Hu Tao : Rituel d'adieu

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Cette journée s'annonçait merveilleuse. Comme beaucoup d'autres. La jeune fille ouvrit joyeusement les portes du funérarium Wangheng, se demandant quelles cérémonies, quels rituels ou quelles commémorations elle allait organiser aujourd'hui. Les premiers employés arrivés étaient déjà à leurs postes, dans un sérieux professionnel qu'elle n'arrivait jamais à garder.

Ses cheveux étaient coiffés en deux queues jumelles, hautes et séparées, avec un motif en zigzag. Sa frange était inclinée vers la gauche et ses mèches encadrant son visage étaient bouclées vers l'intérieur tandis que celles qui se trouvaient derrière sont bouclées vers l'extérieur. Deux mèches de cheveux de la longueur des épaules étaient laissées libres devant ses oreilles. Elle portait un chapeau pork pie noir orné d'un talisman en bois, d'une branche de prunier rouge en fleur et d'une houppe indigo nouée en boucle.

Comme à son habitude, elle avait revêtu une chemise rouge traditionnelle avec un col mandarin ainsi qu'un manteau marron aux col et aux manches plus foncés. Elle avait mis des broches dorées à sa taille et sur son col. Enfin, elle avait un short noir avec des accents dorés ainsi qu'un paire de chaussettes blanches à mi-mollet, des lanières rouges avec des fleurs de prunier enroulées autour des poignets et des chaussures de ville noires à petits talons. Son œil divin était incrusté dans le dos de son manteau, au même niveau que les longues queues rectangulaires de celui-ci et elle portait plusieurs bagues : une à l'annulaire gauche, une au pouce droit, une à l'index et une au majeur.

Alors qu'elle venait tout juste d'arriver, elle entendit quelqu'un entrer à sa suite. Une jeune femme a la mine triste qui portait une longue robe bleu marine. Des manches bleu clair s'arrêtaient juste avant ses coudes. Elle avait une coupe carré et jetait des regards furtifs autour d'elle, comme si elle cherchait quelqu'un. En le voyant, elle se dirigea vers l'homme de l'accueil et engagea la conversation

– Bonjour, excusez-moi... Je suis madame Lu. Mon mari est mort récemment, dans l'attaque qui a eu lieu contre une patrouille de Millelithe.

L'employé consulta une liste et approuva.

– Vous avez demandé sa crémation en effet. Malheureusement nous n'avons pas encore pu nous en occuper.

Voyant sa mine déconfite, la directrice s'avança et intervint dans la conversation.

– Mais nous allons faire cela de suite. Cela ne prendra pas très longtemps !

– Enfaite... Je voulais me rendre sur le lieu de l'attaque. J'aimerais organiser un rituel venant de ma famille... Pour l'aider à passer de l'autre côté.

Hu Tao se mit à sourire, ce qui visiblement mettait mal à l'aise la clientèle.

– Un rituel ? Je suis curieuse de voir cela, je vais m'occuper personnellement de votre mari et vous accompagner !

Elle laissa madame Lu avec son employé avant que celle-ci n'ait le temps de répondre quoi que ce soit. Elle trouva le corps du soldat décédé et en un rien de temps, il n'était plus que poussière. Elle récupéra les cendres et les mit dans un bocal ornées d'or, autour duquel elle noua une corde et y attacha un petit mot de condoléances écrit de sa main.

Elle prit le pot et retrouva madame Lu, devant le funérarium. Elle lui tendit le pot, souriante. Elle était toute excitée à l'idée de voir un rituel qu'elle ne connaissait pas. Elle avait appris les plus basiques par cœur dans son enfance, donc elle avait rarement l'occasion d'agrandir ses connaissances ainsi.

Le voyage fut calme. Hu Tao n'arrêtait pas de questionner sa cliente sur le rituel mais pour une raison qu'elle ignorait, elle répondait assez peu à ces questions. Et quand elle répondait, c'était d'une voix faible que la directrice avait du mal à entendre. Au bout d'un moment, elle avait cessé de la questionner et se contentait de marcher à ses côtés, en silence.

Elle se rendit alors compte qu'elles étaient proches de la frontière, légèrement au sud de la Pente Wuwang, un lieu où les morts passaient de l'autre côté. Quand elle demanda ce qu'elles faisaient ici, madame Lu répondit que c'était ici que l'attaque avait eu lieu. Son mari était donc décédé près d'un lieu où la mort était déjà omniprésente.

La jeune femme s'arrêta devant deux bâtons plantés dans le sol, les armes des Millelithes tombés au combat. Elle ne réussit pas à retenir ses larmes en les voyant ainsi, sachant qu'une des deux était celle de l'être qu'elle avait perdu. Hu Tao attendit qu'elle se reprenne en observant les alentours.

Sur les montagnes non loin, elle pouvait presque apercevoir des formes se mouvoir entre les arbres. Les esprits errants qui n'avaient pas encore sauté le pas et empruntaient le passage. Un peu plus loin, elle remarqua un petit écoulement d'eau qui provenait des marais qui entouraient toute la zone.

Madame Lu lui tapota l'épaule, l'informant qu'elle était prête à organiser le rituel. Elle dessina un rectangle sur le sol avec du sel, devant les lances, aussi grand qu'un trou pour un cercueil. Elle déposa les cendres de son mari en une ligne de haut en bas qu'elle imbiba d'un liquide qui sentait l'alcool. Après avoir allumé des bougies aux quatre coins du rectangle, elle alluma la ligne qui s'embrasa aussitôt avec des flammes bleues.

Elle admira le feu quelque instant puis se mit à genoux pour prier. Hu Tao l'imita, ravie d'avoir vu un nouveau rituel, qu'elle n'avait pas manqué de graver dans sa mémoire. À peine avait-elle fermé l'œil qu'un cri retentit et une lame effleura son cou, qu'elle esquiva de justesse.

Des pilleurs de trésors les attaquaient, sûrement les mêmes qui avaient tué les deux soldats. Hu Tao récupéra une des lances plantées au sol et y mit le feu grâce à son pouvoir.

– Suh ! On n'interrompt pas une prière comme ça !

Elle engagea le combat, déviant les épées et frappant les vauriens face à elle. Ses coups étaient enflammés, brûlant la peau des pilleurs qui hurlaient même si la lame les avait à peine effleurés. Ils commencèrent à reculer, mais Hu Tao ne les laissa pas faire et se jeta sur eux, la lance en avant. Ils esquivaient, mais elle se retournait aussitôt avant de s'élancer à nouveau.

Mais après s'être laissé aller un peu trop loin, elle remarqua du coin de l'œil sa cliente, toujours à genoux, terrorisés, avec une lame au-dessus de sa tête, prête à s'abattre. Elle tenta de s'approcher d'elle mais elle savait qu'il était trop tard, l'acier fendait déjà l'air. C'est alors qu'une lance translucide stoppa net le fer avant de le repousser plus loin. Deux formes se matérialisèrent depuis deux petites flammèches bleues.

Madame Lu poussa un cri de stupeur en voyant un des deux, très certainement son mari. Il lui fit un sourire et l'aida à se relever avant de retourner au combat auprès de son compagnon. Hu Tao leur prêta main forte, trop heureuse de se battre aux côtés de deux esprits errants. Mais au bout d'un moment, il fallait faire fuir ces pilleurs, déjà terrorisés par les fantômes.

– L'heure est venue de s'en aller !

Hu Tao tourna sur elle-même, matérialisant un petit esprit blanc qu'elle attrapa par la "queue" et utilisa pour frapper de feu ses ennemis. Ils prirent la fuite, sans demander leur restes, disparaissant derrière une colline. Hu Tao laissa l'esprit de feu qu'elle tenait toujours dans sa main se volatiliser et jeta un regard à sa cliente. Elle fixait son mari qui se tenait à côté de la lance encore plantée. Hu Tao remis celle qu'elle avait empruntée, et le deuxième Millelithe se posta également tout proche.

Madame Lu se remit à genoux pour prier et une fois de plus, Hu Tao fit de même. Quand elles rouvrirent les yeux, les deux esprits avaient disparu. La directrice savait qu'ils avaient dû se rendre à la frontière pour passer de l'autre côté. Elle raccompagna alors sa cliente, en larmes, non sans omettre de lui proposer de répondre à un questionnaire de satisfaction et à lui proposer de revenir si elle avait à nouveau besoin des services du funérarium Wangheng.

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