CHAPITRE 16 - Les Templiers

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Là, sous la table, Sara me m'enveloppait de ses bras.

Les ombres dansantes des bougies dessinaient des monstres imaginaires sur les murs, le parquet tremblait par intermittence et de la poussière tombait en cascade des poutres au plafond, sous l'effet des secousses. Mais ce n'était pas cela qui me faisait peur.

Derrière la porte, ils hurlaient. Encore. Et encore. Des cris stridents, déchirants.

Et puis un animal rugit. Un grondement terrifiant.

Il approchait.

Mais Sara n'avait pas peur.

– C'est bientôt fini, petite sœur.

Un calme olympien régna soudainement dans la pièce.

En effet, le vacarme avait cessé...


Non... Mais quel brouhaha insupportable ! Je renversai ma couette, réveillée en sursaut par ce maudit boucan. Je me précipitai à la hâte dans le couloir.

L'origine de ce tapage incessant provenait de la chambre de Carl. La porte était entrouverte et je la poussai. Je fus accueillie par un sinistre spectacle.

Mon camarade gisait dans son lit, étalé sur le dos, écartelé pieds et mains par des cordes solides. Pas des cordes, non. Il s'agissait de lianes épaisses, formées par plusieurs feuilles végétales. Carl grondait, secouant férocement sa tête, les yeux jaunes et les oreilles pointues.

Je me raidis.

Une énorme muselière recouvrait sa mâchoire, attachée par des lanières en cuir à l'arrière de sa tête. Tout près de lui se tenait Luther, un sourire malicieux aux lèvres, accompagné de deux autres femmes.

Je les reconnus instantanément ; des recrues de ma promotion. Elles affichaient ce pin's à la fleur de lys royal, celui des Templiers.

Parmi elles, Brendda, considérant la scène les lèvres pincées, l'air désemparé. L'autre femme se tenait à ses côtés. Une petite blonde-platine, à la coupe carré-plongeant. Son visage juvénile, presque angélique, faisait tâche dans ce tableau effarant.

La main de cette dernière se crispait dans le vide, en direction de Carl. Les jointures de ses doigts se contractaient de plus en plus et les lianes maintenant Carl semblaient resserrer leur emprise.

– Arrêtez ça ! m'écriai-je, scandalisée.

À peine deux pas dans la pièce et un bras étreignit mon cou. Une lame froide caressa ma jugulaire.

– Ne bouge plus, chuchota mon assaillant à l'oreille.

Je ne l'avais pas remarqué, il se cachait sans doute derrière la porte. Désormais impuissante, je me retrouvai complètement immobilisée sous la contrainte de cette arme placée aussi proche de ma peau.

– Jetro ! railla Luther en s'adressant à l'homme au-dessus de mon épaule. Tiens bien cette traîtresse, je m'occupe d'elle après.

Luther dégaina son couteau à cran d'arrêt. Puis, lentement, il effleura du bout de la lame le ventre de Carl.

Le jeune loup émit un énorme grondement inhumain, comme un avertissement. Mais le Templier continuait de sourire, prenant un malin plaisir à jouer avec le Méta. Et puis Carl se débattit, en vain, toujours emprisonné.

Une lueur apeurée traversa ses yeux dorés.

La blonde-platine prit soudainement la parole :

– J'arrête, Luther ! Je n'aime pas ça. On ne voulait pas venir de toute façon. Allez viens Charly, ajouta avec désarroi la blonde-platine à l'attention de Brendda.

GUILDE : HéritageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant