La Légende des Ténèbres, Tome 1 : Le retour du Chaos

Chapitre 26

Anathos releva soudainement les yeux de son carnet, il venait de sentir quelque chose mais quoi? Il secoua la tête, referma le petit livre et le rangea dans sa sacoche. Il s'étira et regarda les autres autour de lui. Ce moment de bivouac était des plus agréables car cela faisait près de deux semaines qu'ils marchaient le long d'un ancien chemin serpentant dans la Forêt d'Emeraude et traverser la végétation s'avérait des plus éprouvant physiquement mais aussi mentalement : ils stressaient au moindre craquement suspect ou bruissement étrange.

Cependant la Forêt d'Emeraude était si fournie qu'un simple coup de vent provoquait un tintamarre de tout les diables avec son lot de craquement et de bruissement étrange. Plusieurs fois ils avaient été surpris par un tigre forestier en pensant qu'un bruissement venait du vent dans les feuilles. 

Ils s'était arrêté il y avait un peu plus d'une heure pour se reposer avant de reprendre la route. Abyss dormait sur un tapis de mousse au pied d'un arbre centenaire. Il semblait toujours troublé par ce qu'il s'était produit à Alhanalem, sa perte de contrôle de lui même, mais le fait de se trouver entouré de nature verdoyante semblait lui redonner de l'énergie et de la confiance en lui. Cela lui rappelait son village.

Philo s'émerveillait de tout. Les fleurs chatoyantes, les insectes de toute sortes et de toutes formes,... elle qui n'avait jamais quitté le navire des vents que pour aller en ville, une végétation aussi luxuriante était tout nouveau pour elle. Abyss avait dû la retenir de gouter certaines baies colorées à plusieurs reprises lui disant que si elle les mangeait elle se retrouverai paralysée ou pire.

Teneb lui montait la garde, assis sur une branche basse, à l'affut du moindre bruit suspect. Sa simple présence faisait fuir les prédateurs les moins aventureux mais une nuit ils avaient eu affaire à un loup grand comme un cheval et agressif comme une bête enragée. Teneb avait mis la bête en fuite mais le combat avait été difficile. Pour la créature amnésique, le plus tôt ils sortiraient de cette forêt le mieux ça sera car être aux aguets en permanence était épuisant

Anathos quant à lui griffonnait dans son carnet dès qu'ils avaient un moment de pause, écrivant tout ce qu'il voyait, ses pensées, ses rêves,...  "C'est pour garder des traces de tout!" avait il répondu à Philo quand elle lui avait demandé l'utilité.

- J'espère que vous êtes près, on repart maintenant, annonça Teneb.

Abyss ouvrit les yeux et s'étira en baillant avant de sauter sur ses pieds. Visiblement requinqué par sa petite sieste. En levant les yeux vers le lointain de la forêt il crut voir, l'espace d'un instant, une forme dans les arbres à quelques dizaines de mètres  mais un coup de vent fit tout bouger une fois encore et la forme sembla s'évanouir dans le feuillage. Ou bien était-ce juste le feuillage? Il resta à fixer un moment avant de tourner son regard vers ses amis qui rassemblaient leurs affaires.

- Encore combien de temps avant de sortir de cette Forêt? demanda Abyss

- Le sentier est tortueux et il vaudrait mieux ne pas s'en éloigner. Je ne saurai donc dire puisqu'on ne fait pas un "tout droit", répondit Anathos.

- Pourquoi cet empressement à sortir de la forêt? Tu semblais plutôt satisfait d'y entrer, remarqua Teneb.

- J'ai l'impression d'être observé...c'est très désagréable.

- C'est normal non? Il y a forcément des bêtes qui nous regarde, lança Philo en haussant les épaules.

- Non...je l'ai senti aussi. Depuis hier j'entend des bruissements et des craquements qui ne coïncident pas avec les coups de vents, annonça Teneb. Et il y a du mouvement aussi dans les branches.