NightHawk

Chapitre 13.

18h18. Los Angeles, État-Unis.

Chaque mot prononcé par Damian avait été comme un coup de poignard en plein cœur, réveillant des douleurs que je pensais avoir enfouies depuis longtemps. Sa révélation sur mes origines m'avait frappée de plein fouet, me rappelant cruellement que je ne pouvais pas échapper à mon passé, à mes racines. J'étais la fille de Mark Miller et rien ne pourrait jamais changer cela. Cette réalité était comme une chaîne qui m'entravait, m'empêchant de m'échapper de l'emprise de mon père et de son héritage de violence.

Pendant des années, j'avais lutté pour oublier, pour effacer les souvenirs douloureux, les actes dont j'étais complice, les pensées sombres qui hantaient mes nuits. Mais la vérité était là, implacable, je ne pouvais pas renier qui j'étais, d'où je venais. J'avais toujours rêvé d'une vie normale, d'un amour vrai, d'une confiance sans faille. Mais ces rêves semblaient lointains, inaccessibles, face à la réalité de mon existence.

La nuit que j'avais tant imaginée, la nuit où je pourrais enfin tout détruire. Depuis mes 12 ans, j'avais dressé une liste, y ajoutant chaque cauchemar, chaque souvenir douloureux. Cette liste était devenue le reflet de ma souffrance, de ma lutte intérieure pour fuir un passé qui me hantait. Mais malgré mes efforts pour m'en libérer, je savais au fond de moi que je ne pouvais pas simplement tourner la page et partir.

Cette nuit, cette fameuse nuit, était ma chance de tout laisser derrière moi, de détruire tout ce qui me retenait prisonnière de mon passé. J'avais tout préparé depuis des années, chaque détail, chaque étape. Mais quelque chose me retenait, une peur irrationnelle, une hésitation inexplicable. Je n'étais pas prête à affronter la vérité, à accepter les conséquences de mes actes. Mais je savais que le moment viendrait, tôt ou tard, où je devrais faire face à mon passé et choisir mon propre chemin. 

Une boule oppressante se formait dans ma gorge, menaçant de m'étouffe. Je me revoyais dans cette maison, un lieu autrefois empli de chaleur et d'amour, désormais teinté par la violence et la terreur. Les images affluaient, brutales et cruelles. Ma mère, les hommes de mon père, les cris, les coups, le sang. Une envie irrépressible de hurler montait en moi, mais mes cordes vocales restaient muettes, tétanisées par la douleur et la peur. Seule dans cette chambre, après que Damian m'eut laissée en tête-à-tête avec mes démons, je sentais mes forces me quitter peu à peu. Devant lui, j'avais tenu bon, refusant de céder à la vulnérabilité. Mais maintenant, une fois la porte refermée, c'était comme si tout mon être se désagrégeait.

Je me détestais pour ma faiblesse, mais plus que tout, je haïssais Mark Miller, ce père dont je portais le nom sans pouvoir l'effacer. Je haïssais ce monde impitoyable et surtout, je haïssais ce que Damian Hawk représentait dans cet univers. Être réduite à cette identité de fille de Miller me dégoutait.

Effondrée au sol, je retenais mes sanglots, m'efforçant de contenir ma détresse. Je ne voulais pas qu'on m'entende, qu'on perçoive ma faiblesse. Dans cet instant de désespoir, j'aspirais à une présence réconfortante, à quelqu'un qui saurait me guider, me montrer que je suis bien plus que ce que mon passé ténébreux suggère. Adam avait été cette personne pour moi, mais je l'avais repoussé. Pourquoi avais-je agi ainsi ? Même s'il m'avait blessée, c'était parce que je l'avais blessé en retour. À présent, je regrettais chaque geste, chaque parole qui nous avait éloignés. Dans ma solitude, je souhaitais ardemment être avec lui, préférant ressentir sa douleur plutôt que d'affronter seule les tourments de ma vie.

Je me retrouvais là, dans cette pièce, perdue dans mes pensées, sans même savoir depuis combien de temps j'y étais. Je me demandais si quelqu'un s'inquiétait de mon absence, si quelqu'un se demandait où j'étais. J'avais toujours été discrète sur ma vie quotidienne, veillant à ce que personne ne se pose trop de questions le jour où je disparaîtrais. Après tout, personne ne me connaissait vraiment. Les voix dans le salon parvenaient jusqu'à moi, mais je ne parvenais pas à saisir le sens de leurs échanges. Étais-je la cause de leur colère ? Pensait-on que j'avais une quelconque valeur dans ce monde, aux yeux de mon père ? Cette idée me fit esquisser un rire amer. Quel que soit le plan de Damian, il me paraissait ridicule.