CHAPITRE 6 - Dany

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Ding.

La sonnerie d'ouverture des portes de l'ascenseur retentit.

Je n'encaissai pas la nouvelle. C'était comme un violent coup de massue qui s'abattit sur ma tête. Un court instant, dans ce bureau, ma vision se troubla et mes mains devinrent moites.

Ce fut comme un déclic. Ces remarques depuis mon arrivée à la Guilde... Sara qui n'évoquait presque jamais notre père. Et puis...

Ton sale nom va être enfin lavé, cinglait Julian dans les tréfonds de ma mémoire.

Ils savaient tous.

Et j'avais pris mes jambes à mon cou face à dame Patricia.

Ce fut de cette façon que je me retrouvai au hall principal de la Guilde, l'angoisse abreuvant mes poumons.

Je les entendais tous.

C'est sa fille...

Sara est revenue ?...

... l'assassin...

Une Hernandez ? Ici ?...

Comment était-ce possible ? Je n'étais pas physiquement aussi proche de ces inconnus qui me dévisageaient. Non, il y avait celui-là au loin qui remuait ses lèvres, et une autre à l'autre bout de la salle qui susurrait à l'oreille son camarade. Comment leurs paroles pouvaient-elles être aussi audibles ?

Je les entendais, encore et encore, comme un tourbillon de mots qui sifflaient à mes oreilles.

Plus je refoulai ces voix lointaines et perceptibles, plus elles amplifièrent. Je passai mes paumes contre mes tympans, désirant ne plus entendre ces jugements incessants.

J'accélérai le pas, concentrée uniquement sur cet oxygène qui circulait avec difficulté dans mon thorax.

– Eh ! interpella quelqu'un.

M'appelait-on ? Ou était-ce à nouveau ces murmures puissants ?

– Kara !

Une poigne de fer saisit mon bras, arrêtant brusquement ma débâcle. Je me rendis compte que je me retrouvai à proximité de la porte d'entrée, comme si mon esprit ordonnait à mes jambes de prendre la fuite.

Déroutée, je pivotai ma tête vers l'homme.

– Tes yeux, Kara ! siffla Dany entre ses dents. Calme-toi.

Ses iris ambrés parsemés d'or me fixaient ardemment.

J'inspirai une grande bouffée d'air.

Mes... yeux ?

– Ça va aller, dit-il.

Ses mots furent doux, et d'une bienveillance... très déconcertante.

Ce fut son étonnante attitude qui détourna subitement mon attention. En effet, les murmures ambiants se turent doucement, et l'emprise de Dany se desserra.

– BALMAIN ! aboya soudainement une femme.

Nous sursautâmes tous deux, l'écho de cette dernière se perpétuant dans le hall.

Ce n'était pas dame Patricia. Non, cette fois c'était une jeune femme aux cheveux auburn qui nous fonçait littéralement dessus. Sa longue chevelure ondulait au gré de sa marche furieuse, et ses sourcils exprimaient un mécontentement profond. Elle avait quelques petites taches de rousseur sur ses pommettes, et son nez était retroussé. La jeune femme portait un pantalon treillis noir, et une veste en cuir sombre par-dessus un t-shirt. Des gants très fins recouvraient ses mains, ce qui était étonnant au vu de la température agréable. Mais ce n'était pas cela qui attirait mon attention.

GUILDE : HéritageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant