𝒸𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇𝑒 𝓋𝒾𝓃𝑔𝓉-𝓉𝓇𝑜𝒾𝓈

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"I'm not supposed to like you this way."

Eyewitness, Adi Hasak, 2016






𝒮𝒽𝒶𝓃𝑒


𝕸es yeux divaguaient sur le rectangle obscur qui faisait office d'ouverture sur la cuisine face à moi.

La nuit avait complètement envahi le palais et Asia venait de s'enfermer dans ses appartements après avoir fait un tour dans le jardin.

Je planais complet.

L'odeur singulière de l'herbe s'élevait entre Salim et moi, avachis sur le canapé. Une fin de joint s'éteignait dans le cendrier.

Norah ne dormait qu'à quelques pas de là. Je revoyais ses yeux rouges lorsque je l'avais étouffé. Je m'entendais lui dire désolé. Et cette question... cette question sur les cicatrices d'Asia pesait dans ma mémoire.

Ce n'était pas que je ne voulais pas lui dire, c'était que je ne pouvais pas. Je portais ce secret avec moi, et même si la lourdeur de ces explications creusait un trou béant en moi, je me devais de le supporter. C'était ma punition pour ne pas avoir pu empêcher certains évènements de se dérouler dans un passé qui nous collait à la peau.

Je le devais bien à Ray. C'était elle qui trimballait le plus lourd de toute cette histoire, alors je protégeais ses secrets même si je désespérais pouvoir me confier.

— Shane.

— Ouais, expirai-je en quittant ma léthargie de défoncé.

— Arrête de ruminer, Norah s'en remettra, c'est juste un coup de pression comme un autre.

Il avait raison, et je le savais. Mais c'est que des coups de pression, elle s'en recevait à la pelle. Elle portait un bagage déjà bien lourd avant d'arriver ici, et je n'avais pas envie d'en rajouter une énième couche. L'avenir lui réservait sans aucun doute encore pas mal de mauvaises expériences.

— Eh.

— Ouais, j'ai compris, Valencia.

Sa main se déposa sur ma cuisse pour la tapoter. Je le toisai d'un regard noir. Il devenait affreusement tactile lorsqu'il fumait. Moi, je perdais simplement ma concentration, ou bien, je ne contrôlais plus sur quoi elle se dirigeait.

Mon entière attention n'étant plus dirigée sur lui, il empoigna ma nuque et exerça une pression qui parlait pour lui. Je la connaissais bien, elle voulait dire parle-moi. Et c'était un ordre. Cet enfoiré se permettait tout quand on fumait tous les deux. Il détruisait complètement la barrière hiérarchique entre nous.

Quand il n'y avait pas la présence d'Asia pour nous rappeler qui était arrivé là en premier, Salim agissait comme si je n'avais pas bâti une partie de notre empire au même titre que Ray avant d'embaucher Dax et les Valencia.

Et je ne savais jamais dire si ça m'irritait ou me soulageait d'un peu de pression.

Mes épaules étaient solides, mais je devais bien admettre que depuis que Salim traitait mon attention sur lui comme une sucrerie, il parvenait à délester quelques poids sur moi dû au travail, mais aussi aux choses lourdes qu'Asia et moi portions, et dont il n'avait pas connaissance.

Le meilleur dans sa présence, c'était qu'il se savait ignorant sur certains sujets nous concernant, mais qu'il faisait toujours attention à notre état sans demander un pourquoi.

𝐀𝐁𝐘𝐒𝐒𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant