CHAPITRE 22 - Le déserteur

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Le coude levé derrière sa tête, le tranchant près de ses cils, Ariana focalisait son corps entier sur son adversaire.

Cette dernière actionna son Zippo. Une étincelle s'en échappa, suivie d'un éclatement. Le feu enveloppa ses mains gantées, et la jeune femme s'acharna sur la glace, frappant à plusieurs reprises la surface solide avec une frénésie enragée. Ses gants ne fondaient pas, comme ignifugés par ce pouvoir ardent.

La paroi se fissurait, mais Ariana ne bronchait pas, concentrée et impassible.

Lorene brisa la patinoire de ses poings enflammés et s'extirpa de cette prison glaciale.

Les jambes trempées, Lorene apposa un genou sur la glace, l'autre plié en direction d'Ariana. Une guerrière rouge, dotée d'un pouvoir destructeur et prête à affronter la jeune recrue.

– T'as beau être la gamine du patron, je n'aurais aucune pitié.

Seules les lèvres d'Ariana remuèrent.

– J'espère bien.

Lorene dégaina ses armes, et les lames se couvrirent de flammes. Ariana décollait déjà, sprintant sur la glace en direction de la guerrière rouge. Dans sa course endiablée, ses pieds glissèrent sur l'étendue gelée avec une habilité remarquable. La lame de son katana balaya la glace, projetant une poussière glaciale.

La lame japonaise frappa adroitement Lorene, qui bloqua l'attaque en croisant ses dagues. Ses jambes patinèrent un instant, frappées par l'inertie de ce coup étonnamment puissant.

Ariana dansait sur la glace. Elle tournait sur elle-même, changeant habilement son arme de main. Elle heurtait avec fougue les côtes de Lorene, sa tête, et même ses jambes. Mais la guerrière rouge parait toujours ces assauts avec fermeté. La jeune recrue enchainait les combinaisons, coordonnant chaque coup avec une dextérité fantastique.

Elle maniait la trajectoire de son instrument à la perfection. Les offensives se percutaient avec une violence inouïe, émettant un cliquetis carillonnant.

La guerrière rouge percuta ses lames entre elles, et une déflagration vive explosa dans les airs. Les combattantes bondirent en arrière à la hâte, se défiant du regard.

Soudain, Lorene arma son bras et expédia une boule de flamme.

– Ariana ! m'écriai-je.

La lame de son katana transcenda la vague flamboyante, mais n'empêcha pas l'atroce combustion. Je me pétrifiai, face à ce spectacle effrayant. Le feu dévastateur enveloppait le corps de ma camarade, et la calcination était inéluctable.

Mais Ariana demeura intacte.

Elle tourna sa tête dans ma direction. Son souffle se transformait en une buée glaciale se répandant dans l'atmosphère. Son bras, qui protégeait son visage, se couvrait d'un épiderme bleu, presque translucide.

Un bras de glace.

– Qu'est-ce tu fous ? s'alarma-t-elle.

Une seconde déflagration fonçait sur elle.

Mon corps se figeait, absorbé par cette danse spectaculaire et terrifiante. Je me relevai en titubant. La plaie douloureuse de mon abdomen me picotait affreusement, et mes mains me démangeaient. La cicatrisation avait enfin commencé.

Les fracas des lames et les explosions assourdissantes s'acharnaient de plus belle derrière moi. J'avançais vers Félix, envahi de torpeur. Inertes dans les airs, ses bras pendaient dans le vide.

Je me hissai sur le tronc, et plantai mes ongles dans l'écorce. Mes griffes, acérées, s'y enfonçait comme du beurre. D'un geste brusque, mes doigts cisaillèrent la corde. Elle se rompit dans un craquement sévère et Félix s'écrasa dans la terre.

GUILDE : HéritageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant