Chapitre 47

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Mes jambes refusent de me porter, une vague de tremblements me secoue de la tête aux pieds. Je trébuche, avance à grands pas, hantée par ses paroles : "C'est vrai oui, mais ça n'a aucune importance, c'est de la vieille histoire."

Amine, je te maudis, je maudis le jour où nos chemins se sont croisés, les larmes que j'ai versées, l'incertitude qui m'a rongée. Mon esprit est un chaos, une cacophonie de douleurs et de regrets.

Les souvenirs de nos moments ensemble, autrefois réconfortants, sont maintenant des épines qui me lacèrent le cœur. Je serre les poings, mes ongles s'enfonçant dans ma paume, essayant de canaliser la douleur physique pour échapper à l'agonie émotionnelle.

J'essaie de marcher, mais la route vers la voiture me semble interminable, chaque pas une épreuve. 

Mes pensées se bousculent, tourbillonnent dans ma tête. Pourquoi m'a-t-il menti ? Pourquoi a-t-il minimisé l'importance de ce qu'il a fait ? Une colère sourde monte en moi, se mêlant à la tristesse et à la déception. Je me sens trahie, comme si le sol s'était dérobé sous mes pieds, me laissant tomber dans un abîme sans fin.

Et pourtant, à un moment, je n'étais pas folle. Il partageait les mêmes sentiments. Nous avons partagé des moments intenses, des rires, des confidences. Mais pour lui, c'est maintenant un lointain souvenir, insignifiant, qui ne valait pas la peine d'être dit. Tandis que moi, je suis restée follement amoureuse de lui tout ce temps. J'ai espéré, rêvé, et construit des châteaux en Espagne avec l'idée que nous pourrions être ensemble.

Entre l'amour et la haine, il n'y a qu'un fil, et c'est exactement ce que je ressens. Amine a planté des démons en moi, des démons qui me rongent de l'intérieur. Les yeux rouges de colère et de chagrin, je fixe la route devant moi. La vengeance est un plat qui se mange froid, dit-on, mais moi, je suis pressée. Je veux qu'il ressente la douleur, la confusion, et le désespoir que j'ai vécus.

Je m'effondre contre le capot de la voiture, mes mains tremblantes cherchant les clés dans mon sac. Enfin, je les trouve et ouvre la portière, me glissant à l'intérieur. Je m'assieds, le souffle court, et laisse les larmes couler librement. Mon corps secoué de sanglots, je serre le volant comme si c'était la seule chose qui me maintenait ancrée à la réalité.

Je repense à ses mots une dernière fois, cherchant un sens, une explication. Mais tout ce que je trouve, c'est un vide immense, une douleur insupportable. Je démarre la voiture, le moteur ronronnant doucement, et fixe la route devant moi.

Je sais ce que je dois faire. Je n'attendrai pas que la douleur s'estompe. Je vais lui montrer que je ne suis pas une victime. Qu'il sache que le fil qui sépare l'amour de la haine est devenu un piège qu'il a lui-même tendu.

Mon téléphone sonne, c'est Salma. Je décide de ne pas répondre, mais elle insiste. Je laisse sonner, refusant de lui parler maintenant. Un message apparaît sur l'écran, mais je ne prends même pas la peine de le lire.

Alors que je conduis, le téléphone continue de vibrer dans ma poche, ajoutant à mon agitation. Les larmes brouillent ma vision et la route devant moi semble se dissoudre dans un flou indistinct. Soudain, une voiture derrière moi commence à faire des appels de phare frénétiques. Elle roule à une vitesse folle, et je m'écarte prudemment sur la droite pour la laisser passer.

C'est alors que je remarque quelque chose de familier dans la silhouette de la voiture. Mon cœur rate un battement. C'est Amine. C'est sa voiture, je la reconnaîtrais parmi mille.

Le stress monte en flèche. Pourquoi me suit-il ? Qu'est-ce qu'il veut maintenant ? Les émotions contradictoires affluent, oscillant entre la colère, la douleur, et une étrange lueur d'espoir. Peut-être veut-il s'excuser, expliquer, réparer ce qui peut encore l'être.

Mais non. La trahison est trop profonde, la douleur trop vive. Je ne peux pas simplement lui pardonner. Pas après tout ce qu'il m'a fait endurer.

Je serre le volant plus fort, mes jointures blanchissant sous la pression. Amine continue de faire des appels de phare, insistant pour que je m'arrête. Mais je refuse de céder. Ignorant ses signaux, j'appuie sur l'accélérateur, déterminée à le laisser derrière moi.

Il commence à klaxonner, le bruit strident résonnant dans la nuit. Une sorte de course-poursuite s'engage alors. Il accélère pour me rattraper, je pousse la voiture à sa limite, luttant contre les larmes et la panique qui montent en moi.

Les rues défilent à toute allure, et je sens l'adrénaline me submerger, je négocie les virages avec une précision désespérée, tentant de le semer. Mais Amine s'accroche, sa voiture collée à la mienne comme une ombre indésirable.

Je cherche frénétiquement une issue, un moyen de mettre fin à cette folle course. Soudain, une ruelle sombre apparaît sur ma droite. Sans réfléchir, je m'y engage brusquement, espérant que la manœuvre surprendra Amine et lui fera perdre ma trace.

Mais il me suit de près et, d'un coup sec, me bloque le passage en mettant sa voiture en travers de la ruelle. Je freine brutalement, le cœur battant à tout rompre.

Amine sort de sa voiture, les larmes aux yeux, l'expression de son visage marquant à la fois la détermination et le désespoir. Il se dirige vers moi. C'est une confrontation que ni l'un ni l'autre ne peut plus éviter.

Je baisse la vitre, le souffle court. Il s'approche, et sa voix, brisée et tremblante, remplit l'espace entre nous.

— Kenza, écoute-moi, s'il te plaît... Je t'en prie, écoute-moi. Je je suis désolé, s'il te plait ne ne sors pas de ma vie, j'en suis incapable.

Je le coupe sèchement, refusant de céder à l'émotion dans sa voix.

— Pas besoin de dire désolé pour les choses que tu penses sincèrement, Amine.

Il bafouille, cherchant ses mots, ses yeux implorants.

— Je... je veux rester dans ta vie. Je... je m'excuse si... si j'ai...

— Je reste en contact qu'avec mes amis. Et honnêtement je ne veux pas t'avoir comme ami.  Attend comme tu l'as dit tout à l'heure, c'est de la veuille histoire, non ? dis-je d'un ton sarcastique.

Il ne répond pas immédiatement, mais finit par murmurer :

— Kenza, tu tu

Je le coupe net, gardant ma voix ferme.

Mes mains tremblent sur le volant, ma vision brouillée par les larmes de rage.

— C'est fini, Amine. Tu le vois pas ? Nous sommes finis. 

Je lui lance un dernier regard glacé, puis je remonte la vitre et démarre, le laissant derrière moi. Je ne me retournerai pas. Pas cette fois.

Une nuit étoiléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant