2 heures 40. L'Eden, NYC. États-Unis.
La tension dans la pièce était palpable, indescriptible. Je ressentais de la colère envers lui, bien que sa nonchalance aurait pu me séduire. Cependant, je n'appréciais pas la manière dont il prenait plaisir à me manipuler. Il m'avait menacée, mais je n'avais pas fléchi. Il n'était pas comme Adam, il ne connaissait pas mes points faibles. Il n'avait pas gagné ma confiance, donc je ne ressentais aucune crainte. Je n'avais pas peur des étrangers qui pourraient me blesser, mais plutôt de ceux à qui j'avais ouvert mon cœur. Je savais que je ne pourrais pas leur faire face.
Je ne comprenais pas vraiment ce qui se passait dans cette pièce. Je me sentais absurde de lutter pour récupérer une simple liste, mais lui semblait encore plus absurde de ne pas me la rendre.
L'une des leçons que mes parents m'avaient inculquées était de ne pas céder face à des inconnus. La violence ne m'effrayait pas, elle faisait partie de moi, ancrée en moi. Elle m'avait forgée autant qu'elle m'avait détruite.
Cette liste existait pour mettre un terme à certaines choses. Je ne savais pas s'il l'avait lu, mais je n'en doutais pas vraiment. On pourrait penser que c'est juste une ébauche, mais elle contient mes secrets, mais aussi ceux de ma famille. La seule chose qu'elle ne révèle pas, c'est comment cette nuit se terminera.
Quand je l'avais écrite, j'avais réfléchi à ce qui me tourmentait et à ce que je voulais éliminer de ma vie. Le nom d'Adam y figurait, mais aussi d'autres noms. Les séquelles des violences de mon passé, mais aussi les conséquences des actions de mon père. Il y avait non seulement des noms que je connaissais, mais aussi ceux que j'avais vus associés à mon père. Ceux qui quittaient la maison et ceux qu'on ne revoyait jamais sortir de son bureau. Ceux pour qui je cherchais à obtenir justice, avant de disparaître.
Mon père n'avait pas seulement détruit notre famille, mais aussi d'autres et cela ne faisait aucun doute pour moi. Je n'ai jamais vraiment su ce qui se passait dans son bureau, parfois on entendait des détonations, d'autres fois des rires et parfois juste un silence pesant.Quand j'étais petite, je n'avais pas compris ce qui se tramait là-dedans, jusqu'à ce que je me retrouve moi-même impliquée.
Un jour, en courant dans la maison pour échapper à ma mère, je me suis glissée sous le bureau de mon père. Pendant plusieurs minutes, je suis restée immobile, croyant avoir trouver une superbe cachette. Puis, des bruits de pas dans la pièce, des voix, et ensuite des cris.
J'étais toujours aussi curieuse, je voulais savoir ce qu'il se passait et pour une fois que je pouvais voir ce qu'il se passait dans le bureau. Je n'allais pas louper cette occasion. J'ai donc relevé la tête avec détermination, avide de comprendre. Et là, j'ai été témoin de l'impensable, mon père abattait froidement un homme. Le corps de la victime s'effondra au sol, dans un silence glaçant, sa tête heurtant le sol dans un bruit sourd. Ses yeux grands ouverts semblaient me transpercer, figeant l'image dans ma mémoire. Cet instant m'a hantée pendant des jours, le souvenir du sang se répandant en une flaque sombre tout autour de moi me poursuivant encore à certains moments.
Quand mon père a découvert que j'étais dans son bureau, il ne m'a pas grondée. Son regard a rencontré le mien, empreint d'une étrange combinaison de surprise et de calme. Puis, d'une voix étonnamment calme, il m'a simplement dit :
"Quand on protège sa famille, il faut veiller à être du bon côté du canon. Ne l'oublie jamais."
La froideur de mon père m'avait habituée à croire que ce qui venait de se passer était normal. Je n'en avais donc parlé à personne. Je faisais en sorte de ne plus aller dans son bureau, craignant de revoir les yeux de cet homme me fixer. Personne n'avait jamais remis en question les actions de mon père. Ses paroles m'avaient laissé croire qu'il avait agi pour nous défendre, que cet homme représentait une menace. Mais pourquoi n'était-il pas armé ? Mon père n'avait pas été blessé, alors pourquoi tirer ? Plus je grandissais, plus je remettais en question ses actes, mais je n'osais jamais lui exprimer mes pensées. Je savais que quand un homme ne sortait pas du bureau, on me demandait de rester dans ma chambre.

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NightHawk T1&T2
Romance« J'aime la façon dont tu prononces mon nom, mais c'est vulgaire venant d'une bouche aussi pure. » « Ne me sous-estime pas. » « Oh, je n'oserais pas, princesse. » « Je suis un ange, pas une princesse. » Elle s'était juré de mettre un terme à son pas...