CHAPITRE 15 - Ensemble

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Des rubans rouges se suspendaient aux arbres ; j'arrivais enfin dans cette clairière.

C'était une petite parcelle de terre sèche, encerclée de végétaux. Seuls quelques morceaux de troncs d'arbres jonchaient le sol, à l'ombre des épaisses feuilles de chênes.

Sans surprise, je constatai que je n'étais pas la première... ni la dernière, me rassurai-je. Je comptai... un, trois... septième. Sur douze. Pas mal... n'est-ce pas ?

Je remarquais également l'absence de la capitaine. Il y avait la jeune Ourbos, assise contre un arbre et préoccupée par ses baskets. Elle nettoyait avec un mouchoir la saleté sur ses chaussures neuves. Non loin et dans la même position, le colosse se reposait, les yeux clos. Eh bien, je ne m'attendais pas à la voir parmi les premiers ! En plus de sa taille et de sa force titanesque, il devait être sacrément rapide. Et puis il y avait Carl aussi, tout sourire et installé sur un tronc. Il me fit signe de le rejoindre.

Mais mes yeux se rivèrent sur elle.

Ariana, les mains posées sur ses hanches et reprenant son souffle. De prime abord, elle achevait à l'instant sa course. J'éprouvais un besoin irrépressible de lui rentrer dedans. Je ne savais pas... peut-être la pousser violemment ou même lui arracher les cheveux.

Cependant, c'était seulement une image que je projetais dans mon esprit fulminant. Les autres recrues m'observaient très attentivement et je me retins de créer une esclandre dès mon premier jour. Alors je me dirigeai vers mon camarade, les deux sacs sur le dos, et m'installai à ses côtés.

– Je suis troisième, chuchota Carl, tout excité. Et désolé pour mon lancé, j'ai mal jugé mon coup...

– Arrête Carl, murmurai-je. Tu n'étais même pas obligé de faire ça. T'as été fair-play... Ce n'est pas le cas de tout le monde ! lançai-je à voix haute, les yeux toujours fixés sur Ariana.

Cette dernière entreprit quelques étirements et j'aperçus un sourire narquois au coin de ses lèvres.

– Laisse, reprit Carl en soupirant, ça en vaut pas la peine... Pourquoi t'as deux sacs, toi ?

Je m'apprêtai à lui expliquer mon périple quand tout à coup, Luther surgit des broussailles.

– VOUS DEUX ! hurla-t-il à pleins poumons.

Il était dans une fureur noire et recouvert entièrement de poussière. Le souffle saccadé, il s'avança dans notre direction.

– Venez vous battre, lâches ! rugit Luther, la sueur au front.

Tel un boxeur, ses bras se mirent en garde. Un de ses poings crépita faiblement de rayons électriques. Je me levai aussitôt en alerte, accompagné de Carl.

Ce dernier s'interposa.

– Dégages, Luther ! gronda mon congénère.

Le Méta dégaina ses griffes de loup, prêt à affronter le Templier. Un son rauque s'échappa de sa gorge.

– Ecartes-toi, chien ! insulta Luther, ses arceaux grésillant de plus belle. Elles sont à moi !

Je bouillonnai de colère face à cet affront.

– C'est toi le lâche ! m'écriai-je difficilement entre mes dents.

Mes dents. Mes canines... grossissaient. Je les sentais gonfler, derrière mes lèvres entrouvertes. Ma colère s'amplifiait face à lui, le Templier, qui avait indignement attaqué Tarek.

– L'épreuve est terminée, Russel, lança avec lassitude la jeune Ourbos.

Elle était toujours assise contre son arbre.

GUILDE : HéritageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant