Chapitre 22

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Je sens mon cœur battre la chamade fort et a une vitesse lumière, alors qu'Amine se tient là, devant moi, vêtue d'une chemise blanche qui met en valeur sa silhouette. À ses côtés se trouvent Ismail et Khalil, ses amis proches, que je connais de loin, ainsi que Sarra, la meilleure amie de Salma, et la même blonde de la veille. Pourquoi est-elle toujours là ? Ont-ils passé la nuit ensemble ? Je prends mes lunettes, une tentative pour dissimuler l'émotion qui monte en moi, menaçant de me submerger.

Je ressens le regard insistant de la blondinette, et je peux déjà deviner ce qu'elle pense de moi.

J'ai juste envie de lui dire "DON'T PANIC, madame, il n'est pas à moi, il est tout à toi". Alors que nous discutons tous ensemble, je reste un peu à l'écart, aucun mot échangé avec lui, comme s'il n'était pas juste devant moi.

La blondinette nommée "Ines" semble s'immiscer dans la conversation en invitant Amine à nager. Je ne peux m'empêcher de jeter un coup d'œil. Salma, voyant cela, propose que tout le monde aille nager.

Pour ma part, je décide de rester sur la plage avec Ismail, qui n'avait pas l'intention de se baigner non plus. Alors que je les observe, je remarque qu'Ines s'accroche à lui, adoptant une attitude qui semble démonstrative, comme si elle voulait me prouver qu'il lui appartenait...

Vous connaissez le film "Call Me By Your Name" ? Il y a cette scène où Elio se rend compte qu'il éprouve des sentiments pour Oliver. La soirée où Oliver danse avec une fille, et le regard d'Elio, assis en train de les observer, c'est un mélange de désespoir et de jalousie mal placée. C'est exactement ce que je ressens en ce moment.

Ismaël m'interrompt un instant pour me proposer de l'accompagner pour acheter un paquet de cigarettes puisque à deux rues, il y a un kiosque à journaux.

Bien que nous n'ayons pas eu beaucoup l'occasion de parler, à chaque fois que nous avons échangé quelques mots, il a toujours été sympathique. Il venait parfois chercher Amine à la fac, mais nos conversations restaient plutôt courtoises.

Nous marchons lentement, et Ismaël me demande :

- C'est quoi tes plans maintenant, après l'obtention de ton diplôme ?

- Obtenir un autre. dis-je en rigolant

- C'est vrai ? où ca ?

- Skema, sur le campus de Paris, répondis-je.

- Ahh, vraiment ? Mon appartement est tout près. On pourrait se voir, je pourrais t'aider pour la partie administrative. Je suis passé par là."

- C'est vraiment gentil de ta part. Je t'en serais vraiment reconnaissante, répondis-je sincèrement.

- J'ai toujours pensé qu'entre vous, il y avait plus que de l'amitié ! lance Ismaël, me regardant d'un air entendu.

Je feins la surprise.

- Qui ?

- Avec Amine, enfin vous deux.

J'essaye de garder mon calme.

- Ah, non, on est juste amis, dis-je d'un ton détaché.

- Tu sais, nous les mecs, on ne parle pas vraiment de ce genre de trucs ensemble, surtout avec lui. Il n'est pas très bavard, remarque-t-il.

Je hoche la tête, prenant note de ses paroles.

- Oui...

- Moi, c'est le contraire. J'adore parler, enfin, je n'ai pas vraiment honte de le faire. ajoute-t-il avec un sourire sincère.

Alors que nous arrivons au kiosque à journaux, Ismaël se dirige directement vers le présentoir de cigarettes. Je l'observe faire ses choix, le visage détendu, alors que je me sens toujours un peu tendue par la situation.

Après avoir payé, nous retournons vers le Sindbad, profitant du calme de la rue. À notre retour, je remarque que tout le monde est déjà revenu de la plage, assis autour de la table et discutant vivement.

Alors que nous rejoignons le groupe, Amine lance d'un ton léger mais teinté de curiosité : "Vous étiez où, vous deux ?" Son regard balaye brièvement Ismaël et moi, puis revient se poser sur moi avec une intensité que je peine à déchiffrer. Je sens le poids de son regard sur moi, comme s'il cherchait à percer mes pensées, à comprendre ce qui s'est passé pendant notre absence. Je lui adresse un sourire un peu crispé, espérant que ma réponse le satisfasse : "Juste une petite escapade au kiosque à journaux, rien de bien passionnant."

Ismail ajoute avec un sourire taquin : "Mais non, c'était passionnant ! Je suis même arrivé au point de lui proposer d'être ma colocataire." Il laisse échapper un petit rire, puis poursuit : "Sa fac est à 5 minutes de mon appartement, et je serais plus que ravi de partager les frais et d'avoir une bonne compagnie." Son enthousiasme est contagieux, et je ne peux m'empêcher de sourire devant sa proposition inattendue.

"Vraiment, Ismail ? Tu es sérieux !" m'exclamai-je, un sourire éclatant illuminant mon visage. Ismail confirme d'un signe de tête assuré. "évidement que je le suis ! "

Je vais vers lui et lui fais un câlin sans même réfléchir. Tout le monde se réjouit à cette idée, affichant un large sourire, mais le regard d'Amine devient soudain glacial.

Je secouai légèrement la tête, décidant de ne pas m'attarder sur l'expression boudeuse d'Amine. Qu'il soit jaloux ou contrarié, peu m'importait à ce moment-là. Ce qui comptait, c'était que j'avais trouvé un logement et que je n'aurais plus à m'inquiéter de payer trois mois d'hôtel ou de vendre mon rein pour subsister. Je me concentrerai sur le moment présent, décidée à profiter de cette bonne nouvelle avec Ismail et les autres, quel que soit le malaise que cela pouvait lui causer.

Une pensée fugace m'envahit : était-il jaloux ou cherchait-il simplement à m'éviter pour de bon ? L'idée de devenir la colocataire de son ami le terrifiait-il à ce point ?

Je ne le saurais jamais.

Une nuit étoiléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant