GUILDE : Héritage

CHAPITRE 13 - Honneur, courage et loyauté !

La brise caressait doucement mon visage. Le vent, doux, effleurait délicatement mes cheveux. Les oiseaux chantaient et le ciel, d'un bleu parfait, couvrait cette forêt majestueuse qui se dressait face à nous. Je me délectais de ces odeurs de chênes feuillus, de pomme de pin et de terre asséchée par cette chaleur ardente d'été. L'atmosphère, pure, chatouillait agréablement mes narines.

Et puis vint cette désagréable odeur de cigarette.

Je me tournai vers Lorene, non loin. Adossée contre un énorme van noir, le pied posé sur la carrosserie, elle allumait sa cigarette avec un zippo. À priori, elle avait troqué sa tenue de cuir et ses dagues aiguisées contre l'uniforme de la Garnison. Elle portait encore ces gants fins, malgré les éclats du soleil puissants au-dessus de nos têtes.

Dany était là aussi. Il revêtait le même costard pourpre et se situait en retrait, près du second véhicule stationné juste derrière son binôme.

Étrange, ce changement soudain d'affectation. En tout cas, Lorene semblait ne pas apprécier du tout. Elle lançait des regards assassins à son camarade qui l'ignorait complètement. Lui plongeait les mains dans les poches de son costume et affichait cette expression de chien battu.

Curieusement, je ressentis une certaine empathie à son égard. Oh, sa tenue lui seyait à merveille pour une fois. Mais ce regard était déconcertant. Était-il aussi affecté par les évènements de la veille ? Se souciait-il de Sara, tout comme moi, après ces poignantes révélations ? Il connaissait bien mon ainé, à en juger par ses brèves confidences et ce rendez-vous secret sur les toits.

Mais peut-être qu'ils étaient bien plus proches que je ne le pensais. Et si c'était le cas, une part de moi lui en voulait. Il savait sans doute tout depuis le départ. Mais je me sentais impuissante, Dany étant ce qu'il était, je ne pouvais pas lui soutirer les vers du nez.

Pour couronner le tout, il était impossible d'aborder Dany depuis quelques heures. Plus tôt dans l'après-midi, les lauréats du test du Rempart et moi-même avions rendez-vous au parking du building. Un souterrain regorgeant de véhicules en tout genre. Les deux vans noirs patientaient avec à son bord leur chauffeur respectif.

La voiture de Dany était déjà pleinement occupée. C'était avec réticence que je m'installais dans celle de Lorene.

– Le premier qui l'ouvre passe par-dessus bord, grondait-elle en vrombissant le moteur.

Ainsi, le trajet demeurait silencieux.

Je me retrouvais sur la banquette arrière avec Carl à ma gauche qui gesticulait dans tous les sens, sans doute excité par ce grand jour. Sur ma droite se trouvait une jeune femme. Elle posait sa main sur le menton et contemplait avec lassitude le paysage à travers la vitre.

Cette dernière était habillée d'une manière très décontractée. Sa veste en jean, beaucoup trop ample pour elle, recouvrait une bonne partie de son corps. Je remarquais ses jolies baskets pimpantes, neuves, qu'elle posait sans gêne sur le siège devant elle. La jeune femme avait des longues petites tresses dans ses cheveux, accompagnées de locks qui tombaient en cascade sur ses épaules. Un piercing s'accrochait dans l'arcade sourcilière de son visage métissé. Son expression ennuyée ne la quittait pas du trajet et ses yeux charbonneux continuaient de suivre les arbres qui défilaient sur la route.

La route était longue dans ce silence.

Nous nous retrouvions donc tous ici, dans une petite clairière. Entre l'orée de cette forêt et les véhicules à l'arrêt derrière nous. Je m'attendais à ce que nous soyons plus nombreux pour tout dire...je ne comptais qu'une dizaine. Nous formions un pseudo demi-cercle improvisé et personne ne discutait. Je captais seulement des regards interrogateurs ou impatients, et certains se jaugeaient ou se toisaient.