En voyant entrer Ema dans sa chambre, Etna, d'abord étonnée, se jette ensuite dans ses bras.
— Que fais-tu là ? lui dit-elle.
— Ta mère nous a invitées à passer, ma mère et moi, lui répond son amie. Elle s'inquiète pour toi. Tu restes enfermée dans ta chambre. Pourquoi ne profiterions-nous pas de cette belle journée pour nous promener ?
— Je n'en ai pas envie, Ema. Je ne souhaite pas voir de monde.
— Que se passe t-il ? Est-ce parce que ta mère t'interdit de voir monsieur Itsbo ?
— Non. Même si elle me le permettait, je ne le voudrais pas.
— J'avoue que je ne comprends pas. Tu as désobéi à ta mère pour rester avec cet homme et à présent, tu n'as plus envie de passer du temps avec lui ?
— Les choses sont pourtant simples. Laisse-moi t'expliquer ! Lorsque nous avons dansé lors du bal de présentation des débutantes, Noitan m'a avoué être amoureux d'une autre ! Il s'est joué de moi !
— Réellement ? Quel goujat !
Etna s'assoit sur le bord de son lit, la mine décomposée. Son amie la rejoint et passe un bras autour de ses épaules.
— Je me sens tellement mal si tu savais, Ema. J'ai été bien sotte de croire qu'il pensait à me faire sa demande.
— Je pensais avoir peut-être quelque chose qui pourrait te remonter le moral. Mais ta révélation me fait douter.
Ema sort de son corsage un papier et le tend à son amie.
— Qu'est-ce que c'est ? s'étonne Etna.
— À ton avis ? Une lettre ! N'est-ce pas évident ? se moque Ema.
— Tu sais très bien ce que je veux dire...
— C'est monsieur Itsbo qui me l'a confiée pour toi. Nous nous sommes vus à la réception qu'avait organisée madame Epercas. C'est d'ailleurs bien dommage que tu ne sois pas venue ce jour-là. Tu as raté un moment hilarant !
— Une lettre de monsieur Itsbo ? dit Etna d'un air méfiant en la prenant et en la décachetant frénétiquement.
Elle se met à la lire en silence et au bout de quelques instants un sourire illumine son visage.
— Que te dit-il ? s'enquiert Ema.
— Quelle heure est-il ? lui donne pour seule réponse celle-ci en retour.
— Bientôt quinze heures, il me semble. Mais dis-moi, je t'en prie, qu'en est-il ?
— Il semblerait que je me sois méprise au bal.
— Vraiment ? Raconte !
— Il me dit avoir réfléchi depuis cette soirée aux raisons qui m'ont amenée à le saluer froidement à l'issue de notre danse. Et il a compris mon erreur. Il m'avait dit avoir une personne chère à son coeur. J'en avais déduit qu'il s'agissait d'une femme. Mais il n'en était rien ! Il parlait d'un homme ! Un ami ! Comment ai-je pu douter à ce point de lui alors qu'il a toujours été charmant avec moi ? Il me réaffirme son attachement et son empressement de me revoir.
— Et bien voilà ! Je suis heureuse que cela te redonne le sourire ! Etna se lève et inspecte sa tenue dans le miroir en pied proche de son lit.
Elle se recoiffe et déclare :
— Je crois que finalement tu as raison : un peu d'air frais me ferait du bien. Allons faire une promenade au parc !Une fois sorties de la maison, les jeunes femmes se mettent en marche sous leurs ombrelles. Etna, guillerette, entame la conversation :
— Et toi alors, où en sont tes amours ?
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Envers et contre tous
RomanceEtna Vas, dix-huit ans, peut enfin faire son entrée dans le grand monde. Le bal des débutantes, donné en l'honneur du jeune Prince Tidure, est l'occasion parfaite pour espérer obtenir des propositions de mariage. Un concours de circonstances va la m...