𝒸𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝓉𝓇𝑒𝒾𝓏𝑒

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"Ain't no sunshine when she's gone. It's not warm when she's gone."

"But if we are wise, we know that there's always a tomorrow. Lean on me when you're not strong, and I'll be your friend, I'll help you carry on."

Ain't No Sunshine & Lean On Me, Bill Withers, 1994






𝒩𝑜𝓇𝒶𝒽

𝔇es coups à la porte me tirèrent de force de mon sommeil, brutalisant le peu de repos que j'étais parvenue à voler à mon anxiété qui me gardait éveillée depuis la soirée à l'aquarium. Le débardeur collait à ma peau. Ici, la chaleur était toujours aussi intense.

Rien n'avait changé, si ce n'était que j'avais définitivement mis un pied dans le monde aux lois ambigües d'Asia Ray et son palais. La même atmosphère ardente plombait l'oxygène de mon appartement. Le même sol gondolé portait mon matelas sans sommier. Les mêmes traces de moisissures noircissaient quelques endroits cachés du lieu.

Tout était identique, à une différence près, mon frigo était rempli de produits de qualité.

Je repoussai mes cheveux et frottai mon visage avec l'espoir de reprendre pleine possession de mon esprit.

Trois nouveaux coups furent tapés.

Je me levai et traversai la pièce. Adeline se tenait là, son casque de scooter à la main.

— Bonjour mademoiselle. T'as meilleure mine.

Je lui laissai le passage. Son jean large bleu et son cardigan court et blanc couvraient son corps. Elle aussi, elle avait bonne mine.

Je n'eus pas le temps de la retenir qu'elle avait déjà ouvert un placard pour récupérer un verre. Elle resta statique. J'y avais rangé des paquets de pâtes. Pas de ceux de nouilles instantanées que je prenais d'habitude, mais ceux qui me faisaient toujours de l'œil avant de me détourner en voyant leur prix.

— Whoa, tu t'es fait plaisir, sourit-elle.

Puis son sourire se fana. Elle referma le placard et me lança un regard suspicieux.

— Ne me dis pas que tu ne mets plus de côté. Tu vas partir de ce trou à rat, Norah, je te préviens.

— Je pars toujours...

Je n'allais pas être capable d'éviter le sujet pendant des mois, prétexter tout et n'importe quoi pour ne plus aller au bar.

— ... c'est juste que... j'ai...

Les mensonges qui défilaient dans ma tête n'étaient pas le moins du monde convaincants. Je sortis celui qui me paraissait le moins absurde.

— ... j'ai trouvé un travail à la fac. Un professeur m'a proposé de l'assister juste cet été pour des cours particuliers. L'aider à s'organiser, tu sais, euh... voilà.

S'il m'était simple de mentir aux autres, mentir à Adeline était une sacrée épreuve. Épreuve que j'étais loin d'avoir surpassé haut la main. Ses sourcils se froncèrent.

— C'est une façon détournée de m'annoncer que ton prof se tape son élève et qu'il te paie pour ça, ou il t'a vraiment demandé de l'aide pour... s'organiser ?

Ah, je crois que ce mensonge aurait été bien plus simple à assumer. Pourquoi je n'y avais pas pensé avant ?

C'était trop tard, foutue pour foutue, je dis :

𝐀𝐁𝐘𝐒𝐒𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant