Le matin suivant, je brossais mes cheveux face au miroir de la salle de bain, pensive. Les inquiétudes de Sara me tourmentaient, jamais elle ne paraissait aussi accablée. Et ce Dany, qui était-il ? Mis à part Julian, ma sœur n'avait aucun proche.
Ou alors, elle me cachait une information essentielle. Ça ne collait pas. N'y avait-il vraiment aucun moyen pour déclencher ma métamorphose ? Et d'ailleurs, elle qui connaissait si bien les Borgia, pourquoi ne plaidait-elle pas ma cause auprès du Grand Conseil ?
Je m'approchai de la glace pour examiner mes propres yeux. Aucune paillette d'or. Je retroussai mes lèvres, dans l'espoir d'y apercevoir des canines prononcées.
En vain.
Je réarrangeai mes longs sourcils noirs, et me dirigeai vers le réfrigérateur. Que de la viande crue, hélas ! Les Métas loups vouaient une un culte au gibier, et en plus de cela, ils mangeaient en conséquence !
C'est sûrement pour ça qu'on dit avoir une faim de loup, me fis-je la réflexion avec une pointe d'amusement.
Je saisis les restes de cuisses de poulet de la veille, et ouvris un paquet de chips. Depuis sa première métamorphose, Sara ne pensait pas vraiment à mon régime alimentaire qui était celui d'un simple... humain. Outre le temps qu'elle consacrait à ses boulots, Sara s'acharnait à entretenir notre modeste foyer. Une véritable dame de maison ! Elle gérait la paperasse, le ménage et le raccommodage permanent de cette satanée tuyauterie. C'était ma grande sœur, elle ressentait le besoin irrépressible de s'occuper de moi.
Un morceau de papier patientait sur la table : Je reviens vite. Bises. J'expirai longuement. Sans surprise, Sara s'absentait une nouvelle fois.
– Aie !
La douleur à ma main ne s'estompait pas. Seuls les quelques comprimés que mon aîné s'était procurés apaisaient les picotements. Ma peau boursoufflait, et cette plaie ne cessait de s'irriter. Je saisis la boîte de médicaments posée près du mot, et avalai quelques gélules. Mon repas terminé, je retournai dans ma chambre sur un pas décidé. Il était temps de revêtir des habits plus appropriés que ces vêtements amples qui me servaient de pyjama !
Pas question de passer mes dernières heures à me lorgner, quand bien même je frémissais à l'idée d'imaginer mon propre cadavre lacéré par les griffes de Julian.
*
Un peu plus tard, en début de soirée, j'actionnai la sonnette d'une maison située dans un quartier pavillonnaire. Aussitôt, un homme d'une cinquantaine d'années ouvrit la porte, le sourire aux lèvres.
– Bonjour Kara. Entre. Jacob nous a prévenus de ton arrivée.
– Bonjour, monsieur Karlsten, annonçai-je poliment.
J'entrai dans le foyer familial de mon ami. Un univers assez rustique et chaleureux, dans lequel je me sentais chez moi.
– Oh, bonjour Kara ! salua Madame Karlsten sur un ton enjoué.
Elle me serra dans ses bras, et demanda auprès de ma mère. Je lui répondis qu'elle se portait bien, qu'elle se remettait doucement de sa chimiothérapie. Voilà des années que je côtoyais les Karlsten, et je passais mon temps à mentir à propos de mes parents. Une pratique misérable, devenue une habitude ordinaire. Il nous fallait bien une situation plausible aux yeux de tous ! Et une fois de plus, c'était Sara qui se chargeait d'inventer ces scénarios fallacieux.
En toute honnêteté, ma gorge se nouait toujours lorsque j'évoquais ma mère. Comme si elle existait encore...
Je secouai la tête. Madame Karlsten me lança un sourire affectueux. Les parents de Jacob étaient très attachants et remplis d'une bonté renversante.
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GUILDE : Héritage
ParanormalQuatre Familles ancestrales chacune dotée de capacités surnaturelles vivent parmi nous en secret. La Guilde, une société invisible régie par un représentant de chacune de ces dernières, exerce son autorité avec une main de fer. Leur mission : conse...