𝒸𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝓋𝒾𝓃𝑔𝓉-𝒸𝒾𝓃𝓆

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"Trop focalisés sur l'acte de tuer, ils en oubliaient celui de mourir."

La Faucheuse, Thunderhead, Neal Shusterman, 2019







𝒮𝒽𝒶𝓃𝑒

𝕵'avais déjà passé de meilleures soirées que celle-ci.

Mon nez plongeait dans mon verre à chaque fois que la frustration me gagnait. Je n'arrêtais pas de surveiller de loin Davis, mais ce dernier ne cessait de se pavaner au milieu de groupes trop imposants pour me permettre de m'isoler avec lui et discuter.

Une migraine commençait à massacrer mon crâne. Je reposai mon verre de champagne. Je pouvais sentir l'eau de Cologne de Davis d'ici. Ça empoisonnait mon nez. Ce type empestait, c'était terrible.

Il serra la main à son interlocuteur pour quitter le groupe. Je fis un pas vers lui... mais il se fit directement happer vers quelqu'un d'autre.

Je commençais sérieusement à perdre patience.

Il me fallait un peu d'air.

Mes jambes me portèrent jusqu'au balcon de l'étage que je supervisais. Un vent chaud caressa mes joues fraichement rasées. J'enfonçai les mains dans mes poches de pantalon, les pans de ma veste beige caressant mes poignets.

Le soleil couvrait les zones de désert d'un voile cuivré. La terre sèche couleur brique resplendissait de mille feux. La vision était absolument magnifique. Dommage que la soirée me fasse aussi chier.

— Bonsoir.

Je pivotai le visage à ma droite, sur une jeune femme qui ne devait pas être bien plus âgée que Norah. Peut-être vingt-cinq ans, tout au plus.

— Bonsoir, répondis-je en reportant mon regard sur l'horizon.

— Vous êtes pensif.

— La fatigue.

Son parfum fleuri était à tomber. Et sa tenue tout de noir lui allait à ravir. Je n'avais rien contre une compagnie féminine ce soir, spécialement depuis que Salim m'avait autant brisé les couilles la veille.

— Ruby... c'est mon prénom.

Je jetai un nouveau coup d'œil vers elle.

— Shane.

— Le bras-droit du Corbeau, sourit-elle avec flatterie.

— Lui-même.

Je me tournai face à elle et lui tendis une main qu'elle serra de ses doigts fins. Si elle était là pour me cirer les pompes, j'allais certainement pas refuser.

— Est-ce que le Corbeau vous fait travailler ce soir ou... vous êtes libres pour du divertissement ?

— Tout dépend du divertissement.

Derrière ses cils maquillés, elle me servit un regard explicite.

— T'es venue seule, Ruby ?

— Mon père est là, mais il est occupé.

Elle tira une cigarette et la coinça entre ses lèvres avant de m'en proposer une. J'acceptai. Ses yeux bleus ressortaient derrière ses cheveux d'un brun quasiment noir. On aurait fait des jolis mioches, si j'étais d'humeur à fonder une famille.

J'approchai mon propre briquet de sa cigarette, enflammant le bout avant d'allumer la mienne.

— C'est rare de vous voir en ville.

𝐀𝐁𝐘𝐒𝐒𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant