Chapitre 23

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Dans la valse incessante de la vie, Kenza avait souvent dansé au rythme des hauts et des bas. Elle avait traversé des moments de joie éclatante, mais aussi des périodes de désespoir profond.

La décision de s'envoler vers la France, loin de ses racines tunisiennes, n'avait pas été prise à la légère. C'était le fruit d'une vie entière vécue dans ce pays, façonnée par les épreuves traversées.

Kenza n'était pas étrangère aux épreuves. Derrière son sourire se cachaient les cicatrices d'une âme endurcie par les tourments de l'existence.

La douleur de ses sentiments pour Amine n'est qu'une distraction parmi tant d'autres. Il était son échappatoire une bouché d'air frais à un moment.

Choisir de partir, c'était enfin écrire un nouveau chapitre de sa vie, comme elle le souhaitait. Cette peur de l'abandon était un traumatisme qu'elle aurait dû guérir, mais elle a décidé de s'enfuir.

Sa maman a été atteinte d'un cancer, une maladie dont elle ne savait rien. Elle l'a accompagnée à chaque étape depuis l'annonce, les séances de radiothérapie et de chimiothérapie, une maladie dont elle ne savait rien. Elle avait vécu la plus grande des peurs, celle de perdre sa mère. Elle se sentait encore jeune, elle avait encore besoin d'elle. Personne n'est jamais prêt à perdre un proche, un parent. Pourtant, la maladie, la mort, ne sont pas des choses qui arrivent qu'aux autres.

Elle devait tout gérer sans dire un mot, sans exprimer sa fatigue. Elle a fini par perdre contact avec quelques amis, qui ont été lassés de son état dépressif. C'est ce qui l'a encore plus fait sombrer.

Se lever le matin, enfiler ses vêtements, préparer son petit déjeuner... Autant de gestes anodins qui prenaient soudain une dimension oppressante, comme si chaque action était une épreuve à surmonter. Le simple fait de se regarder dans le miroir lui renvoyait l'image d'une étrangère, d'une personne dont elle ne reconnaissait plus le reflet.

Car au fond d'elle-même, Kenza savait qu'elle devait continuer à vivre, même lorsque chaque souffle lui semblait être un effort surhumain. Car tant qu'il y avait de la vie, il y avait de l'espoir, même si ce dernier semblait parfois si ténu qu'il en devenait presque invisible.

Elle cherchait une épaule, une personne qui comprenait ce qu'elle vivait, juste de la compréhension... Alors, elle s'est renfermée sur elle-même, ne voulant pas de pitié, ne voulant pas être réduite à la maladie de sa mère. Elle cherchait à reprendre ses couleurs dans un torrent de larmes qui inondaient son oreiller chaque nuit depuis des mois.

Avec le temps, elle ne leur en veut pas. Elle essaie de comprendre que chaque personne a sa propre perception des choses, ses propres priorités. Pour elle, le fait qu'ils n'aient même pas pris la peine d'assister à son projet de fin d'étude eux aussi était la fin d'une amitié remplie de très bons souvenirs. C'était comme si ces moments partagés, ces rires partagés, n'avaient plus aucune valeur à leurs yeux.

Cela lui a fait réaliser que parfois, même les amitiés les plus solides peuvent se fissurer, se briser, sans crier gare. Elle a appris à accepter que tout le monde suit son propre chemin, même si cela signifie s'éloigner de ceux avec qui on pensait partager une connexion indéfectible.

Heureusement, certains de son entourage étaient là, l'aimant vraiment dans chacun de ses états. Leur présence constante, leur soutien inconditionnel lui ont rappelé que même lorsque certains s'éloignent, d'autres restent toujours là, prêts à la soutenir, à l'écouter, à sécher ses larmes. Ces amis fidèles étaient comme des phares dans la tempête, éclairant son chemin lorsque les ténèbres menaçaient de l'engloutir. Leur amour authentique lui a donné la force de continuer, de croire en elle-même, même quand tout semblait incertain.

Ils étaitent là dans ses moments de joie, mais aussi lors de sa perte de poids excessive, de sa dépression.

Aucun texte ne peut vraiment exprimer le traumatisme qu'elle a traversé, ce que sa famille a vécu en interne : des problèmes financiers à des moments, des coups de stress, le visage de sa maman qui change et ne pouvoir entendre sa voix pendant une année entière. Ces épreuves ont été comme des éclats d'obscurité dans sa vie, mais même au milieu de ces ténèbres, il était là, apportant un peu de lumière, un peu de réconfort.

Heureusement, elle commença à reprendre des couleurs, retrouve peu à peu son énergie et sa joie de vivre. Se recentrant sur elle-même, elle reprend contact avec des amis de longue date, renouant ainsi avec des liens précieux. Elle réalise que personne ne peut faire le chemin à sa place.

Peu à peu, Kenza se reconstruit, se redécouvrant elle-même et retrouvant confiance en ses capacités. Sa détermination et son courage lui permettent d'obtenir son diplôme, réalisant ainsi un rêve qu'elle pensait autrefois hors de portée.

Et puis, comme un rayon de soleil après la tempête, les nouvelles concernant la santé de sa maman commencent à s'améliorer. Après de longs mois de lutte, sa maman est en rémission, lui offrant ainsi un souffle d'espoir et de soulagement.

C'est là que Kenza se souvient d'une phrase que sa mère lui répétait souvent : "Merci aux roses, merci aux épines." Cette citation, si pleine de sens, prend soudain une nouvelle importance pour elle. Elle réalise que chaque épreuve, aussi difficile soit-elle, apporte avec elle une leçon, une expérience qui la rend plus forte et plus capable de rebondir.

Mais hélas malgré ses efforts sa peur de l'abandon s'était peu à peu insinuée en elle, comme une ombre lancinante qui assombrit chaque recoin de son existence. Perdre des amis qu'elle aimait profondément, vivre dans la crainte incessante de voir sa mère s'éteindre et maintenant, c'était au tour de perdre l'homme qu'elle aimait. C'était tout simplement trop à supporter.

Une nuit étoiléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant