CHAPITRE 4 - La Guilde

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L'air emplit mes poumons et je me redressai, haletante.

Je me situais sur la banquette-avant d'une petite fourgonnette. À ma gauche, côté conducteur, se trouvait l'homme blond à la casquette. Ses yeux d'ambres tachetés d'or me scrutaient intensément.

D'emblée, je saisis la poignée de la porte du véhicule, mais celle-ci s'arracha complètement de son habitacle. Je regardai avec stupeur le morceau de la poignée que je tenais dans le creux de ma main.

L'homme soupira.

– Pose ça dans la boite à gant, dit-il l'air blasé. Déjà que ma collègue peut pas m'saquer... Si tu casses la bagnole, elle va me défoncer. Et par pitié, calme ton cœur. J'ai l'impression d'entendre un concert de batucada... Si je voulais te tuer, je l'aurais fait chez ton pote Empathe.

Je contins mes émotions, refusant de laisser paraître la moindre crainte. Mais mon cœur battait effectivement la chamade, et ses sens de Méta loup me trahissaient. Je jetai un regard à la maison des Karlsten, à travers la vitre. Il n'avait pas tort. Il aurait pu me tuer là-bas, ou même hier soir à la discothèque... hier soir...

Jacob, pensai-je.

– Est-ce que... tu les as... tué ? demandai-je, remplie d'appréhension.

– Hmf... Tu t'inquiètes vraiment pour ceux qui t'ont séquestré, grommela-t-il. Non. Ils s'en remettront. Ou pas, ça m'est vraiment égal. Ça reste des Empathes. Ils ont pas à traîner dans le coin.

Puis, il soupira dans sa barbe :

– Bordel, moi qui pensais que Sara lui avait fait le topo au moins sur les Empathes...

– Je connais très bien le topo sur les Empathes ! rétorquai-je en croisant les bras. Comment tu connais Sara, d'ailleurs ?

Il souffla, comme s'il s'exaspérait.

– Bon, je vois que Sara a encore omis ce détail. J'suis un ami de longue date, on va dire ça. Elle m'a demandé de garder un œil sur toi avant-hier.

Avant-hier. Mais oui ! Cette discussion entre l'homme et Sara derrière ma porte de chambre. Je me disais bien que sa voix me rappelait quelque chose...

– Dany..., soufflais-je.

– Voilà ! Au moins, elle t'a parlé de moi.

J'ai cru percevoir un léger sourire au coin de ses lèvres, mais il s'effaça aussitôt. Ses traits regagnèrent une impassibilité totale, et il enclencha le moteur de la fourgonnette. Je gardais le silence, sans lui dire que Sara ne m'avait jamais parlé de lui. Mon cœur reprit peu à peu son rythme ordinaire, et je tentai de faire de l'ordre dans mes pensées.

– Tu m'emmènes voir Sara ? lui demandai-je constatant que nous avions pris la route.

– Non.

Décidément, Dany était peu bavard.

– Tu m'emmènes chez moi alors ?

– Non.

À mon tour, je soufflai d'exaspération.

– On va où du coup ? insistai-je.

– Bon, lâcha-t-il agacé. Tu as enfin muté, youpi, ajouta-t-il avec une pointe de sarcasme. Julian te laissera sans doute tranquille, sauf que c'est un abruti fini pourri-gâté et monsieur fait ce qu'il veut, car son père est au Conseil.

Un abruti fini pourri-gâté. Je ne l'aurais pas mieux dit.

– Mais il osera jamais faire quoi que ce soit devant son père, à la Guilde, reprit-il. Et puis j'y bosse aussi. Ça me permettra d'avoir un coup d'œil sur toi.

GUILDE : HéritageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant