Chapitre 41

110 3 2
                                    

Je conduis à une vitesse folle, la colère bouillonnant en moi. Les phares de la voiture percent la nuit, éclairant la route sinueuse qui mène au port de Hammamet. Chaque virage pris trop rapidement me rappelle à quel point je suis hors de moi. Comment ose-t-elle me dire ça en pleine face ? Je ne suis pas parfait, loin de là, mais pour elle, j'ai toujours essayé de me comporter avec respect.

Je sais que l'incident de tout à l'heure avec Ines pourrait déformer la situation, mais elle doit avoir vu que j'étais pris au dépourvu, que je n'ai pas embrassé Ines en retour. Encore avec l'état d'Ines après notre discussion, elle aurait pu comprendre que dans cette chambre, rien de beau ne s'est passé.

Mais elle ? Elle choisit ce moment pour jouer à ce jeu stupide avec mon meilleur ami. Et lui, toujours à faire l'imbécile, se rapproche d'elle sans aucune considération. Ismail, le roi des clowns, qui se croit tout permis, sans se soucier des conséquences. Cette situation me rend fou.

Les souvenirs de la soirée reviennent en flash : les regards échangés, les sourires partagés entre elle et Ismail. Comment a-t-elle pu se laisser aller ainsi ? Tout cela me semble tellement irréel, comme si je regardais la scène depuis l'extérieur, incapable de stopper cette spirale de jalousie et de frustration.

En y repensant, cette phrase stupide résonne encore dans ma tête : "À ma nouvelle colocataire !" Gros con que tu es, Ismail.

J'arrive enfin au parking, il est 23h30. Le gardien, visiblement fatigué, ne semble pas me reconnaître tout de suite et se dirige vers moi d'un pas décidé.

"Vous n'avez pas le droit d'être ici à cette heure..." commence-t-il d'un ton autoritaire, avant de s'arrêter brusquement en me voyant de plus près. "Oh, Amine ! Ça va, mon fils ? Je ne t'avais pas reconnu."

Je lui adresse un sourire forcé. "Bonsoir, Hédi. Désolé pour l'heure tardive."

"Pas de problème, mon garçon," répond-il avec un sourire chaleureux, son visage se détendant. "Fais attention, il fait frais ce soir."

Je me dirige vers le bateau de mon oncle. Une fois à bord, je m'assois lourdement, essayant de calmer la tempête de pensées  qui m'envahit.

J'essaie de fermer les yeux un moment, espérant calmer l'agitation qui tourbillonne en moi. La brise marine et le léger balancement du bateau devraient m'apaiser, mais mon esprit est trop tourmenté pour trouver du répit. J'entends des pas qui approchent, puis le silence. J'ouvre les yeux et, à ma grande surprise, je vois Skander.

Oh non pas lui! Surtout pas lui.

Une nuit étoiléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant