CHAPITRE 21(1) - Deuxième épreuve : flammes ardentes

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– Salut, lança la tignasse blonde sur un ton monotone.

Cette dernière prenait place à l'arrière du van, à mes côtés.

– Tu me dis bonjour, mainten..., commençai-je avec une pointe de ressentiment.

Je me ravisai aussitôt. Notre entente devait impérativement se couronner de succès, surtout en ce jour. En puis contre toute attente, Ariana avait choisi ce siège à ma droite.

Je raclai ma gorge.

– Salut, me rattrapai-je avec maladresse.

Quelque chose clochait chez elle. Dépourvue de son maquillage journalier qui accentuait sa beauté froide naturelle, des poches noires se creusaient sous ses grands yeux bleus. Ses paupières, modérément gonflées, se dissimulaient étroitement entre quelques mèches rebelles.

Était-elle... attristée ? Ou bien sa position lui causait du...

Je croisai bras et jambes, chassant cette inquiétude absurde. Félix tapait du pied de manière persistante, à ma gauche, et je percevais nettement l'angoisse qui l'habitait à l'approche de la seconde épreuve. Le jeune Angaros entreprenait de longues inspirations discrètes, tentant de ralentir le rythme de son cœur qui tambourinait dans sa poitrine.

Je dévisageai la tignasse blonde. Cette dernière avait décroché son katana de sa ceinture, et l'avait positionné à la verticale entre ses cuisses. Son fourreau blanchâtre se gravait de motifs similaires à des runes anciennes. L'étui à lame luisait de milles feux à l'éclat de la lumière du parking qui s'introduisait à travers de la vitre, et j'étais incapable de déterminer le type de matériaux utilisé. Cependant, concernant le pommeau qui dépassait, j'en discernais parfaitement les détails. Il s'agissait d'un simple manche long et rigide, qui se couvrait d'un bandage épais.

Il ressemblait quasi à celui porté par son père. À l'exception qu'il ne possédait pas ce diamant bleu à son extrémité. Ce diamant bleu...

Une pression désagréable s'exerça à l'intérieur de mon crâne, et je portai la main au front. Encore ces satanées migraines...

– Hey, Kara ! salua Constance en esquissant un radieux sourire entre la séparation des deux sièges devant nous. Ça m'est sortie de la tête hier soir, mais n'oublie pas d'arroser une fois par semaine !

Constance Beauregard. Cette petite blonde platine aux traits angéliques m'étonnait par sa conduite bienveillante, la veille. La jeune femme s'était présentée à ma porte, penaude et tête baissée. Elle tenait de ses bras, comme un fragile nourrisson, la pousse d'olivier dans un énorme pot de fleurs. Constance avait entrepris un long monologue, s'excusant des infamies causées à Carl et de son don qu'elle avait utilisé pour entraver ce dernier. J'avais pleinement constaté son profond désarroi, et la jeune femme m'avait offert cet olivier en guise de paix et de pardon.

– ... En hiver, reprit Constance, l'arrosage est une fois tous les quinze jours. Ne l'inondes pas trop, hein ! Oh, tu n'auras pas d'olive tout de suite, ajouta-t-elle en gloussant, mais pense à trouver un pot plus gros dans quelques mois ! Non, tu sais quoi ? J'en ai plein ! Je t'apporterais ça. C'est une plante fragile, mais avec un bon entretien et un peu de patience, l'arbre qu'il deviendra sera fort...

– Et voilà ! On vient de perdre Constance, railla un jeune homme assis à ses côtés.

La jeune femme poursuivait son éloge, tandis que son camarade grommelait dans sa barbe. Un certain Tristan, un Angaros assez discret et réservé. Il paraissait agacé par le débit impressionnant de sa camarade d'escouade. Eh bien, je n'imaginais pas à quelle point ce bout de femme pouvait être aussi énergique !

GUILDE : HéritageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant