Chapitre 46

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Quel plaisir de voir leur visage se décomposer ainsi.

- C'est une blague !?

- Non, en aucun cas !

- Nous n'avons pas pu les retrouver pendant toutes ces années, comment as-tu pu réaliser cet exploit en seulement quelques mois !?

- Un miracle de Dieu, et je peux vous dire qu'ils sont très influents. Dis-je avec un sourire en coin.

- Mensonge !

- Comme vous voulez, libre à vous de me croire. Répondis-je, totalement indifférente à tout ça. Ayant jugé avoir assez discuté avec elles, je quittai les geôles sans un regard en arrière, malgré leurs cris incessants.

Un garde entra précipitamment dans la pièce où se trouvait Yasmine, annonçant d'une voix haletante :

- Votre Altesse, le Cheikh est de retour au palais !

Je me figeai, surprise par cette nouvelle soudaine. Mon cœur s'emballa, mélange de joie et d'appréhension. J'échangeai un regard rapide avec le garde, cherchant à lire entre les lignes de son expression.

- Le Cheikh Ahmed est rentré ? répétai-je, cherchant à dissimuler l'urgence dans ma voix.

Le garde hocha la tête avec un soupir de soulagement.

- Oui, Madame. Il est rentré il y a quelques instants seulement.

Je remerciai le garde d'un signe de tête rapide et me tournai vers la porte, mon esprit tourbillonnant d'émotions. Je me demandais ce qui avait pu motiver le retour soudain d'Ahmed après tant de jours d'absence.

Avec un mélange de courage et de nervosité, je me dirigeai vers la pièce où m'attendait mon mari, prête à affronter ce qui m'attendait.

En entrant, je le vis regardant les jardins du palais, la tête ailleurs, tellement absorbé qu'il ne m'entendit même pas rentrer.

- Ferme la porte et prends place. Dit-il froidement sans se retourner. Au final, il n'avait pas la tête ailleurs.

- Y a-t-il un problème ? Lui demandai-je, surprise de le voir aussi froid envers moi.

- Aucun. Répondit-il sèchement.

- Ai-je fait ou dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Si c'est le cas, tu peux me le dire pour que je puisse m'excuser au lieu de me parler aussi froidement. Tu sais que je ne suis pas là cause de...

- Peux-tu te taire pour une fois dans ta vie !? Cria-t-il soudainement, me faisant sursauter.

- Ça va, pas la peine de crier, j'ai l'impression que tu viens de crier dans mes oreilles, c'est malin ça. Dis-je en me couvrant les oreilles.

Après avoir pratiquement bousculé mes pauvres tympans, il se retourna comme si de rien n'était. Une fois sûr qu'il ne pouvait pas me voir, je lui tirai la langue. Au moment où je le fis, je fus surprise de voir ma famille adoptive et la famille d'Ahmed se tenant sur le pas de la porte à me regarder comme si j'étais folle.

Ils semblaient surpris de me voir tirer la langue comme une enfant à Ahmed, qui avait le dos tourné. Mon père me lança un regard réprobateur, alors que celui d'Ahmed et de nos frères semblaient s'amuser de la situation. Je vis les lèvres de Samir bouger et je pus y lire un "gamine", ce qui me fit sourire. Après que tout le monde se soit installé, Ahmed prit une profonde respiration pour se calmer avant de commencer.

- Si je vous ai réunis ici, c'est pour vous expliquer tout ce qui s'est passé ces derniers temps.

- Nous t'écoutons. Dit l'ancien roi adoptant un air grave.

Ahmed prit l'initiative d'expliquer la situation aux autres membres de la famille, prenant de temps en temps une pause pour se calmer.

Alors qu'Ahmed expliquait les événements récents, des détails émergèrent, révélant des alliances brisées, des trahisons inattendues et des dangers imminents pour le royaume. Des murmures de consternation se firent entendre parmi les membres de la famille alors qu'ils réalisaient l'ampleur de la situation. Je ressentis une boule d'anxiété grandir dans ma poitrine, réalisant que mon monde tranquille avait été secoué plus que je ne l'avais jamais imaginé.

Alors qu'Ahmed terminait son récit, le silence retentit dans la pièce, chacun absorbant la gravité de la situation. Les regards se tournèrent vers moi, surpris de m'avoir caché certains détails.

- Qu'avez-vous décidé comme condamnation !? Dit la voix grave de l'ancien roi, brisant enfin le silence.

- Je n'ai rien décidé pour le moment. Répondit Ahmed calmement.

- Mais tu es conscient que la seule peine possible est celle de la loi N°40 de notre pays !?

- Quelle est cette fameuse loi ? Demandai-je, curieuse de savoir de quoi ils parlaient.

- La loi N°40, également connue sous le nom de la Loi sur les Trahisons et les Alliances, est une loi ancienne dans notre royaume. Elle stipule que toute trahison envers la couronne ou toute alliance avec des forces hostiles est passible de graves sanctions, allant de l'exil à la peine de mort, en fonction de la gravité de l'infraction. C'est une loi qui a été appliquée de manière stricte tout au long de notre histoire, garantissant la sécurité et la stabilité du royaume. Répliqua Ahmed en me regardant droit dans les yeux comme s'il voulait s'assurer que j'avais bien assimilé ses paroles.

- N'y a-t-il donc rien à faire ?

- Aucune solution n'est envisageable.

Après avoir entendu parler de la loi N°40, je réalisai enfin l'ampleur de la situation. Comprenant que les actions de ceux qui avaient été retrouvés pouvaient avoir des conséquences graves selon cette loi.

Les discussions se poursuivirent où chacun exprimait son opinion sur la façon de traiter cette affaire délicate. Ahmed prit la parole, soulignant l'importance de la justice tout en tenant compte des circonstances atténuantes. Après cette brève réunion, papa et Samir vinrent s'asseoir près de moi, désireux de me parler.

- Je voulais m'excuser pour tout ce que Fatima et Samira t'ont fait subir pendant toutes ces années, je suis vraiment désolé.

- Vous ne m'avez rien fait de mal, papa. Au contraire, vous m'avez élevée, aimée, habillée et soutenue lorsque j'en avais le plus besoin. Tu as choisi de me garder après avoir été abandonnée, et cela ne va pas me pousser à te tourner le dos, ni le fait d'avoir retrouvé mes parents. Vous êtes tous les deux ma famille et le resterez. Dis-je en leur tenant la main.

- Merci de ne pas nous rejeter ! Fit Samir, les yeux rougis et remplis de larmes.


Le Royaume de DrazarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant