𝐀𝐁𝐘𝐒𝐒𝐄𝐒

𝒸𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝓈𝑒𝒾𝓏𝑒

"C'est vrai quand on dit que les enfants ne connaissent pas la haine ou les préjugés à la naissance, [...]. C'est nous qui leur apprenons ces choses."

— Date me, Bryson Keller, Kevin Van Whye, 2023

♖

𝒜𝔰𝔦𝔞

𝕴l devait bien s'être écoulé une dizaine de minutes depuis que je faisais les cents pas dans le hall, enregistrant ce que Donovan et les Valencia avaient à me donner comme informations. J'avais renvoyé Norah chez elle. Si elle traînait encore dans mes pattes quand je n'avais pas à être accompagnée, j'allais finir par lui dire de se la fermer. Et la miss allait se vexer.

Elle me rajoutait plus de problèmes que je n'en avais déjà, et le dernier en date était de taille. Un de mes hommes venait de se faire tuer lors d'un de mes transports. Les quelques témoins dont les policiers avaient recueilli des dépositions n'avaient rien offerts d'important, et rien dans nos caissons n'avait été volé. En revanche, ça attirait le regard sur nos affaires, et j'étais frustrée de devoir payer des policiers pour que nos noms restent en dehors des procès.

Et au sommet de ma frustration, il y avait la marée d'inconnue qui s'écoulait autour de ces taupes qui attaquaient mes hommes et qui venait d'en tuer un.

C'était de plus en plus fréquent. Et de plus en plus inquiétant.

— ... voilà, termina Valencia.

— Ouais, donc vous n'avez absolument aucune information, résumai-je. Aucune identité, aucune arme, juste un mort sur les bras.

Dax observait la scène en retrait, posté près de la porte. Le regarder éclaircissait un peu mes pensées.

Il y avait une chose que je n'avais pas encore essayée pour attraper les enfoirés qui tentaient de me planter un couteau dans le dos...

— On va faire la prochaine transaction illégale nous-mêmes.

— Pardon ?

— T'as très bien entendu, Donovan.

Si je voulais avoir une chance de découvrir qui se cachait derrière ces attaques, mais que ces personnes ne souhaitaient pas venir à moi, alors j'allais venir à elles.

Donovan resta sans un mot un long moment, épluchant mes dernières paroles. Il secoua la tête, dubitatif, et riposta :

— Patronne, c'est complètement irresponsable.

— C'est pas parce que tu mets le mot patronne avant ton intervention qu'elle est plus pertinente. Je crois pas t'avoir demandé un avis, tu vois ?

— Alors à quoi je sers en tant que bras-droit ?

— J'en sais rien, crachai-je avec véhémence. Tu m'sers à rien, c'est ça que tu veux entendre ? Parce que l'un de nous vient de se faire flinguer, et t'as rien trouvé pour arranger cette situation. Donc, je répète même si je déteste ça, on va s'occuper du prochain transfert. Et l'autre qui sait pas marcher correctement vient aussi tant qu'on n'a pas du nouveau sur le client qui était présent à la soirée de Davis. Est-ce que quelqu'un d'autre veut me faire chier aujourd'hui et ajouter quelque chose ?

Ils n'aimaient définitivement pas l'idée, et ça m'était complètement égal. Il me fallait trouver le joueur qui se permettait de dégager mes pions de mon plateau de jeu, et l'abattre sans scrupules. Maintenant qu'il avait mis à mort l'un des miens, je n'allais pas avoir d'éthique pour lui ou les siens.