Octobre 1940
France
Couvée par le délicat regard de l'astre lumineux, Alice arpenta avec légèreté ces rues désormais familières. Se laissant porter par le vent, elle flâna d'étals à étals, à la recherche d'on ne sait quoi. Parfois, ses pupilles s'accrochèrent à une pomme bien mûre ou alors à un livre à la reliure attrayante. Aujourd'hui, la jeune femme ne voulait pas s'adonner à des questionnements épuisants. Ne prêtant attention qu'à ses envies, elle abandonna toutes pensées parasites. Chantonnant un air familier, la blonde poursuivit sa petite escapade.
Attirée du coin de l'œil par un subtil éclat, Alice cessa son avancée. S'approchant du stand ayant attisé son attention, elle fut agréablement surprise de découvrir un assortiment de broches. Les métaux avaient beau l'air ordinaire, le travail nécessaire pour la réalisation de ces petites merveilles fut indéniablement ardu. Un seul regard avait suffi à la jeune femme pour succomber à leur charme. Une réaction qui ne passa point inaperçue au propriétaire. Ce dernier s'empressa donc de l'interpeller.
– Vous avez l'œil, jeune fille ! Ces ornements sont uniques ! Vous n'en trouverez pas de meilleure qualité ailleurs ! Déclara-t-il avec un enthousiasme bien trop prononcé.
— Combien vendez-vous cela ? À l'entente de sa réponse, la blonde perdit des couleurs. Cela était bien trop cher... Cependant, elle désirait réellement acheter l'une d'entre elles. Pas pour sa personne, loin de là, mais pour Adrien. Ainsi, elle lui faisait la promesse de répondre à ses avances un jour...
Alors qu'elle s'apprêtait à contrecœur à accepter, une voix l'en dissuada. Face à celle-ci, le vendeur blêmit. Curieuse, la jeune femme fit volteface et croisa un regard vert étrangement réconfortant. Leur propriétaire fut un jeune homme avoisinant la vingtaine et dont la dureté du visage la fit intérieurement sursauter. Il n'était pas repoussant ni effrayant, seulement dénoué de toutes émotions. L'uniforme policier qu'il revêtait suffit à Alice pour se crisper instinctivement.
— Q-Que dites-vous ? Bafouilla le vendeur d'une voix fluette.
– Votre demande est bien trop onéreuse pour votre marchandise. Répondit-il simplement. Au vu de la panique enveloppant le marchand, la blonde sut que cet inconnu avait raison.
– Merci pour votre aide. Il abaissa son regard vers sa personne et se contenta d'acquiescer en silence. Reprenant son chemin, il disparut dans la foule aussi prestement que son arrivée.
Alice fut emplie d'un drôle de sentiment à la suite de cette rencontre. Voilà un jeune homme bien étrange... Malgré son affectation dans la police, la jeune femme ne trouva point la force de le haïr. Il laissait indéniablement transparaître une impression de sévérité. Pourtant, ses pupilles vert printemps, elles, semblaient débordées d'une tendresse enfouie.
Elle voulut reprendre sa balade quand elle aperçut un objet à même le sol. S'abaissant, elle le prit en main avant de comprendre ce dont il s'agissait. Une montre à gousset. D'une simplicité visible, mais pourtant d'une rare beauté. Cet objet lui rappela instinctivement sa précédente rencontre...
Lorsque cette pensée fila dans son esprit, elle comprit. Il était sans aucun doute le propriétaire de cette dernière. Relevant la tête, elle voulut l'interpeller. Mais à son plus grand dam, il n'y avait plus la moindre trace de sa présence. Tel un fantôme, il avait disparu sans bruit...
********** *********
Alice avait poursuivi son chemin, espérant vainement retrouver ce jeune homme. Pourtant, jamais elle ne parvint à croiser de nouveau son regard. Une constatation qui la faisait grandement soupirer. Elle n'appréciait guère être redevable à un tiers. Une fois cet objet rendu à son propriétaire, elle pouvait s'assurer de ne plus jamais croiser sa route.
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Nous n'étions pas destinés
RomanceLe Destin, Voici un de ses nombreux mots dont le sens nous échappe aisément. Doit-on le rendre coupable de nos peines ? Ou protecteur de nos plaisirs ? Il est ardu de répondre n'est-ce pas ? Dans ce cas, laissez moi vous conter une histoire. L'histo...