XXI

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Août 1940

France


Ce fut avec une facilité déconcertante que Robin se prit d'affection pour la charmante Lily. Semblable à un rayon de soleil, elle réchauffait avec douceur sa poitrine douloureuse. Son sourire le faisait indéniablement rougir chaque fois qu'il lui fut permis de l'apercevoir. Un fait aussi étrange que perturbant. Était-ce normal de s'adonner à de telles réactions en présence d'une inconnue ? Bien sûr que non, cela était même d'une immoralité flagrante. Mais cela faisait bien longtemps que le châtain avait abandonné tout respect envers les bonnes mœurs. Alors il se laissa porter par ce coup du Destin, profitant allègrement de cette agréable rencontre qu'il lui avait octroyée.

La magie de cet instant fut brisée par la soudaine arrivée du majordome. S'excusant pour cette interruption, il vint prévenir sa maîtresse de la présence d'une invitée. Lily fut en premier lieu sceptique, n'ayant point prévu de visite. Seulement, l'évidence lui sauta bien rapidement aux yeux. Sans tergiverser davantage, elle demanda à l'homme de faire monter l'invitée dans son salon.

– Mon cher Robin, vous avez de la chance. Il semble que mon amie vient d'arriver.

******* *******

Quand la jeune femme fit son entrée dans la pièce, elle sentit immédiatement un regard s'apposer avec curiosité sur sa personne. Tentant en vain de passer outre, la blonde adressa un sourire à la jeune noble. Expression qu'elle lui rendit avec joie.

– Comment vas-tu, Lily ?

— Très bien, merci, et toi ?

– Désolé d'écourter votre discussion, mais j'aimerais obtenir des réponses à mes questions. Déclara Robin, s'attirant ainsi l'attention des deux jeunes femmes.

– Bien sûr. Que veux-tu savoir ? Rétorqua Alice en prenant place dans l'un des nombreux fauteuils.

– Lily m'a appris que nous étions des connaissances. Je m'en excuse, mais je n'ai aucun souvenir de vous.

À l'entente de cette phrase, la blonde sentit une pointe d'amertume emplir sa poitrine. Seulement, elle l'ignora prestement. Le châtain ne pouvait point saisir l'impact de ces mots sur sa personne. Après tout, cela n'était que la vérité. Pour lui, elle n'était qu'une inconnue...

– C'était il y a bien longtemps, je ne suis donc point surprise par cela. J'étais une collègue de Rose, j'ai donc eu l'occasion de te côtoyer quelques fois. L'évocation de ce prénom fit tressauter le jeune homme, comme s'il s'agissait là d'un nom maudit.

– Pourquoi m'avez-vous aidé ?

– Je n'allais tout de même pas te laisser ainsi ! Et puis... Commença-t-elle avec hésitation. Mentir au brun était bien plus ardu qu'elle ne l'avait pensé. Je me devais d'honorer une promesse qui me liait avec Rose.

– Quelle était-elle donc ?

– De veiller sur vous. L'emploi de ce pronom fit tilter immédiatement Arthur. Pierre et toi.

– Dommage pour vous, nous ne sommes plus amis. Déclara-t-il dans un ricanement emplit d'aigreur.

– J'ai appris par diverses connaissances ce qu'il s'était produit. C'est pour cela que je veux que tu entres en contact avec lui. Relevant prestement la tête, il plongea son regard dans celui de la jeune femme. Seulement, il n'y vit aucune trace de mensonge.

– Pardon ?

– La raison pour laquelle il n'a jamais répondu à tes lettres est que ces dernières sont contrôlées à la frontière. Cela n'est pas de sa volonté. Si je suis là, c'est pour t'aider à le retrouver, à le revoir !

– Mais...

— Il y a un train qui part dans une heure, prends le nécessaire et rends-toi là-bas. Une connaissance t'aidera à passer la frontière discrètement.

En me remémorant cet instant, je me dis souvent que cette décision fut l'une des meilleures que j'eus faites. Pendant longtemps, je m'étais formellement interdit d'interférer dans leurs vies. À leurs yeux, j'étais une disparue. Seulement, quand je me suis aperçu de la souffrance qui les enveloppait avec ardeur, j'ai douté. Peut-être avais-je le pouvoir de changer les choses ? Ce qui fut le cas et aujourd'hui encore, je me félicite pour cela.



Nous n'étions pas destinésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant