Chapitre 48

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Je mets la voiture dans le garage, mon esprit encore embué par la confrontation avec Amine. Alors que je coupe le moteur, je lève les yeux et aperçois Salma sur le balcon, me scrutant avec une expression inquiète. Elle m'attend. Je sors de la voiture, ferme la porte et commence à marcher lentement vers l'entrée. Salma descend du balcon et se dirige vers moi, ses yeux cherchant des réponses dans les miens.

— Kenza, qu'est-ce qui se passe ? murmure-t-elle, sa voix pleine de souci.

Je prends une profonde inspiration, essayant de rassembler mes pensées chaotiques.

— Salma, je... Je ne sais pas par où commencer.

Nous entrons dans la maison, veillant à ne pas faire trop de bruit. Le reste sont en train de dormir , Ahmed et Elyess sont dans le salon, et nous devons parler à voix basse. Salma m'entraîne dans la cuisine, loin des oreilles indiscrètes. Elle me fait asseoir sur une chaise et s'assied en face de moi, ses yeux fixés sur mon visage.

— Parle-moi, Kenza. Dis-moi ce qui s'est passé, dit-elle doucement.

Je lutte pour trouver les mots, mes mains tremblant légèrement.

— Amine...  je... je ne peux plus, Salma. C'est trop. Il a tout gâché.

Salma hoche la tête, son visage montrant de la compréhension et de la compassion.

— Je comprends. Il t'a fait beaucoup de mal. Tu as le droit de vouloir te protéger.

Nous restons en silence un moment, et je sens une partie de la tension se relâcher. Juste au moment où je commence à me sentir un peu plus calme, j'entends un bruit de moteur à l'extérieur. Je me lève et regarde par la fenêtre. C'est Amine. Il sort de sa voiture, son visage marqué par la fatigue et la détresse.

— Oh non... murmuré-je, sentant la panique monter à nouveau.

Salma se lève à son tour, posant une main réconfortante sur mon bras.

— Laisse-moi lui parler d'abord, dit-elle fermement. Reste ici.

Je hoche la tête et la regarde sortir pour parler à Amine. Elle s'approche de lui, ses gestes sont calmes mais décidés. Je les observe par la fenêtre, voyant leurs silhouettes se découper dans la nuit. Ils échangent quelques mots, et je peux voir qu'Amine est agité, insistant pour me parler. Salma secoue la tête, parlant doucement mais fermement, essayant de le calmer et de le raisonner.

Finalement, après quelques minutes, Salma revient à la cuisine, Amine derrière elle jette un dernier coup d'œil et nos yeux se rencontre une fraction de secondes avant de se diriger vers la chambre, mais cette fois c'est diffèrent.

Le regard échangé avec Amine est chargé de sens, comme si en une fraction de seconde, toute notre histoire, avec ses hauts et ses bas, se déroulait devant mes yeux. C'est comme si chaque dispute, chaque éclat de rire, chaque moment d'intimité se résumait dans cet échange visuel intense. C'est un flash-back de notre passé, une rétrospective de tout ce que nous avons traversé ensemble, de tout ce qui nous a séparés. Mais cette fois, quelque chose est différent.

Dans ses yeux, je perçois la même douleur, la même désolation que celle qui me consume. Mais il y a quelque chose en plus, une résolution, une acceptation. Il semble réaliser que cette fois, il n'y a plus de retour en arrière possible, que nos chemins se sont définitivement séparés.

Malgré la tristesse et la colère qui bouillonnent en moi, je ressens aussi un soupçon de soulagement. En le regardant, je sens comme une libération, comme si je prenais enfin conscience que je mérite mieux, que je mérite un amour pur et sincère, sans compromis ni faux-semblants.

Je détourne les yeux, submergée par l'intensité de nos émotions entrelacées. Salma vient me rejoindre, sa main chaude posée sur mon épaule, m'offrant un réconfort silencieux.

— Tu as pris la bonne décision, Kenza, murmure-t-elle doucement. Ça va aller.


Une nuit étoiléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant