GUILDE : Héritage

CHAPITRE 21(2) - Deuxième épreuve : flammes ardentes

– Lorene Wagner...

Ariana murmurait ces mots, comme un souffle à peine perceptible.

Lorene, en contre bas, rangeait ses dagues à ses hanches. Puis elle ajusta ses gants, et bascula la tête en arrière en poussant un long soupir.

Elle ne percevait pas notre présence.

– Que... Q-qu'est-ce qu'on fait ? chuchota Félix caché derrière la branche d'un buisson.

– Pas le choix, formulai-je entre mes dents. Il va falloir passer en force...

Je me pinçai les lèvres face à cette funeste évidence. L'attitude de Lorene ne présageait rien de bon. La Templière attendait notre venue, armée jusqu'aux dents et jetant parfois des regards méfiants par-dessus son épaule.

– Trois contre un, soufflai-je. Ça se tient...

Ariana matérialisa un rictus sur ses lèvres.

– Contre elle ? rétorqua-t-elle en riant avec nervosité. C'est Lorene Wagner ! L'exterminatrice des Red Vodoo.

Je clignai des yeux.

– Hein ?

La jeune femme soupira.

– Les Red Vodoo ! s'exaspéra-t-elle en murmurant. La mafia Templier ! Il y a huit ans, avec sa partenaire, elles ont littéralement décimé le gang. On dit que Lorene est parvenue à elle seule à... éradiquer les deux chefs des Red V. En une seule confrontation...

Je décelais une part d'admiration dans sa voix presque tremblante. Ses propos m'étaient étrangers néanmoins, je considérais avec gravité la renommée de Lorene.

– C'est la meilleure lame de la Guilde, ajouta Ariana.

Sa confiance à l'excès insupportable l'avait définitivement quitté. Désormais c'était ce désespoir, cette crainte qui brillait dans les yeux de la jeune femme.

– Je pensais que c'était toi, la meilleure, esquissai-je.

Il m'en coutait de flatter son égo. Toutefois nous avions besoin des uns et des autres pour faire face à cet adversaire soi-disant redoutable.

Ariana ferma les paupières et abaissa la tête.

– En effet, approuva-t-elle soudainement avec un sourire forcé. Mais j'ai une meilleure idée.

Peut-être que la tignasse blonde se surestimait, et qu'elle n'osait pas affronter elle-même sa congénère. Oui, après tout Ariana n'était pas aussi forte qu'elle le prétendait.

– Félix va y aller, lança-t-elle en le désignant du doigt.

– Q-quoi ! se consterna le jeune homme.

Mes yeux se levèrent au ciel.

– Oh, faites pas ces têtes ! s'agaça Ariana. Félix a presque la vitesse d'un éclair. Il n'a qu'à courir jusqu'au mannequin et le chourer. Ça ne prendrait que deux secondes.

Je guettai ma camarade qui semblait convaincue par son plan.

– Dix secondes, rectifia Félix.

Nous tournâmes nos têtes vers le garçon.

– J-je ne cours pas comme l'éclair, se justifia-t-il embarrassé. La vitesse d'un Angaros est de cent-cinquante kilomètres par heure...

– C'est déjà pas mal, soulignai-je.

Il plissa son front.

– Ne t'inquiète pas, Félix, l'encourageai-je. Même si Lorene te voit, tu seras déjà parti. Et nous deux dans la foulée.