𝒸𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝓉𝓇𝑒𝓃𝓉𝑒-𝒸𝒾𝓃𝓆

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"l'amour c'est beau
mais l'amour ça ronge"

Ève, lune_aire, 2024

















𝒜𝔰𝔦𝔞



𝔐on esprit embrumé renvoyait à mon estomac une sérieuse envie de régurgiter tout ce que j'avais avalé ces dernières heures.

C'est-à-dire... pas grand-chose.

Le bureau empestait l'herbe et l'épaisse fumée était visible autour de moi. Combien de temps s'était écoulé sans que je quitte cette pièce ? Le bourdonnement de mes oreilles ne voulait pas me laisser de répit. Les hurlements de Norah avait déclenché une crise auditive dont je n'arrivais pas à me dépêtrer. Et je m'étais enfermée ici pour ne plus faire face à tous mes échecs et toutes mes pensées.

C'était tout juste si je parvenais à bouger de mon siège. Entre la migraine et la nausée, mes membres engourdis et mon esprit éreinté, il m'était difficile d'ordonner à mon corps d'agir convenablement. Et je haïssais ça. Cette perte de contrôle sur moi.

Cette semaine avait été... terrible.

J'avais rarement, pour ne pas dire jamais, atteint un tel sentiment d'inconfort sous mon propre toit. Quelque chose n'allait pas.

Quelque chose n'allait vraiment pas.

Je ne gérais plus rien correctement. J'avais cru avoir raison, sur tout, avec tout le monde. Et voilà que les relations que j'entretenais s'étaient détériorées en une fraction de seconde.

Il me fallait remettre de l'ordre dans mes idées, mais ça m'effrayait de devoir le faire. Alors, à la place, je fumais.

Même au temps où Shane et moi aimions partager un joint et un verre, je n'avais jamais été à ce point arrachée.

Qu'est-ce qui me prenait ?

Pourquoi les choses ne pouvaient pas fonctionner comme je l'entendais ?

Pour ne pas avoir à répondre à ça, je me roulai un énième joint.

Je regrettais notre précédente entente entre la miss et moi. J'avais osé penser que c'était compliqué, mais ça n'était rien en comparaison à cette semaine. Et je devais bien admettre que ça me pesait plus qu'autre chose. Elle était bornée, elle ne voulait pas lâcher le morceau... et moi non plus.

Une nostalgie dont je n'aurais jamais soupçonné l'existence avait pointé le bout de son nez et me poussait à me mettre dans cet état. La mélancolie face à notre précédente complicité, si maigre avait-elle été. Norah l'avait rendue simple, et aujourd'hui, tout était compliqué.

Nous avions plus urgent et plus préoccupant à gérer, pourtant, c'étaient tous ces échanges houleux entre moi et les autres membres du palais qui assaillaient mon esprit. Et le tout m'empêchait de correctement travailler. J'en avais même oublié que quelqu'un attaquait mes camions.

Tout ce que je voulais, c'était que quelque chose sorte de moi et remette les choses à sa place. Gueuler un coup, insulter, envoyer chier. Peu importe. Mais que les choses redeviennent simples. Et je savais que ce ne pouvait être possible que si je cessais de vouloir imposer ma loi. Il y en avait une pour qui ça ne fonctionnait pas.

J'étais peut-être un peu trop ambitieuse, ce soir, ou trop optimiste quant à mon état, mais je trouvai que me lever était une idée de génie.

Raté, ma belle.

𝐀𝐁𝐘𝐒𝐒𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant