𝒸𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝓋𝒾𝓃𝑔𝓉-𝓈𝒾𝓍

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"— Je suis une tapette ?
— Non... t'es peut-être gay, mais t'es pas une tapette."

Moonlight, Barry Jenkins, 2016







𝒩𝑜𝓇𝒶𝒽

𝕵e m'étais perdue à mon propre jeu ce soir...

À trop vouloir comprendre comment fonctionnait Asia Ray, j'en étais venue à tomber dans le mystère qu'elle représentait... et j'étais à genoux pour obtenir tous ses secrets.

Je n'avais jamais rencontré une personne aussi intrigante... et intimidante à la fois.

Elle reposa son bras sur le dossier de ma chaise, provoquant une chaleur dans mon dos.

Depuis le début de la soirée, sa présence m'était insoutenable...

... et personne ne s'en rendait compte.

Les mêmes éléments tournaient en boucle dans ma tête comme un brouhaha incessant et assourdissant. C'étaient ses répliques superposées en continu, ses gestes répétés sans cesse dans ma tête, son odeur et son regard accélérant la cadence de mon cœur.

J'avais certainement trop bu, ce qui n'aidait pas. J'avais avalé mon assiette d'une traite pour essayer de me redonner un peu de force et tasser l'alcool, prétendant avoir faim. J'avais même cherché un sujet de conversation futile tel que nos stupides cicatrices en commun dans le creux de nos mains... j'avais pu l'effleurer grâce à ça.

Mais j'étais incapable de m'effacer le déroulement de cette soirée de la tête.

En quelques phrases, elle venait de tout déranger là-haut... et en bas.

Toutes ses allusions sexuelles avaient quelque chose en commun. Ce n'était jamais moi qui faisais... mais elle qui offrait.

Elle ne sous entendait pas que je devais m'occuper d'elle... mais qu'elle s'occuperait de moi.

Ça ne m'était jamais arrivé jusque-là malgré tous les clients que j'avais eus au bar. Et l'alcool ne m'aidait pas. J'avais chaud. J'avais soif. Et maintenant, je ne pouvais me retenir d'observer mon accompagnatrice avec une pensée déplacée qui me faisait rougir : qu'est-ce que ça donnait, Asia Ray qui faisait du bien à une femme ?

Je crois que l'idée qu'elle avait passé la nuit avec cette femme habillée de rouge l'autre fois, à quelques pas de moi seulement, m'avait autant irrité que nourri ma curiosité.

Je ne pouvais plus arrêter de me l'imaginer. Je n'y pouvais rien ! J'essayais tant bien que mal d'y remédier, de retourner à nos échanges exécrables habituels... mais elle avait un autre visage quand il s'agissait de faire semblant d'être amoureuse devant les gens.

Il me fallait quitter cet endroit et dormir. Ça allait remettre mes idées en place.

En attendant, je subissais cette soirée où régnait une mauvaise ambiance entre nous dans le groupe, pour je ne sais quelle raison, et une atmosphère euphorique autour de nous, dans la salle.

Asia avait posé sa main gauche à l'intérieur de sa cuisse opposée, le bout de ses doigts sous sa jambe. Elle était faiblement penchée vers moi, part son autre bras en appui sur mon dossier. Et je pouvais voir tous ses tics qui, ce soir, avaient un tout autre effet sur moi.

𝐀𝐁𝐘𝐒𝐒𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant