immensité bleutée et le sourire aux lèvres, rester ainsi plusieurs heures ne le dérangeait pas le moins du monde.

Concentré sur ses actions, sa tête se releva soudainement en entendant un son distinct. Pensant tout d'abord qu'il s'agissait du gémissement du vent marin, il reprit son activité. Cependant, ce bruit atteint une nouvelle fois ses oreilles. « Si ce n'est pas le vent, qu'est-ce donc ? » pensait-il tout en fronçant les sourcils.

Il se vêtit de sa chemise humide et s'éloigna du puits à la recherche de la source de cette sonorité. Ce fut en passant devant une petite ruelle qu'il la trouva. Distinguant une silhouette à travers l'obscurité, un soupir passa la barrière de ses lèvres. « Encore un alcoolique trop plein pour trouver le chemin de chez lui », conclut-il. Craignant qu'il ne périsse d'une hypothermie, il s'engouffra dans l'intersection. Cependant, le noiraud se stoppa quand il découvrit l'identité de ce qu'il pensait être un ivrogne.

Malgré la saleté présente, il n'eut aucun mal à reconnaître cette chevelure d'un blond chatoyant. Ses vêtements froissés et même déchirés par endroits ne laissaient aucun doute sur ce qu'il avait vécu dernièrement. « Cela doit être l'œuvre de voleurs », pensa-t-il en observant les égratignures parsemant son visage.

Ce genre de situation n'était pas rare, voire même habituel. Ce jeune homme avait commis une belle erreur en débarquant avec une telle apparence. Il était évident qu'il attirait tous les regards, que cela soit ceux de la gent féminine que ceux des brigands.

Posant un genou au sol, il approcha sa main de son épaule pour le secouer doucement.

– Hé, tu m'entends ?

Seul un gémissement plaintif se fit entendre, confirma les inquiétudes de John. Maudissant sa propre faiblesse face à la détresse d'autrui, le jeune homme passa son bras dans le dos de la silhouette pour le maintenir contre lui. Puis il passa celui de ce dernier autour de ses épaules. Usant de la force de ses jambes, le noiraud parvint à se relever malgré sa nouvelle charge.

– James va être d'une humeur massacrante demain...

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Le soleil émergea lentement de son précédent sommeil, réchauffant de ses doux rayons les logis encore endormit. Les hommes présents sur les quais poussèrent des soupirs de contentement en sentant la chaleur réchauffer leur peau mordue par le froid. La délicate odeur du pain grillé atteignait les narines des enfants qui se précipitèrent dans les bras de leur mère pour déguster avec enthousiasme leur petit déjeuner.

Cette matinée prit un bon départ, annonçant une bonne journée à ses habitants. Qu'importe les imprévus qu'elle pouvait leur réserver, rien ne pourra atténuer leur bonne humeur.

Nous n'étions pas destinésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant