Novembre 1940
France
Enveloppé dans un profond silence, seul le clapotis de la pluie fut discernable. Rencontrant avec violence les taules du toit, cela donna lieu à une mélodie insupportable. Épiant la flamme s'échappant de leur feu de fortune, la jeune femme demeura immobile. Admirant la flammèche dansée avec fougue, elle grava dans sa rétine son aura orangé. Relevant le regard, Alice croisa inéluctablement celui de son camarade. Un éclat y brillait avec ardeur, semblant hurler sa présence à la blonde. Ne pouvant se dérober davantage, elle laissa filer un long soupir amer.
– Il y a longtemps, j'ai rencontré un jeune homme. Déclara-t-elle avec peine. Percevant ses pupilles chocolat s'apposer sur sa personne, elle poursuivit son récit. Il a été mon premier amour. Le brun tressauta, surpris par une telle affirmation. Cela est ardu à décrire, mais c'est celui qui m'a permis de me découvrir, de grandir et d'être celle que je suis aujourd'hui. Malheureusement, nous avons été séparés. Ajouta-t-elle avec difficulté. Vivre sans sa présence fut une épreuve laborieuse. J'ai tenté de l'oublier avec un autre, en vain. Cela ne m'a apporté que davantage de chagrin. Seulement, voilà désormais que le revoit de nouveau. Mais il n'est plus l'homme que j'ai connu. Rétorqua-t-elle avec une froideur surprenante.
– C'est cet agent ? La blonde acquiesça en silence. Je vois... Mais il y a autre chose, n'est-ce pas ? Pourquoi m'a-t-il appelé Louis ?
Serrant les poings, elle baissa la tête, fixant honteusement le sol. Triturant ce dernier de ses souliers, la blonde ne sut comment aborder cela. Une vile angoisse s'infiltra sous sa peau, lui causant une profonde appréhension. Mordillant nerveusement ses lèvres, la jeune femme s'enferma dans une bulle, morte de peur.
Comment allait-il réagir ? Lui rira-t-il au nez ? Est-ce qu'il la prendra pour une folle ? Va-t-il la détester ? L'abandonner ?
– Alice. S'extirpant de ses pensées, cela fut loin d'être aisé de tempérer ces questionnements incessants. Calme-toi.
– Tu ne me croiras pas. Répliqua-t-elle au tac au tac, certaine de son affirmation.
Se relevant prestement, la jeune femme quitta leur vétuste abri. Elle fuyait. Encore. Comme toujours. Rencontrant un rideau d'eau, elle sentit chaque goutte dévaler son corps avec vivacité, répandant leur glaceur extrême sur sa peau de porcelaine. Jetant une œillade aux alentours, elle fut rassurée de ne discerner pas la moindre âme. La cabane qu'ils avaient trouvée semblait être suffisamment éloignée de la ville pour être découverte.
Surélevant sa main, sa paume vint s'emplir promptement du liquide algide. L'observant se déverser entre ses doigts, la blonde se perdit dans cette contemplation. Face à cette vision, elle se sentit transportée dans de lointains souvenirs d'une époque bien éloignée.
Seulement, cet instant fut prestement brisé. Saisissant avec une certaine violence son poignet, Adrien foudroya du regard la blonde. Insensible, la jeune femme n'émit pas la moindre réaction. Crispant sa mâchoire, le châtain apposa vivement ses mains sur ses épaules menues. Relevant lentement les yeux, elle logea ses pupilles noisette dans les siennes.
– Pourquoi tant de silence ? Tant de mystère ? Tant de mensonges ? Pourquoi Diable Alice ?! Déclara-t-il avec force.
– Cela ne te concerne pas. Répliqua-t-elle simplement.

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Nous n'étions pas destinés
Storie d'amoreLe Destin, Voici un de ses nombreux mots dont le sens nous échappe aisément. Doit-on le rendre coupable de nos peines ? Ou protecteur de nos plaisirs ? Il est ardu de répondre n'est-ce pas ? Dans ce cas, laissez moi vous conter une histoire. L'histo...