Chapitre 56

97 1 1
                                    

Dernière touche de fard à joues, et je suis prête. Je me contemple dans le miroir, et pour la première fois depuis longtemps, je me trouve belle. La robe que Beya m'a prêtée me va à ravir. Une vague de confiance nouvelle m'envahit, chassant les doutes qui m'ont habité ces derniers jours.

Beya me regarde avec des yeux brillants, un sourire fier illuminant son visage. Elle s'approche et ajuste une mèche de cheveux derrière mon oreille.

Je prends une profonde inspiration, sentant l'excitation monter en moi. En sortant de la chambre, je suis accueillie par les sifflements enthousiastes d'Ahmed et Elyess. Ils sont affalés sur le canapé, mais leur réaction est instantanée dès que j'entre dans le salon.

— Eh bah, t'es canon !!! s'exclame Elyess, levant son pouce en signe d'approbation.

Ahmed ajoute en riant : — Ismail va avoir du mal à te quitter des yeux ce soir.

Je souris timidement, sentant mes joues rosir légèrement sous leurs compliments. Je jette un coup d'œil à l'horloge. L'aiguille des minutes semble avancer plus lentement, et chaque seconde qui passe me rapproche de l'arrivée d'Ismail.

Je me dirige vers la fenêtre, regardant la rue en bas, attendant le moment où la voiture d'Ismail apparaîtra. Les lumières de la ville commencent à s'allumer, ajoutant une atmosphère magique à l'attente. Je prends une dernière grande inspiration, me préparant mentalement à la soirée qui nous attend.

— Si je te connaissais pas de près, j'aurais dit que t'es une putain de michto, ajoute Ahmed avec un clin d'œil.

Je ne peux m'empêcher de sourire, malgré la nervosité qui me serre le ventre. La voiture est magnifique, brillante sous les lumières de la rue. Ismail a vraiment mis le paquet pour ce soir. Je prends une dernière inspiration, vérifiant une fois de plus mon reflet dans le miroir.

Les garçons continuent de plaisanter et de faire des commentaires, mais je ne les écoute plus vraiment.

Beya, stupéfaite, se rappelle soudain qu'elle a oublié le collier qu'elle voulait que je porte ce soir.

— Attends-moi deux secondes, je pars chercher le collier ! s'exclame-t-elle, se précipitant vers la salle de bain.

— Non, c'est pas grave

Dehors, Ismail m'attend, appuyé contre une voiture luxueuse. Il est habillé d'une chemise blanche impeccable et d'un pantalon . Son sourire est éclatant. Son apparence soignée et son attention aux détails ne font qu'accentuer son charme.

— Waouh, tu es magnifique, dit-il en me voyant.

Je souris timidement, appréciant son compliment.

— Merci, toi aussi tu es très élégant.

Pendant ce temps, à l'intérieur de la villa, Beya continue de fouiller dans la salle de bain. Elle trouve enfin le collier qu'elle cherchait, mais en le prenant, son regard tombe sur le panier de linge sale. Là, au milieu des vêtements, se trouve la chemise de Skander, tachée de sang. Son cœur se serre et une vague de panique l'envahit.

Les mains de Beya commencent à trembler alors qu'elle fixe la chemise. Son esprit s'emballe, essayant de recoller les morceaux de ce mystère qui plane sur nous depuis ce matin. Les bribes de conversations, les regards échangés, les comportements étranges... Tout commence à prendre un sens.

Elle reste là, immobile, la chemise ensanglantée entre les mains, ses pensées s'entrechoquant. Le sang, la dispute entre Amine et cet inconnu sur le bateau, le comportement bizarre de Skander... Une vague de peur l'envahit alors qu'elle réalise que quelque chose de très grave s'est passé. Soudain, elle se rappelle de la blessure à la main d'Amine, celle que je lui avais décrite plus tôt.

— Skander... murmure-t-elle, la voix brisée par la peur. Qu'est-ce que tu as fait ?

Ses pensées affluent, confuses et inquiétantes. Elle se souvient de la matinée, de l'attitude étrange de Skander, de son silence inhabituel. Pourquoi portait-il des lunettes de soleil à l'intérieur ? Pourquoi semblait-il si agité ? L'inquiétude de Beya se transforme en terreur pure. Elle comprend qu'il y a quelque chose de plus sombre et de plus dangereux à l'œuvre.

Sa respiration s'accélère, et elle sent son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine. Elle regarde la chemise, les taches de sang comme des preuves tangibles d'un événement terrible. Mais au moment où elle se prépare à sortir de la salle de bain, elle entend une voix qui l'appelle.

— Beya, tout va bien là-dedans ? demande Ahmed, inquiet de son absence prolongée.

Elle sursaute, reposant précipitamment la chemise dans le panier de linge sale.

— Oui, oui, tout va bien, je... j'arrive, répond-elle, sa voix tremblante.

Elle jette un dernier coup d'œil à la chemise ensanglantée avant de quitter la salle de bain, l'angoisse pesant lourdement sur ses épaules elle se dirige résolument vers la chambre de Skander, la chemise toujours dans la main.

La lumière tamisée du couloir projette des ombres inquiétantes sur les murs, ajoutant une atmosphère sinistre à sa démarche. Arrivée devant la porte, elle hésite un instant, sentant la tension monter d'un cran. Elle prend une grande inspiration, essayant de calmer les tremblements de ses mains.

D'un geste résolu, elle ouvre la porte et entre dans la chambre. Skander est allongé sur le lit, ses lunettes de soleil toujours sur le visage, comme une barrière entre lui et le monde extérieur. La scène est presque surréaliste, son apparente tranquillité contrastant violemment avec le tumulte intérieur de Beya.

Elle marche jusqu'à lui, ses pas résonnant sur le parquet, et ouvre brusquement les stores. La lumière inonde la pièce, et Skander grogne, se retournant pour échapper à la clarté soudaine. Mais Beya n'a pas de temps à perdre. Elle arrache les lunettes de soleil de son visage, révélant un œil enflé et entouré d'un hématome sombre. Le choc est instantané, la colère et la peur se mélangeant en elle.

— Espèce de merde, explique-moi tout de suite ! hurle-t-elle, la voix tremblante de rage et d'inquiétude.

Elle lui jette le tissu ensanglantée en pleine figure, le tissu tombant mollement sur ses genoux. Skander se redresse d'un bond, sa main allant instinctivement vers son œil blessé. Il regarde Beya, confus et alarmé, avant de baisser les yeux sur la chemise tachée de sang à ses pieds. Le silence dans la pièce est lourd, chaque seconde qui passe augmente la tension.

— Beya, c'est pas ce que tu crois, commence-t-il, sa voix rauque et hésitante.

— Pas ce que je crois ?! Tu te fous de moi ?! s'exclame-t-elle, le visage rouge de colère.

Skander se passe une main nerveuse dans les cheveux, cherchant ses mots. La panique est visible dans ses yeux, mais Beya ne relâche pas son regard perçant.

— Je je..

Une nuit étoiléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant