Les termes de notre contrat

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Gaby

Tandis que je vérifie si le plat que j'ai préparé est prêt dans le four, je souris en pensant au premier jour où papa m'a laissée cuisiner pour eux. Je devais à peine avoir onze ans, et papa n'avait pas le temps de nous préparer à souper étant sur le point de prendre sa garde de nuit dans une usine après son travail. Je me souviens avoir passé une heure à chercher ce que j'allais faire sur internet, après avoir vérifié ce qu'il y avait dans le petit frigo de notre appartement. Je pense que cela devait être vers la fin du mois, car celui-ci n'était pas vraiment rempli, mise à part une boîte d'œufs, une pâte brisée, du lait et du bacon, il n'y avait plus rien dedans. J'ai donc trouvé ce petit plat facile à faire et je sais que cela a été tellement une tuerie pour papa que nous en faisons toutes les semaines.

Mais aujourd'hui, ce n'est pas pour eux que je le prépare... mais pour lui. Si on m'avait dit que je me retrouverais dans sa cuisine, à lui préparer un petit plat, j'aurais éclaté de rire. Mais c'est peut-être avec ce genre de choses que je peux payer ma dette envers lui, car je ne sens pas la tension oppressante qu'il met entre nous d'habitude. Et cela est plutôt plaisant à vrai dire, de faire ça pour quelqu'un d'autre. Je me demande s'il appréciera. Je suis tellement dans la lune que je ne fais pas attention à la manique, qui est mal mise, et je lâche le plat aussi vite que je l'ai pris. Il ne faut que quelques secondes pour que je me retrouve ma main dans la sienne, laissant l'eau froide, couler sur ma brûlure. Etrangement, cette proximité avec lui ne me dérange pas le moins du monde et sa main qui tient la mienne sous l'eau, ne me parait aussi effrayante qu'elle ne l'a été jadis. Voilà, c'est ainsi que je pourrai tenir ces années de lycée à ses côtés... en essayant de créer un lien entre lui et moi qui ne comporte pas que de la tension. Cela va faire plus de trente minutes que nous sommes chez lui et pas un seul instant, il n'a élevé la voix. J'ai même réussi à lui parler de moi-même sans trembler à l'idée qu'il me dise de la fermer. Je m'apprête à le remercier et de récupérer ma main, ne voulant pas être ennuyeuse.

— Et bien, je vois que tu t'es trouvé une nouvelle cuisinière.

Je sursaute presque, je recule de l'évier et de lui d'un pas vif, me plaquant contre le meuble derrière nous, évitant de regarder sa mère qui vient de rentrer.

— Normal, tu as envoyé Rita faire des corvées qui n'étaient pas urgentes, lui répond Callum en fermant le robinet d'eau et en prenant l'essui pour essuyer ses mains.

Je me rends compte que je dégouline sur le carrelage et je m'essuie sur mon jeans, tandis que je regarde le plat dans le four qui semble continuer à cuire. Je m'apprête à le sortir, quand il passe devant moi pour le sortir lui-même et il le pose sur l'ilot devant sa bière.

— Si tu permets, j'aimerais bien manger dans la paix, lance-t-il à sa mère avant de faire le tour de l'ilot et il s'assoit en penchant la tête vers le plat pour le humer.

— En tout cas, ça a l'air comestible, fait-il et j'esquisse un sourire gêné priant qu'il aime vraiment... sinon le retour risque d'être violent.

— Vous ne cherchez pas un travail par hasard ? me demande sa mère.

Je quitte la main de Callum, qui s'apprête à porter sa fourchette à sa bouche, pour regarder en direction de sa mère qui avance vers nous.

— En fait, je compte aller dans le centre-ville après pour chercher un travail, lui expliqué-je.

— Rita aurait besoin d'aide pour s'occuper de la maison. Puisque vous avez l'air de tenir compagnie à mon fils souvent, vous seriez déjà sur place, me dit-elle et je m'apprête à refuser poliment quand un bruit sourd provient de l'endroit où est assis Callum et je sursaute.

Dark Promises : CallumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant