Chapitre 43

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Je le regarde, stupéfait. Comment ose-t-il venir ici me parler de ça ? Comment ose-t-il me parler après que nous en soyons arrivés là avec Kenza à cause de lui ?

— Skander, tu te fous de moi ? Comment oses-tu parler d'arrangement après tout ce qui s'est passé ? Après tout ce que Kenza et moi avons traversé à cause de tes conseils à la con ?

Il garde son calme, mais je peux voir la tension dans ses yeux, comme une corde prête à se briser.

— Écoute, Amine, je sais que tu m'en veux, mais il faut qu'on parle. Pour le bien de Kenza.

Je serre les poings, mes ongles s'enfonçant dans mes paumes, essayant de maîtriser la colère bouillonnante en moi. Skander a toujours su appuyer sur mes points sensibles, mais cette fois, je ne vais pas me laisser faire.

— Pour le bien de Kenza ? Tu te fous de moi ! C'est à cause de toi que tout est parti en vrille. Tu m'as fait promettre de rester loin d'elle, de ne rien tenter. Et regarde où ça nous a menés.

Il soupire, baissant les yeux un instant avant de me regarder de nouveau, ses yeux cherchant une rédemption impossible.

— Je sais. J'ai merdé. Mais c'était pour la protéger. Je pensais vraiment que c'était la meilleure chose à faire.

Je secoue la tête, incrédule, sentant une douleur sourde monter en moi.

— Et maintenant ? Tu veux quoi, Skander ? Que je continue à jouer ton jeu ? Que je la laisse encore une fois ?

— Tout ce que j'ai fait, c'était avec de bonnes intentions, tu le sais, dit Skander, sa voix emplie de sincérité, mais trahissant une once de panique.

Je le regarde avec une colère contenue, les souvenirs de toutes les fois où il m'a conseillé de rester loin de Kenza envahissant mon esprit comme des fantômes.

— Depuis tout ce temps, tu savais que c'était réciproque et tu n'as rien dit.

Je le pousse, ma frustration éclatant enfin, mes mains tremblant de rage.

— Et maintenant, tu viens ici, à ce moment précis, me parler de ta merde ? Regarde ce qui se passe, Skander ! Regarde ce que ça a causé entre nous !

Il trébuche légèrement sous l'impact de ma poussée, mais ne recule pas. Son regard reste fixé sur le mien, déterminé mais désespéré.

— Je sais, Amine. Je sais que j'ai tout gâché. Mais je pensais vraiment que c'était la meilleure chose à faire. Je voulais la protéger, te protéger.

— La protéger ? La protéger de quoi ? De moi ? Tu n'as fait qu'empirer les choses !

— Calme-toi, nous devons parler comme des adultes. Laisse-moi terminer ce que je suis venu dire.

Je prends une profonde inspiration, essayant de calmer la tempête intérieure qui menace de m'emporter. L'air salé de la mer emplit mes poumons, mais ne parvient pas à apaiser ma colère.

— Je sais que ce que j'ai fait est en partie une mauvaise chose, mais d'un autre côté, c'est... c'est un mal pour un bien, dit-il, visiblement paniqué.

Un bien ? Où est le bien dans tout ça ? Ma colère atteint son paroxysme, je sens mon poing se crisper.

Je le fixe, incrédule. Un bien ? Où est le bien dans tout ça ? Les souvenirs de la soirée défilent dans mon esprit : la tension, les regards échangés, les mots blessants. Je sens mes poings se crisper alors que la colère monte en moi, prête à exploser.

Incapable de me contenir plus longtemps, je lui donne un coup en pleine gueule. Skander recule, titubant, une main sur sa joue, et s'effondre sur le sol, sonné.

— Un bien ? répété-je, ma voix tremblant de rage. Où est le bien dans tout ça ? Tu vois ce qui se passe avec Ismail ? Tu te rends compte de ce que tu as fait ? De l'endroit où nous sommes arrivés ?

Skander tente de se redresser, ses yeux écarquillés de surprise et de douleur. Il essaie de parler, mais les mots se bloquent dans sa gorge.

— Amine, écoute-moi, c'est plus compliqué que ça... commence-t-il, sa voix cassée.

— Compliqué ? Tu as tout compliqué, connard ! criai-je. Sors d'ici avant que je te pète la gueule !

— Laisse-moi finir ce que je suis venu faire, je suis ici pour le bien de mon amie. Ne lui dis rien, je t'en supplie. Si tu lui dis ce que tu ressens, elle va mettre une croix sur son rêve. Ne gâche pas son avenir. Elle ne partira jamais en France si tu lui dis maintenant.

Je le fixe, la mâchoire serrée, les poings toujours crispés. Les mots de Skander résonnent dans ma tête, mêlant colère et confusion. Il continue, désespéré :

— Elle a travaillé si dur pour cette opportunité. Si elle sait ce que tu ressens, elle renoncera à tout ça pour rester avec toi. Tu veux vraiment qu'elle sacrifie son avenir pour toi ?

Les images de Kenza, de ses rêves et de ses espoirs, défilent dans mon esprit. Mon cœur se serre à l'idée de la priver de cette chance, mais la trahison de Skander, sa manipulation de nos vies, me pousse à bout.

— C'est toi qui as tout gâché, répliqué-je, la voix tremblante de rage. Si tu tenais vraiment à son bonheur, tu n'aurais pas fait ça dans son dos.

Skander baisse la tête, incapable de soutenir mon regard.

— Peut-être, murmure-t-il. Mais il est encore temps de réparer les choses. Ne lui dis rien, laisse-la suivre son chemin.

Je prends une profonde inspiration, essayant de calmer la tempête intérieure. Mon cœur et ma tête sont en conflit, tiraillés entre le désir de tout révéler à Kenza et la peur de compromettre son avenir.

— Casse-toi, dis-je enfin, la voix basse mais ferme. Sors d'ici et ne reviens plus jamais.

Skander hésite un instant, puis tourne les talons et s'éloigne. Avant de disparaître, il se retourne et ajoute :

— Tu ne seras jamais heureux avec elle si elle renonce à son rêve pour toi. Réfléchis bien.

Je reste là, regardant son ombre s'effacer, tandis que ses paroles résonnent en moi, me laissant seul avec mes doutes et mes regrets.

Une nuit étoiléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant