L'âge n'est q'un chiffre

39

Cela fait deux semaines que les cours ont repris, mais j'évite mes amis. Je ne dors même pas dans ma chambre, je squatte celle de Seulgi. Finalement, elle m'a foutu dehors, excédée par ma présence continue.

À la cafétéria, je vois de loin ma bande d'amis. Tae lève la tête et m'aperçoit. Je souffle un coup, me préparant à affronter leurs regards accusateurs, puis viens à leur niveau. Les regards s'intensifient sur ma personne, surtout celui de Hae, chargé de mépris.

— Vas-t'en ! s'écrie-t-il, les yeux flamboyant de colère.

 — (Soupire) Je ne suis pas venu pour me battre, mais pour présenter mes excuses.

Ma voix tremble légèrement, mais je tente de garder mon calme.

— Je ne veux rien entendre. Ce que tu as fait est dégoûtant, crache-t-il, le visage rouge de rage.

Je crispe la mâchoire puis ferme les yeux un instant pour me calmer. Je sens une main ferme mais bienveillante sur mon épaule. C'est Jin.

— Pourquoi tu as fait ça, Kook ? C'était encore pour te prouver quelque chose... ? commence-t-il.

— Non ! m'écriai-je, la voix plus forte que je ne le voulais.

Les gens autour se tournent pour nous observer, attirés par ma réaction. Je me racle la gorge, gêné, puis me reprends.

— Je sais que vous pensez tous que c'était un jeu pour moi. Je ne vais pas mentir, au début on jouait, mais par la suite, je suis vraiment tombé amoureux de lui. Je... je ne sais pas comment, mais c'est arrivé, dis-je, la voix brisée par l'émotion.

— C'était pour lui que tu t'absentais tout ce temps ? me demande Namjoon, l'air perplexe.

Je baisse la tête en murmurant un "oui", sentant la honte m'envahir.

— Wow, c'est dingue, mais moi je ne t'en veux pas, me dit Hoseok, sincère. Enfin, t'as pas contrôlé tout ça.

Haemin le regarde, éberlué et incrédule.

— Je te jure, Hae, si je savais comment ça allait se terminer, je n'aurais jamais commencé ce jeu, dis-je, désespéré.

— Mais tu l'as fait, t'as couché avec lui..., réplique Hae, la voix tremblante de douleur.

— Je suis désolé, pardon, pardon. Je te promets que je ne m'approcherai plus de lui. Je t'en prie, pardonne-moi, dis-je en laissant rouler une larme sur ma joue.

Je vois Tae et Hoseok s'approcher et me prendre dans leurs bras. J'écarquille les yeux, submergé par l'émotion. Hae nous regarde avec haine puis s'en va, la rage dans les yeux.

— (Pleure) Je suis désolé, continuai-je à chuchoter inlassablement, le cœur lourd.

Namjoon soupire bruyamment puis me prend à son tour dans ses bras, suivi de Jin. J'avais cru qu'ils allaient me repousser, mais je me suis trompé sur mes amis.

— Kook, tu sais, on t'en veut pas. On t'a vu ces derniers mois, comment tu as changé, tu as pris tellement en maturité. Et perso, je remercie celui que tu es devenu. C'est juste que ça fait un choc d'apprendre que c'est le père de notre ami. T'en fais pas, Hae a juste besoin de temps, dit Namjoon, essayant de me rassurer.

J'hoche la tête, sentant un poids se lever légèrement de mes épaules. Namjoon m'incite à m'asseoir pendant que Jin part voir Haemin.

Après les cours

Tae m'accompagne jusqu'à ma chambre. Je le remercie avant de rentrer, mais il me stoppe, son regard empli de compassion.

— Hé, je suis vraiment désolé que les choses se soient terminées ainsi, dit-il doucement.

— Ce n'est pas ta faute, de toute façon ça allait finir par se savoir, répondis-je avec un sourire triste.

— Je suis persuadé que tôt ou tard, vous finirez par vous retrouver et serez à nouveau ensemble, dit-il, essayant de me remonter le moral.

Je ris pour masquer ma gêne.

— Depuis quand es-tu un romantique, toi ?

— Depuis toujours. Comment penses-tu que j'ai eu le cœur de Hoseok ? répond-il avec un clin d'œil.

— Ouais, c'est ça. On se voit après, dis-je en lui faisant une accolade chaleureuse.

C'est le cœur battant que je pénètre dans ma chambre. La pièce est plongée dans le noir total. Je tâtonne le mur puis allume l'interrupteur. Hae est assis dans le salon, presque à moitié n seulement vêtu d'une chemise blanche, l'air égaré.

— Dégage, dit-il, sa voix basse et menaçante.

Je stoppe mes pas. Il vient vers moi lentement, titubant légèrement, une odeur d'alcool flottant autour de lui. Il me pousse du bout des doigts. Je ne réagis pas.

— Je t'ai dit de dégager...

— Je n'ai nulle part où dormir. Je sais que tu es fâché, mais tu ne peux pas me chasser, c'est notre chambre, répondis-je doucement.

— Il était quoi ? Un fantasme pour toi ? demande-t-il, son regard perçant le mien.

Je le regarde, déconcerté par son changement soudain de conversation. Je soupire, puis continue ma route, mais il me tire à lui brusquement.

— Pourquoi lui ? Je ne suis pas assez bon, c'est ça ? s'écrie-t-il en larmes, la voix brisée par la douleur.

— Calme-toi, Hae, dis-je en tentant de garder mon calme.

Il se prend la tête entre les mains et hurle, un cri de désespoir et de frustration. J'écarquille les yeux, complètement perdu.

— Ne me dis pas de me calmer ! Lorsque je me suis offert à toi plusieurs fois, tu as refusé, mais tu as préféré coucher avec mon père. Je t'aime, Jungkook, crie-t-il, les larmes roulant sur ses joues.

— Attends, tu as fait tout ce cinéma par jalousie ? m'écriai-je, réalisant soudainement l'ampleur de sa souffrance.

— Pourquoi tu ne m'aimes pas, Jungkook ? dit-il en sanglotant, son regard suppliant.

Je le regarde, hébété, la seule chose que je peux faire c'est de m'enfuir dans ma chambre et m'enfermer. Mais j'entends les supplications de Hae derrière la porte. Je ferme les yeux, complètement épuisé émotionnellement, le cœur lourd de regrets et de douleur......