GUILDE : Héritage

CHAPITRE 28 - L'artefact

Je faillis contredire Dany, lui dire qu'il s'était perdu dans sa paranoïa. Toutefois, il y avait cet homme qui se dressait devant nous.

Une silhouette gigantesque, causée par sa taille de basketteur professionnel et de sa carrure digne d'un athlète de lutte. Il revêtait ce gilet jeune réfléchissant par-dessus un sweat à capuche. Dissimulé sous cette dernière, son visage se couvrait d'une cagoule. Le géant se tenait raide comme une pique à quelques pas, les poings serrés.

Sans crier gare, Dany fit gonfler le moteur et chargea le véhicule droit sur l'inconnu. J'eus juste assez de temps pour retenir ma respiration que déjà, l'homme vint percuter la carrosserie avec son épaule.

Le choc fut brutal. Le pare-brise vola en éclat pendant que ma tête se cogna contre le tableau de bord. La vitre de mon côté se brisa violemment, et un bras pénétra dans l'habitacle. C'était l'ouvrier, muni d'un pied de biche. Sa main empoigna fermement mon coup, il s'écria sous la pluie torrentielle :

— Donne-moi l'artefact !

J'ouvris brusquement la portière, sa tête vint heurter la carcasse. Il chancela, j'en profitai pour m'extirper du van.

Dehors, la pluie s'abattait frénétiquement sur mon visage. Le véhicule laissait une fumée blanchâtre s'échapper, la partie avant était en miette. Le capot était tordu, comme s'il s'était imprégné de l'empreinte du corps du géant.

Un Méta.

L'ouvrier se redressait, brandissant son pied de biche. Il l'abattit sur ma tête, mais j'attrapai aisément son poignet pour stopper son geste. De mon autre bras, j'expédiai un crochet bien précis sur sa mâchoire qui émit un craquement distinct au contact. Sa tête tournoya, son corps avec, et il vint s'écraser contre la portière.

Il ne se releva pas.

Soudain, mes pieds décollèrent du sol. Derrière moi, le géant me soulevait avec une facilité déconcertante. Sans que je puisse tenter quoi que ce soit, mon corps entier se fracassa sur le véhicule.

Je sentis certains de mes os se briser, quelques éclats de verre vinrent rouler sur mon visage. La douleur parcourut ma colonne vertébrale, et la route face à moi vacilla un instant. À travers ce flou bref, je discernai le géant armer ses deux-points au-dessus de moi, prêt à m'écrabouiller tel un insecte.

Le coup ne vint pas. Dany s'était interposé, bloquant l'attaque de ses deux bras. Il tremblait, s'opposant à la puissance non négligeable du géant.

— Va-t'en ! s'écria Dany dans ma direction.

Ses canines étaient devenues proéminentes et ses iris complètement dorés.

Je ne fuirais pas ! pensai-je en me redressant. Je bondis d'un coup au-dessus de la tête du Méta loup. Dans les airs, je réussis à envoyer un chassé en pleine face du géant.

Cette manœuvre suffit à déstabiliser un instant le titan, mais pas à l'assommer. Au contraire, ça n'eut pas l'air de l'impacter plus que ça. Je me réceptionnai fébrilement sur à terre pendant que Dany sauta à son cou avec ses jambes. Dans un élan, il amena avec lui l'homme au sol. La chute du géant fit vrombir le sol, mais encore une fois, ça ne suffit pas à le neutraliser.

Je me jetai sur lui. Mon pied rebondit sur sa tête. Impossible ! Sa peau était aussi dure que de la roche ! Sauf si...

Un Méta ours !

Ce dernier saisit mon cou et me souleva dans les airs. J'eus l'impression que sa taille, sa carrure, grossissait de plus en plus. Je remarquai ses pupilles complètement dilatées. Elles s'étendaient entièrement dans ses globes ; seuls des points noirs me fixaient.