Chapitre 14

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À travers les ruelles ombragées, nous avançons lentement, les phares de la voiture illuminant notre chemin. Le murmure lointain des vagues se mêle à l'excitation qui fait battre mon cœur, comme une berceuse apaisante dans ce moment chargé d'émotions.

Soudain, nous arrivons devant une grande villa, une demeure digne des décors de cinéma.

Un homme se tient là, devant le portail, cigarette à la main, et dès qu'il aperçoit notre voiture, il se dirige vers nous d'un pas assuré. C'est son frère, une présence inattendue qui éveille en moi une vague de nervosité. Serait-ce la première fois que je rencontre un membre de sa famille ? Mon esprit s'embrouille, se perd dans les méandres de mes pensées, jusqu'à ce que je me contente d'un sourire, espérant que cela suffira à dissiper mon stress.

« Bonsoir, charmante dame », s'exclame-t-il, brisant le silence qui règne autour de nous. Je réponds par un simple bonsoir, incapable de déceler l'ampleur de la situation. Son frère, quant à lui, monte dans la voiture avec une aisance déconcertante, demandant à être conduit vers sa demeure.

« Chauffeur, fais-moi entrer chez moi s'il te plaît », lance-t-il avec un air moqueur, révélant que la grande porte n'est autre que l'entrée majestueuse du vaste jardin qui s'étend devant nous.

Ces questions tourbillonnent dans mon esprit, m'envahissent de doutes et d'incertitudes. Combien de femmes ont franchi ces portes avec l'espoir brûlant d'une chance inouïe, croyant qu'elles étaient spéciales, uniques ?

Combien ont goûté à ses baisers enivrants dans cet endroit même ?

Combien sont-elles venues le matin, combien le soir ?

Combien ont succombé à l'amour dans ces murs chargés d'histoires éphémères ?

Et combien ont laissé ici, entre ces murs, les lambeaux de leur dignité meurtrie ?

Combien de brunes, combien de blondes ont croisé son chemin ?

Combien de béliers, combien de scorpionnes ont succombé à son charme envoûtant ?

Et moi, où me situerai-je dans cette liste interminable ? Suis-je parmi les élues, les chanceuses, ou suis-je simplement un numéro parmi tant d'autres ?

Je me retrouve dans la cuisine, La cuisine respire une ambiance chaleureuse et familiale, avec ses murs peints dans des tons chaleureux de beige et de blanc cassé. Des armoires en bois sombre encadrent la pièce, offrant un espace généreux de rangement pour la vaisselle et les ustensiles.

Je me retrouve dans la cuisine, où le frère d'Amine nous sert deux verres de coca, conscient que même si notre haleine trahit notre consommation d'alcool, il est mal vu de boire devant lui.

« Fais-lui visiter, pourquoi tu restes assis ? »  lance son frére

Avec amertume, me rappelant les paroles d'une amie qui m'avait dit un jour : « Comment oses-tu dire que tu n'apprécies pas une personne si tu l'as fait entrer chez toi ? »

Cela résonne en moi, car laisser quelqu'un pénétrer dans notre espace intime, c'est un peu comme lui ouvrir une partie de notre âme, de notre essence. C'est comme lui permettre d'explorer nos zones les plus profondes et les plus secrètes, là où résident nos joies, nos peurs, nos désirs, nos doutes. C'est lui donner accès à nos pensées les plus sombres et les plus lumineuses, à notre intimité la plus profonde.

Me permettra-t-il un jour de connaître ne serait-ce qu'une fraction de tout cela ? Acceptera-t-il de partager avec moi un fragment de son monde intérieur, ne serait-ce que pour me donner l'illusion fugace de le connaître un peu mieux que les autres ?

Avoir l'impression d'être importante, non pas seulement importante en général, mais importante à ses yeux, est une sensation électrisante qui éclaire chaque instant de la vie. Rien ne semble compter en dehors de ses beaux yeux noirs, présents à chaque étape du chemin.

Aujourd'hui, ce matin, ce soir, et même demain, ils demeurent l'étoile polaire guidant chaque pensée et chaque action. Même la semaine dernière, le mois dernier, l'année dernière, et l'année d'avant, leur empreinte persiste, indélébile dans mon existence.

Et peut-être même l'année prochaine...

Mais alors, une question s'insinue, insistante : vais-je un jour me remettre de lui ? Peut-on réellement se remettre d'une obsession amoureuse ? Ces pensées tumultueuses tournent en boucle dans mon esprit, cherchant désespérément une réponse qui semble toujours hors de portée.

Peut-on être jeune et insouciant toute une vie ? C'est une question qui résonne dans les profondeurs de l'âme, évoquant un désir profond de légèreté et de liberté éternelles. Mais dans ce tourbillon d'émotions et de désirs contradictoires, la seule certitude qui demeure est celle de l'incertitude, de l'insaisissable beauté de l'amour et de la vie, toujours en mouvement, toujours changeante.

Il me dépasse dans le couloir et ouvre une porte... celle de sa chambre. Est-ce une invitation dans son petit monde ? Des petits pincements partout sur le corps, comme des étoiles dansant sur ma peau, trahissent l'excitation qui monte en moi.

Sa chambre lui convient parfaitement, reflétant une harmonie entre ordre et personnalité. Le drapeau de son équipe de foot préférée trône fièrement sur un mur, tandis qu'un grand lit confortable semble promettre des nuits paisibles (ou le contraire...)

Un bureau bien rangé témoigne de sa discipline, tandis que des livres soigneusement disposés sur une commode révèlent son intérêt pour la lecture. Et puis, il y a les photos, nombreuses, de lui petit, souriant, plein de vie.

Quel genre d'enfant était-il ? Cette question flotte dans l'air, empreinte de curiosité et de fascination.

Peut-être un jour me racontera-t-il ses souvenirs d'enfance autour d'un café ?

Il reste derrière moi, silencieux, me laissant explorer chaque coin de cette pièce qui en dit long sur lui. Je me dirige vers une porte en face... C'est un balcon.

Je lui jette un coup d'œil, il avance et ouvre la portière.

Une nuit étoiléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant