XVIII

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Juillet 1940

France


Parcourant les allées d'une démarche lasse, la jeune femme affichait un air profondément absent. Evitant de justesse les passants, elle récolta de nombreux jurons. Toutefois, jamais ils n'atteignirent ses oreilles. Tel un spectre, la blonde n'accorda aucune importance à ce qui l'entoura. Seulement, un tressautement traversa son corps en sentant qu'une main s'apposait sur son épaule avec vitalité. Faisant volteface, elle découvrit une silhouette familière. Cette dernière lui sourit avec énergie, comme à son habitude. Seulement, la noiraude ne trouve pas la force de répondre à son engouement. Face à cette réaction, l'homme fronça les sourcils.

— Eh bien, mon amie, que vous est-il donc arrivé ? Je n'ai jamais vu une telle expression décorée votre visage... Déclara Georges, sincèrement préoccupé par ce comportement. Voudriez-vous m'en faire part ? Je saurais être une oreille attentive.

Ne pouvant repousser cette gentillesse, la jeune femme acquiesça. Ainsi, ils se retrouvèrent dans ce vieux bâtiment. La blonde se fit la réflexion qu'il semblait encore plus délabré qu'auparavant. Prenant place sur l'un des vétustes bancs, elle attendit que l'homme s'installe. Allumant une cigarette, il lui en proposa une. Seulement, Alice refusa.

– Alors, de quoi s'agit-il ? Plongée dans l'incompréhension, elle lui adressa une œillade confuse. Qu'est-ce qui te préoccupe à ce point ?

– L'amour, qu'est-ce que c'est ?

Sa question lui parut si incongrue que l'homme marqua un temps d'arrêt. Inhalant une grande quantité de tabac, il laissa échapper un épais nuage avant de fixer le plafond. Observant les vieilles planches de ce bâtiment, un doux sourire vint orner ses lèvres.

– L'amour ? En voilà un thème qui requiert une grande réflexion. Malheureusement, il n'existe pas de réponse véritable à ce sujet. Chacun le perçoit à sa façon. C'est un sentiment d'une grande beauté, mais dont l'existence reflète affreusement bien les Hommes.

– Pourquoi donc ?

– Nous sommes aussi bons que mauvais. Nous sommes simples, mais aussi inutilement complexes. C'est étrangement similaire à l'amour, tu ne trouves pas ?

– C'est vrai... Mais comment savoir s'il vaut la peine d'être vécu ? S'il ne nous causera pas de souffrance ? Adoptant un air subitement bien sérieux, l'homme se redressa pour reprendre contenance.

– Alice. Il n'y a pas de plus grande contradiction que de vouloir aimer sans douleur. L'amour revêt d'innombrables aspects. Il peut être léger comme profond. Éphémère comme éternel. Bonheur comme malheur.

– Je dois donc partir du principe qu'il sera une source de souffrance ? Quoi que je fasse ? La peine emplissant sa voix le fit tressaillir. Apposant avec douceur sa main sur sa chevelure, il la tapota avec douceur.

– Pourquoi ne voir que le côté sombre de la chose ? Pourquoi ne pas se focaliser sur le positif ?

– Parce que la déception n'en sera que plus grande...

– Si je suis ta logique, alors, pourquoi devrais-je vivre si je vais irrévocablement mourir ? Désignant son bâton de nicotine, il poursuivit. Pourquoi devrais-je fumer alors que cela impacte ma santé ?

Nous n'étions pas destinésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant