Chapitre 60

18 0 0
                                    

Je suis submergé par des émotions contradictoires, et je me demande si c'est mon ego qui me joue des tours ou si c'est vraiment l'amour qui est en jeu. Pourquoi ai-je cette sensation d'avoir été trahi à la fois par Kenza, mais aussi par mon ami, mon frère Ismail ? Comment a-t-il pu me faire une chose pareille ?

Je me retrouve à chercher à qui en vouloir : à lui, pour avoir franchi une limite que je croyais inviolable entre amis, ou à elle, pour ne pas avoir tenu compte de nos liens et de ce que cela pourrait signifier pour moi ?

Mais au fond, je réalise que peut-être, c'est moi le fautif. Ai-je négligé quelque chose ? Ai-je manqué des signes ? Aurais-je dû agir différemment pour éviter cette situation ?

Mon esprit tourne en boucle, revivant chaque moment partagé avec Kenza, et chaque regard échangé avec Ismail. La confusion et la douleur se mélangent à la colère et à la tristesse. C'est comme si un équilibre fragile que je croyais solide s'était effondré sous mes pieds, me laissant perdu et désemparé.

Mon cœur se brise en miettes, et je sens chaque morceau éparpillé dans ma poitrine comme des éclats de verre. La douleur n'est pas seulement une émotion, elle est physique, pesante, comme si chaque battement douloureux de mon cœur rappelait cruellement la trahison que je ressens.

Je peine à trouver des mots pour décrire cette sensation oppressante qui serre ma poitrine, comme si un poids écrasant s'était installé là, me laissant à la merci d'une peine profonde et dévorante. Chaque souffle semble difficile à prendre, comme si l'air lui-même était devenu plus lourd autour de moi.

Je me demande si cette douleur est réelle ou si elle est une construction de mon esprit en réponse à cette trahison. Peut-être que c'est mon ego meurtri qui amplifie cette souffrance, mais en cet instant, peu importe la raison, la douleur est bien là, palpable et accablante.

Comment vais-je guérir de cette blessure qui semble avoir pris racine au plus profond de mon être ? Comment vais-je retrouver la confiance en moi-même et en ceux qui m'entourent après tout cela ?

Je me lève brusquement, sans vraiment savoir où je vais. Mes jambes me portent d'elles-mêmes, m'éloignant de ce bar bruyant et de cette réalité dévastatrice. La lumière douce des lampes de l'extérieur contraste avec l'obscurité de mes pensées. Je m'éloigne de l'agitation, chaque pas résonnant avec une lourdeur infinie.

J'atteins enfin la plage, et la mer, calme et sombre, s'étend devant moi, comme un miroir de mon âme brisée. L'air frais de la nuit fouette mon visage, mais c'est la chaleur de mes larmes qui me submerge, plus intense que tout. Je m'effondre sur le sable froid, incapable de contenir ce flot de douleur qui explose en moi.

Je pleure comme un enfant de sept ans, les épaules secouées par des sanglots incontrôlables. C'est une douleur brute, pure, sans fard, qui me traverse de part en part. Chaque larme qui coule semble emporter avec elle un fragment de mon cœur brisé. Je suis seul, perdu dans cette nuit silencieuse, mais chaque cri de ma douleur semble résonner avec force dans le silence autour de moi.

Alors que je suis là, assis péniblement, Inès vient à côté de moi. L'image d'elle cette nuit-là, quand elle est venue me rejoindre sous le ciel étoilé sur la plage, malgré ma présence avec Kenza et ma façon de l'avoir repoussée, surgit immédiatement dans mon esprit. Malgré tout, elle n'a jamais cessé d'être une amie fidèle. Je ne peux m'empêcher de me rappeler combien j'ai été odieux envers elle, sachant qu'elle avait des sentiments pour moi. Cela me rappelle à quel point je suis un méprisable et que je mérite ce qui probablement ce qui m'arrive.

Pourtant, malgré tout cela, elle est là. Beaucoup pourraient penser qu'elle éprouve de la satisfaction à voir ce qui m'arrive, mais je sais que ce n'est pas le cas. Je ne fais même pas l'effort de dissimuler mes yeux rougis par les larmes. Elle s'assoit à mes côtés sur le sable. "Ils sont arrivés," dit-elle simplement.

Je reste impassible et lui réponds : "Je viens, donne-moi juste quelques minutes." Elle se lève, me dépose un baiser sur la tête, puis s'éloigne.

Je prends une profonde inspiration pour tenter de dissimuler ma peine avant de me mettre debout. Dans la distance, une silhouette peine à avancer sur le sable.
Beya.
Elle progresse lentement, chaque pas semblant être un effort sur le sol instable de la plage. Je m'approche d'elle, observant sa démarche hésitante jusqu'à ce que nos regards se croisent.

Beya me fixe intensément, ses yeux captant immédiatement les traces de larmes sur mon visage. Un silence lourd et chargé de significations s'installe entre nous.

Elle dévisage mon visage, analysant chaque détail avec une précision déconcertante. Puis, d'une voix calme mais chargée d'émotion contenue, elle articule finalement : "Amine, je suis au courant de tout."

Une nuit étoiléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant