NightHawk T1&T2

Chapitre 8.

14h12. Manhattan, État-Unis

Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? La question tourbillonnait dans ma tête, sans trouver de réponse satisfaisante. J'avais passé des heures à chercher une explication, à essayer de comprendre ce qui n'allait pas chez moi, mais en vain. J'étais seule dans l'appartement, assise contre la porte d'entrée. Dès qu'il était parti, je m'y étais placée pour m'assurer qu'il ne revienne pas. Je ne pouvais m'empêcher de trouver ironique que mon corps, bien plus petit que le sien, soit censé retenir la porte. Mais parfois, croire en mes  rêves était ma seule manière de garder espoir.

J'étais toujours trempée après l'épisode de la douche. L'eau s'était étalée tout autour de la porte, laissant une sensation de froid et d'humidité dans l'air. Je me sentais chamboulée par ce qui venait de se passer, une crise d'angoisse m'avait submergée. Au fond, ce n'était pas la première fois, mais le fait qu'il m'ait vue dans cet état me gênait. Il avait une longueur d'avance sur moi, tandis que je ne savais même pas son prénom.

Nos regards se sont à nouveau croisés, ramenant à ma mémoire le moment où il n'était qu'un étranger pour moi. J'aurais préféré que cela reste ainsi. Il avait retiré ses mains de mes hanches, et je n'avais rien dit après ses dernières paroles, perturbée par ce qu'il venait de dire. Je me sentais en danger, mais en même temps, à ses côtés, cette sensation disparaissait. Il semblait prêt à me défendre contre celui qui m'avait agressée.

- Il est fou, Swan ! murmurai-je

Peut-être que je ne vaux pas mieux, finalement. Il avait dû me dire ça parce qu'il ressentait de la pitié pour moi. Je ne savais pas ce qu'il pouvait penser de moi et je m'en fichais éperdument. Du moins, c'est ce que je me disais. Les regards de mes parents m'avaient déjà détruite, alors j'avais toujours essayé de ne pas prêter attention aux opinions des autres. J'avais été faible face à lui. Je ne voulais pas qu'il pense qu'il m'avait fait peur. En partie, c'était vrai, mais c'était surtout mon passé qui avait ressurgi, ainsi que mes cauchemars. Il était simplement là au mauvais moment.

D'un côté je voulais que tout redevienne comme avant, mais de l'autre je n'avais jamais été aussi proche de réussir. Cependant, il y avait toujours cette crainte que tout puisse s'effondrer avant que je n'atteigne mes objectifs. J'avais sérieusement envisagé de disparaître, mais je devais encore attendre. 

Les derniers mots qu'il avait prononcés ou plutôt ordonnés étaient d'être prête pour 18 heures. J'allais le revoir, après cette épisode. C'était la deuxième fois, qu'il m'avait menacé. Je commençais à comprendre que son impulsivité n'est pas qu'un rôle. Cela ne présageait rien de bon pour ce soir. 

Le reste de l'après-midi, je pris le temps de me reposer tout en réfléchissant à ce qui m'attendait ce soir. J'aimais avoir un plan de secours, mais je ne savais même pas à qui je m'étais mêlée. Plus je le côtoyais, plus je comprenais que je n'avais pas eu raison de lui faire face.

Il avait une arme, bon sang !
Comme mon père.

Je n'avais pas revu d'arme depuis que j'avais quitté la maison, et je n'en avais pas touché depuis que j'avais abattu un homme. C'était une des choses que j'avais bannies de ma vie et que je ne voulais plus approcher. Je n'en avais pas peur pour moi-même, mais j'avais peur de ce que je pouvais faire aux autres. Je me touchais la tempe en me souvenant de la froideur de l'objet contre ma peau. J'étais perdue entre la peur issue de mes souvenirs et celle de ce qu'il aurait pu me faire. Toutefois, j'avais retenu la leçon. Si monsieur était susceptible, je veillerais à faire attention. 

Faisait-il parti de ses hommes comme mon père ? Qui tue sans réfléchir, sans être menacer ? Son acte commença à me répugner. Il n'était finalement qu'un connard arrogant, qui n'aime pas qu'on lui réponde. Je me promettais de faire attention à moi, mais je ne me tairais pas si ça recommence.