Rendez-vous (1/2)

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Le lendemain matin, Etna Vas et Edar Amac se rendent ensemble dans la rue commerçante.

— Etait-il vraiment nécessaire que vous m'accompagniez ? grogne la jeune femme.

— Vous savez aussi bien que moi qu'il en est de votre sécurité, lui rétorque l'ami du Prince. Monsieur Imur est toujours introuvable et même si vous n'êtes pas encore convaincue qu'il s'agisse de l'assassin de votre père, la prudence est de mise. Tidure pensait qu'il vous serait plus plaisant de vous promener en ma compagnie plutôt qu'en celle d'un garde.

Etna arbore une petite moue boudeuse. Elle acquiesce cependant et lui demande :
— Même si votre théorie s'avérait exacte, la question est de savoir pourquoi vous, vous avez accepté de m'escorter ?

— Non, la vraie question est : était-il réellement nécessaire que Tidure me prenne rendez-vous en même temps que lui pour qu'on me confectionne un nouveau costume pour votre mariage ? J'en ai bien assez et comme vous avez pu le constater, nul n'égale mon élégance et mon style.

— Et votre humilité aussi, plaisante-t-elle.

Edar lui adresse un sourire malicieux. Il balaie du regard les alentours puis rétorque :
— Je suis heureux de constater que vous avez retrouvé votre sarcasme...

Il laisse sa phrase en suspens quelques instants puis ajoute :
— ... et la raison.

Etna rougit et fixe ses pieds avant de se lancer :
— Je voulais vous présenter mes excuses pour mon
comportement lors de notre dernière entrevue.

Edar l'observe silencieusement durant de longues secondes puis déclare :
— La vie n'a pas été un long fleuve tranquille depuis votre sortie de pension. Il n'est pas étonnant que tout se soit embrouillé dans votre esprit. N'en parlons plus. C'est oublié. Je cherchais juste à vous taquiner.

— Merci d'être si compréhensif.

Ne sachant quoi ajouter, les deux jeunes gens avancent quelques instants sans se parler. Gênée par ce silence, Etna relance la discussion :
— Cela fait des mois que je vis recluse. Distrayez-moi, monsieur Amac ! Quelles sont les dernières nouvelles à la Cour ?

— Laissez-moi réfléchir ! Quels grands changements ont alimenté les conversations ces derniers mois ?

Edar porte la main au menton et fronce les sourcils. Il s'exclame, l'air moqueur :
— L'épouse de monsieur Rio Vas porte un héritier.

La demoiselle lève les yeux au ciel.
— Dites-moi quelque chose que je ne sais pas ! le gronde
gentiment Etna.

Edar rit à gorge déployée. Lorsqu'il se calme, il lui demande à
voix basse :
— Etes-vous au courant pour mademoiselle Ellenor Epercas ?

— Au courant de quoi ? Je ne l'ai pas revue et je n'ai pas entendu parler d'elle depuis son coup d'éclat aux fêtes du Solstice. Que devrais-je savoir ?

— Ses parents lui ont désigné un époux. Un allemand, il me semble.

— Oh, elle va donc quitter notre royaume ?

— Je vois parfaitement votre sourire de contentement, mademoiselle. Cette nouvelle semble vous ravir !

Etna feint l'indignation. Puis elle pouffe avant de mentir :
— Aucunement, monsieur !

— Je peux comprendre votre joie après l'embarras dans lequel elle a pu vous mettre. Cependant, elle a contribué malgré elle à votre bonheur. Sans elle, votre mariage ne se tiendrait peut-être pas dans quelques jours.

— Certes.

— Mais reprenons où nous en étions... Vous m'avez déconcentré. Je n'ai pu vous conter toute l'histoire. Le bruit court que la famille de mademoiselle Epercas serait en mauvaise posture financière. Cela expliquerait le besoin viscéral de cette jeune femme de réaliser une union fructueuse et, au moins en partie, son caractère exécrable notamment envers ses concurrentes. Je vous narrais donc que ses parents avaient choisi de l'unir à un lointain ami de nationalité allemande plutôt fortuné...

Envers et contre tousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant