Je me jetai dans les bras de mon meilleur ami.
Le contact des corps me perturbait en temps normal, mais apercevoir Jacob sain et sauf, tout sourire et si avenant, me comblait d'une joie insoupçonnée.
La poêle qu'il tenait percuta le sol avec un bruit assourdissant, et à son tour Jacob me serra contre sa poitrine.
— Kara, je suis tellement désolé, déclara-t-il au creux de mon oreille. J'aurais dû te dire la vérité sur ma famille, me confier comme on l'a toujours fait. J'aurais dû te mettre en garde plus tôt, et cette chaîne que j'ai attachée à ton pied...
Sa voix, remplie de remords, débitait ces mots avec une vitesse hallucinante. Je m'écartai de lui, la gorge nouée :
— Jamais je t'en voudrais, Jack. J'ai mes torts aussi... C'est moi qui aurais dû te le dire, pour les Métamorphes... Sara, moi...
Je secouai la tête, chassant ce scénario utopique qui me traversait l'esprit. Si le chemin emprunté était différent, si j'avais choisi de réintégrer les Indépendants, auprès de Jacob, auprès de Sara...
— Bonjour, Kara.
Madame Karlsten siégeait dans le salon, enfoncée dans un fauteuil roulant. Mes lèvres se pincèrent à la vue de ce handicap, probablement causé par Dany. Toutefois, la mère de Jacob ne sembla nullement inquiète de cette circonstance. Elle déposa soigneusement sur la table le tricot qu'elle manipulait précédemment, et chemina doucement dans ma direction.
— Ne t'inquiète pas, Kara, rassura-t-elle doucement. Tout va bien, nous ne t'en voulons pas. Ceci n'est que temporaire, ajouta-t-elle en caressant le fauteuil roulant. Je peux marcher, mais je préfère me préserver au maximum.
Elle percevait donc effectivement mes tracas. Une liseuse de pensées, un pouvoir troublant qu'elle avait dissimulé depuis toutes ces années. Je me sentais nue, examinée, scrutée de toute part. Mon esprit, la dernière barrière de mon intimité, visible aux yeux des Karlsten.
La mère de Jacob gloussa.
— Oh Kara, ne t'en fais pas ! Jacob, prépare le petit-déjeuner, le temps que j'explique à notre invité le fonctionnement de nos aptitudes. Rajoute du bacon en supplément, et des tranches de jambon.
— Oui, m'man !
Jacob s'activait déjà en cuisine. Cette dernière s'ouvrait au salon, ce qui faisait de cette chaumière un lieu spacieux. Les poutres, apparentes, traversaient le plafond, et les murs, en pierres, étaient décorés de toiles peintes de paysages en tout genre. Ici, le bois régnait ; qu'il soit en chaises, en tables, ou encore en étagères, il renforçait la rusticité propre aux Karlsten.
Je pris place autour de la belle table en if, comme je l'avais fait à maintes reprises par le passé. Cette maison de vacances chaleureuse m'avait bien manqué.
— Avant toute chose, débuta madame Karlsten en se positionnant à mes côtés, au nom de toute notre famille, pardonne-nous, Kara, pour ces artifices de mauvais augure. Jamais, ô grand jamais, nos intentions laissaient présager un tel malentendu. Nous étions sceptiques, avec Enry, lorsque Jacob nous a parlé de toi. Il va de soi que nous savions qui tu étais, et notre fils, notre bien jeune fils, alors qu'il n'était qu'un enfant, ignorait encore les préjudices causés aux Empathes. Pour tout te dire Kara, Jacob n'avait pas connaissance de ces sujets regrettables. Ah ! Mais qu'il était heureux, et personne, ni Enry, ni moi, pouvions faire obstacle à ce bonheur entre vous. Je regrette son absence, j'ai hâte du retour de mon bien aimé mari, il sera si heureux de te revoir.
La nostalgie avait gagné les mots de madame Karlsten. Dans la cuisine, Jacob détourna le regard, les joues rouges. Je baissai le menton et hochai la tête timidement. La douceur et l'honnêteté de sa mère me touchaient, et mon silence, une réponse, exprimait toute ma compassion.
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GUILDE : Héritage
ParanormalQuatre Familles ancestrales chacune dotée de capacités surnaturelles vivent parmi nous en secret. La Guilde, une société invisible régie par un représentant de chacune de ces dernières, exerce son autorité avec une main de fer. Leur mission : conse...