Rendez-vous (2/2)

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— À quoi bon poursuivre dans cette voie, monsieur ? Vous me demandez cela uniquement pour assouvir votre soif de vengeance. À présent que je connais toute l'histoire, il n'est point nécessaire de continuer votre jeu. Par ailleurs, je suppose que vous êtes informé que je suis fiancée au Prince Tidure.

— Regardez-moi dans les yeux ! Voyez comme je souffre ! Je vous ai peut-être abordée avec de mauvaises intentions mais je suis complètement tombé sous votre charme. Soyez honnête avec vous-même, Etna. Vous n'avez consenti à cette union royale que pour le prestige qu'elle apporte. Cependant, est-ce réellement là où va votre coeur ? À présent que vous connaissez toute l'histoire, vous ne pouvez avoir gardé une si piètre opinion de moi ?

— Je suis navrée de vous décevoir mais mon coeur est en adéquation avec ma tête. Ce n'est pas vous que je souhaite épouser. J'éprouve énormément de compassion pour les difficultés que vous avez dû éprouver du fait de mon père et je ne cautionne pas ce qu'il a fait à votre famille. J'aurais aimé pouvoir faire quelque chose pour réparer ses fautes. Mais je ne désire pas vous suivre dans votre fuite.

— Vous pensez que l'on peut réparer ce qu'il a fait ? Il a tué ma mère ! Une femme douce et innocente qui n'avait rien à voir avec
ses sales affaires !

Etna lève ses mains en signe d'apaisement. Elle essaie de calmer la tension qui règne entre eux :
— Vous avez raison. Rien ne peut l'excuser. Mais il est mort à présent.

— Et j'en suis fort aise, s'exclame Noitan.

— Même s'il a mal agi, je vous rappelle que vous parlez de mon père ! Vous pourriez me témoigner un peu plus d'empathie...

Noitan la considère avec dédain puis s'emporte :
— Votre père n'était pas un homme bien et je ne lui souhaitais que du malheur !

Il tend les bras vers la jeune femme. Elle l'esquive en s'exclamant :
— Je ne veux plus entendre parler de vous.

Etna se recule de quelques pas et lui lance :
— Je ne vous salue pas, monsieur !

Elle se retourne et s'apprête à partir. À ce moment, Noitan la saisit violemment par le bras et lui crie :
— Doucement ma belle ! Vous allez me suivre à présent, avec ou sans votre consentement. Je n'ai pas fomenté cette vengeance depuis de si longs mois pour que cela se finisse ainsi.

— Lâchez-moi !

— Certainement pas. Vous venez avec moi. J'ai tout prévu. Tout le monde pensera que vous vous êtes enfuie de votre plein gré pour m'épouser. J'en suis désolé, car vous m'étiez sympathique, mais votre réputation est finie. Votre mère qui me déteste tant aura une bonne raison de m'en vouloir et ne pourra vous pardonner votre fuite et le déshonneur que vous causerez à votre famille.

Tandis que Noitan cherche à la maitriser, Etna se débat. Ses cheveux se détachent et lui occultent partiellement la vue. Elle tente par tous les moyens de se soustraire à sa prise sans succès.

Alors qu'elle perd espoir, il la relâche soudainement et le jeune homme se retrouve projeté vers l'arrière. Etna, surprise, constate qu'un homme maintient fermement les bras de Noitan derrière son dos. Son agresseur lutte pour se libérer.

La jeune femme repousse les mèches qui lui cachent les yeux. Elle reconnaît alors l'homme qui s'est porté à son secours. C'est un des gardes qui avaient tenté d'interpeller Noitan dans le parc lorsqu'il s'était échappé. Etna tourne la tête. Elle remarque alors la présence de deux autres hommes et s'étonne :
— Tidure ? Monsieur Amac ?

Le Prince accourt vers la jeune femme et la serre dans ses bras. Il s'enquiert de sa santé :
— Vous sentez-vous bien ?

— J'aurai peut-être quelques hématomes qui sortiront demain mais rien de bien grave, je vous assure.

Envers et contre tousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant