Sacrifice - Dark romance dystopique -

Chapitre 3 - Kewik

Je le savais, je l'ai senti depuis des mois. Mon cœur pulse dans ma poitrine parce que je sais que ce que je vais entreprendre est dangereux, mais c'est mon dernier recours.

Je vérifie que je suis seule, puis je quitte les appartements du roi pour me rendre jusqu'à l'alcôve du harem. Pas de garde comme d'habitude, les Égides ne s'évadent pas... Ils ne me connaissent pas.

Je me suis bien entendu changée, hors de question de sortir en jupe. J'ai revêtu un pantalon, un t-shirt et un pull. Puisque je suis la reine consort pour cette nuit, plusieurs de mes vêtements ont été installés dans les quartiers royaux.

Mes consœurs me regardent avec pitié, cependant cela n'a aucun effet sur moi. Je suis autorisée à me balader dans tout l'édifice jusqu'à ma mort, mais ils n'ont jamais prévu que j'étais plus maline que j'en avais l'air.

J'ai réussi par le biais de petits subterfuges de planquer de quoi me faire la malle et je compte bien mener cette évasion à son terme. Je sors le sac que j'ai caché avec de quoi m'habiller, mais aussi quelques biens précieux, un couteau et une corde. Je regarde par-dessus mon épaule et par chance les autres ne m'approcheront pas. En temps normal, je ne suis pas de bonne compagnie, mais là, c'est encore pire.

Quand ils sont venus me chercher, je ne me suis même pas débattue, j'ai juste fulminé. Mon esprit doit rester clair et non aveuglé par la colère. Je me déplace jusqu'au balcon le plus bas, puis je noue la corde autour de la pierre afin de me permettre de descendre.

— Vraiment Kewik ? grogne une voix.

Je me fige parce que je ne l'ai pas entendu arriver. Mon corps se statufie, je sais que si je me laisse attraper, je vais passer les quarante-huit heures les plus horribles de mon existence. Mes doigts serrent la corde, puis je me redresse en la maintenant dans mon dos ainsi que mon couteau. Lorsque je me relève, je me retrouve en face de Show et du roi Ran.

Show, des iris bleus électriques, des cheveux courts et noirs, une musculature imposante, mais logique, c'est un loup. Il me fusille du regard.

— Ne fais pas comme si tu le découvrais, annoncé-je d'un ton enjôleur.

J'ai déjà rencontré Show à plusieurs reprises lors de mes entraînements. Il m'a parfaitement cerné et il me l'a clairement annoncé.

Pour ce qui est du roi, il y a des portraits de lui un peu partout. Grand, fort, les yeux verts avec des iris de chats, des cheveux longs et noirs. Le type qui fait sûrement craquer les nanas par excellence, mais il n'a aucun effet sur moi.

— Je te pensais plus intelligente, Kewik, soupire Show.

— Oh voyons, louveteau.

Il voit rouge à mon appellation. Je profite de ce moment pour serrer la corde et le couteau parce que le choix est désormais arrivé. Enfin si je peux appeler ça un choix.

Le roi retient Show par le bras et je m'élance vers l'arrière à leur grande surprise. Sauf que Ran est plus rapide que moi et sa main se referme sur mon haut.

— Alors c'est cette voie que tu choisis, chuchote-t-il.

— Le viol et la mort ne sont pas ce que j'envisage. Je préfère mourir maintenant.

Mon couteau se pose sur le tissu qu'il maintient, si je le tranche je tombe de près de sept mètres. Les yeux perçants du roi m'observent avec attention, il essaie visiblement l'une de ses capacités sur moi et je souris.

— Sa majesté ne devrait pas tenter de me manipuler je ne suis pas comme les autres.

Mon sourire s'élargit.

— Votre pouvoir n'a aucun effet et je préfère la mort.

Show vient se poster à ses côtés, il ne bouge pas et me fixe.

Maintenant ! entends-je dans mon esprit.

Mes yeux se ferment et je tranche le tissu. Je ne songe qu'à l'amour des deux personnes que j'imaginais il y a encore quelques heures. Je me remémore le bonheur d'une famille accueillant un nouvel enfant, j'imprime dans mon esprit la joie que j'ai pu créer. C'est pour ce moment que j'ai créé toutes mes images mentales. Je me laisse tomber en arrière en souriant, il me semble même percevoir des rires et des cris de surprise, mais tout s'arrête brutalement. Je suis retenue par le roi, par mon pantalon. Ses iris verts sont lumineux, il est plus animal qu'humain. En même temps, c'est un sang mêlé.

— Je ne me laisserai pas dompter, grondé-je.

Il ne prononce pas un mot, quant à moi j'essaie de me libérer de sa prise. Il me soulève comme si je ne représentais rien, puis il me repose sur le sol. Je sais que je suis fichue, je n'ai qu'une autre possibilité : l'obliger à me tuer.

— N'y songe même pas, grogne Show en s'emparant de mon bras.

Nous commençons à nous battre. Certes, il a la force changelin dans son camp, mais je me défends aussi bien. Sa majesté nous observe et il ne dit toujours rien. Nous échangeons des coups, il me colle contre un mur et je le frappe. Du sang s'écoule de sa bouche.

— Alors le chien chien à son maître, croassé-je, qu'est-ce que ça fait d'être un toutou ?

Il est sur le point de me répondre, lorsque le roi décide de s'interposer pour la seconde fois.

— Relâche-la, ordonne-t-il d'une voix douce.

Mais je ne me laisse pas duper, c'est une colère froide à laquelle j'ai à faire. Mon cœur cogne dans ma poitrine, la peur devrait se répandre, mais c'est l'adrénaline qui m'habite. Je remets mes affaires en place lorsque le loup retire ses mains toujours sur moi.

Ce qui m'inquiète c'est la façon dont le sang mêlé me scrute, je suis mal à l'aise et cela m'énerve encore plus.

Il se rapproche, me surplombant de toute sa hauteur. Je n'ai pas peur, au contraire j'ai hâte de me mesurer à lui. J'ai hâte que tout soit fini.

— Je n'ai jamais violenté personne, déclare-t-il, elles se sont toutes données à moi de leur plein gré.

— Foutaise ! craché-je.

Je m'attends à me prendre un coup, mais rien ne vient. Le roi ne perd même pas son sang froid pourtant je suis certaine qu'il est en colère.

— Je ne mens jamais !

Le sourire qui se dessine sur ses lèvres ne m'annonce rien qui vaille...