𝒸𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝓉𝓇𝑒𝓃𝓉𝑒

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"Elle se blottissait dans le silence en espérant qu'il la protège."

Seule, Nesrine Slaoui, 2023

















𝒩𝑜𝓇𝒶𝒽



𝔐a vision troublée par l'angoisse de tomber de nouveau sur cet homme me fit me cogner de partout lorsque je traversai les couloirs et dévalai l'escalier. Je tombai sur des toilettes. Rapidement, je me passai un filet d'eau frais dans la bouche et sur ma nuque avant de repartir aussitôt. Je marchai sans prêter attention au reste.

Tout ce que je voulais, c'était Asia et sa sécurité.

Au travers de la foule devenue bien plus dense, je déambulai en percutant maladroitement des invités. Mes excuses s'apparentaient à d'incertains bafouillements. Ma tête tournait et la nausée plantait ses griffes acérées dans mon estomac.

Mes yeux parcouraient avec frénésie les visages autour de moi, mais je n'y discernai que des faciès inconnus. Je devais avoir l'air d'une pauvre fille paumée, au vu de leurs regards, et mon rythme cardiaque n'était pas des moindres.

Je me hâtai de traverser le hall afin de rejoindre la salle de réception. Passé le cadre de la porte, je me cognai à un homme qui me rattrapa par les bras. Avant de vouloir me débattre pour me sauver, sa voix s'éleva :

— Ma puce, ça va ?

L'air qui compressait douloureusement mes poumons s'évada enfin lorsque je redressai les yeux sur Shane. Mes bras enlacèrent son torse et son parfum familier eut le don de me rassurer en une fraction de seconde. Il me rendit mon étreinte, de ses mains frottant le haut de mon dos.

— Eh bah, murmura-t-il. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— Où est Ray ? demandai-je en m'écartant d'un pas de lui.

— Je suis là, répondit-elle. Qu'est-ce qu'il se passe ?

Elle apparut derrière Shane, une mine soucieuse sur le visage. Une de ses mains quitta sa poche de pantalon pour venir se poser sur ma taille. D'une poigne ferme, elle me tira vers elle et nous isola contre un mur.

— Qu'est-ce qu'il y a, répéta-t-elle avec fermeté.

— Je... j'ai... commençai-je à bégayer.

Mes doigts trituraient sa ceinture, la gardant auprès de moi. Elle me coupait du reste du monde et alors que je réfléchissais aux mots à employer pour lui témoigner ce qu'il venait de se dérouler, Maverik me coupa dans mon élan. Il invita tout le monde à prendre place autour de la grande table de dîner.

La table mangeait une bonne partie de la pièce dans laquelle prenait place le repas. Décorée de roses noires et de chandelle, elle amoindrissait le risque d'une surstimulation sensorielle. Shane et les Valencia prirent place sur trois chaises, et Asia et moi nous installâmes en face.

À quelques mètres de là, j'aperçus mon bourreau de ce soir s'installer aussi, et ma jambe s'agita sur place, le talon de ma chaussure tapant le sol. La main froide d'Asia appuya sur ma cuisse.

— Mais il t'arrive quoi, bon sang ? me chuchota-t-elle à l'oreille.

Qu'est-ce qu'il se passerait si je lui avouais ? Je ne voulais pas de scandale ce soir, et même si je m'en voulais de ne pas être parvenue à prendre ma propre défense, il était hors de question qu'Asia règle les choses à sa manière. Ou bien, elle n'en aurait strictement rien à foutre, et son indifférence me briserait le cœur.

𝐀𝐁𝐘𝐒𝐒𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant