Que la fête commence ! (2/2)

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Etna poursuit donc son but initial et se dirige vers le lac.

Après avoir balayé les alentours du regard, elle repère le groupe de jeunes gens accompagnant le Prince. Elle s'en approche et croise le regard de Tidure. Il se détourne bien vite et s'adresse à la jeune femme près de lui, qui n'est autre que Ellenor Epercas. Il l'entraine ensuite sur la ligne de départ de la course et saisit un lien pour nouer leurs chevilles.

Mademoiselle Epercas, ravie d'avoir cet honneur accordé par le Prince, jubile et se presse contre son partenaire. Puis Tidure passe son bras autour de la taille d'Ellenor pour entamer leurs premiers pas, en jetant un regard vers Etna juste le temps de s'assurer qu'elle observe bien la scène.

La douleur ressentie à cet instant par cette dernière est telle qu'un poignard en plein coeur aurait sans doute été moins atroce. Elle reste interdite encore quelques minutes puis se détourne et marche sans but, l'esprit confus. Elle ne parvient pas à appréhender la réaction du Prince, lui qui s'était montré lors de leur dernière rencontre si avenant, et elle comprend encore moins sa propre réaction, elle qui minimisait jusqu'à présent son attachement au Prince.

Lorsqu'elle croise un banc libre, elle s'assoit, heureuse de profiter de cet instant pour reprendre ses esprits. Son répit est de courte durée car elle voit s'avancer droit vers elle Noitan, le sourire aux lèvres. Il lui tend la main et la salue d'un baise-main puis lui propose :

— M'accompagneriez-vous pour une petite balade ?

— Avec joie, monsieur, lui répond-elle avec un sourire de façade.

— Appelez-moi Noitan, voyons.

— Noitan ? Est-ce là votre prénom ?

Il entraîne la jeune femme vers un coin plus reculé, à l'écart de la foule, loin des diverses animations.

— Oui, Etna, il me semble vous l'avoir déjà indiqué lorsque nous nous sommes rencontrés, ne vous en rappelez-vous pas ?

— Vous voulez dire le soir du bal ?

— Non, vous savez bien qu'à ce moment nous conservions l'anonymat des masques.

— Oui, vous souhaitiez conserver le mystère, il est vrai...

— Je parlais de notre rencontre chez madame Bons.

— Ah, oui ! Une rencontre purement fortuite, n'est-ce pas ? À croire que le hasard cherche à nous réunir !

— Le destin, Etna ! Le destin... continue Noitan ne sentant pas le sarcasme dans les propos de la jeune femme. Et d'ailleurs, ma chère, ma très chère, cela est une parfaite transition avec ce que je m'apprête à vous dire.

— Oh, réellement ?

— Oui, Etna, j'ai mûrement réfléchi ces derniers jours et il m'est insoutenable de penser à mon avenir sans vous.

Il s'arrête et saisit la main d'Etna.

— Alors, je sais que ma demande manque de romantisme et si les circonstances étaient différentes, je vous promets que j'y mettrais plus les formes, mais voilà : Etna, s'il vous plait, épousez-moi !

La jeune femme retire brutalement sa main de celle de Noitan.

— Vous épouser ? Mais vous savez bien que je n'aurai pas le consentement de ma famille.

— Justement ! J'y ai songé ! Enfuyons-nous ! Peu importe le reste tant que nous sommes ensemble, ne pensez-vous pas ?

— Nous enfuir ?

— Oui, je sais, l'idée peut sembler inquiétante. Mais nous pourrions changer de pays et nous construire une nouvelle vie. Nous pourrions aller en France. Vous m'avez partagé votre désir de visiter ce pays.

Envers et contre tousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant