Missive (1/2)

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En voyant entrer Ema dans sa chambre, Etna, d'abord étonnée, se jette ensuite dans ses bras.

— Que fais-tu là ? lui dit-elle.

— Ta mère nous a invitées à passer, ma mère et moi, lui répond son amie. Elle s'inquiète pour toi. Tu restes enfermée dans ta chambre. Pourquoi ne profiterions-nous pas de cette belle journée pour nous promener ?

— Je n'en ai pas envie, Ema. Je ne souhaite pas voir de monde.

— Que se passe t-il ? Est-ce parce que ta mère t'interdit de voir monsieur Itsbo ?

— Non. Même si elle me le permettait, je ne le voudrais pas.

— J'avoue que je ne comprends pas. Tu as désobéi à ta mère pour rester avec cet homme et à présent, tu n'as plus envie de passer du temps avec lui ?

— Les choses sont pourtant simples. Laisse-moi t'expliquer ! Lorsque nous avons dansé lors du bal de présentation des débutantes, Noitan m'a avoué être amoureux d'une autre ! Il s'est joué de moi !

— Réellement ? Quel goujat !

Etna s'assoit sur le bord de son lit, la mine décomposée. Son amie la rejoint et passe un bras autour de ses épaules.

— Je me sens tellement mal si tu savais, Ema. J'ai été bien sotte de croire qu'il pensait à me faire sa demande.

— Je pensais avoir peut-être quelque chose qui pourrait te remonter le moral. Mais ta révélation me fait douter.

Ema sort de son corsage un papier et le tend à son amie.

— Qu'est-ce que c'est ? s'étonne Etna.

— À ton avis ? Une lettre ! N'est-ce pas évident ? se moque Ema.

— Tu sais très bien ce que je veux dire...

— C'est monsieur Itsbo qui me l'a confiée pour toi. Nous nous sommes vus à la réception qu'avait organisée madame Epercas. C'est d'ailleurs bien dommage que tu ne sois pas venue ce jour-là. Tu as raté un moment hilarant !

— Une lettre de monsieur Itsbo ? dit Etna d'un air méfiant en la prenant et en la décachetant frénétiquement.

Elle se met à la lire en silence et au bout de quelques instants un sourire illumine son visage.

— Que te dit-il ? s'enquiert Ema.

— Quelle heure est-il ? lui donne pour seule réponse celle-ci en retour.

— Bientôt quinze heures, il me semble. Mais dis-moi, je t'en prie, qu'en est-il ?

— Il semblerait que je me sois méprise au bal.

— Vraiment ? Raconte !

— Il me dit avoir réfléchi depuis cette soirée aux raisons qui m'ont amenée à le saluer froidement à l'issue de notre danse. Et il a compris mon erreur. Il m'avait dit avoir une personne chère à son coeur. J'en avais déduit qu'il s'agissait d'une femme. Mais il n'en était rien ! Il parlait d'un homme ! Un ami ! Comment ai-je pu douter à ce point de lui alors qu'il a toujours été charmant avec moi ? Il me réaffirme son attachement et son empressement de me revoir.

— Et bien voilà ! Je suis heureuse que cela te redonne le sourire ! Etna se lève et inspecte sa tenue dans le miroir en pied proche de son lit.

Elle se recoiffe et déclare :
— Je crois que finalement tu as raison : un peu d'air frais me ferait du bien. Allons faire une promenade au parc !

Une fois sorties de la maison, les jeunes femmes se mettent en marche sous leurs ombrelles. Etna, guillerette, entame la conversation :

— Et toi alors, où en sont tes amours ?

Envers et contre tousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant